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"Dévastateur", "très inquiet", "sécurité", "rester à l'écart des ennuis": voilà le vocabulaire anxiogène utilisé mardi par les joueurs de l'Angleterre, qui redoutent une disqualification en cas de mauvaise conduite de leurs fans dans les stades de l'Euro-2016.
Les stars de l'équipe aux Trois Lions doivent cependant éviter de gamberger là-dessus, car ils ont aussi un "derby" crucial à négocier contre le pays de Galles jeudi dans l'optique de la qualification. Le "petit" cousin gallois, qui occupe la tête du groupe B, sera motivé comme jamais.
Mais la perspective de jouer à Lens, dans le plus modeste stade de l'Euro, au lendemain du match des Russes à Lille, est dans toutes les têtes. "Espérons que la sécurité sera au rendez-vous, a souhaité mardi l'ailier Adam Lallana. On fait confiance à chacun pour faire son boulot. Des amis, de la famille viennent. Je sais qu'ils resteront en sécurité et raisonnables. Je ne suis pas inquiet pour eux".
Embarrassés par la menace d'une suspension par l'UEFA -- moins tangible que celle qui frappe la Russie, inscrite dans une sanction disciplinaire -- les Trois Lions ont semblé d'abord dépassés avant de reprendre la main, à coups de communiqués divers de la fédération.
Unis, le sélectionneur Roy Hodgson et le capitaine Wayne Rooney ont également fait front lundi dans une vidéo, lançant un appel au calme et à la responsabilité de chacun.
- Protection des familles -
"On soutient complètement ce message et j'espère que les supporteurs seront raisonnables, a déclaré le latéral Ryan Bertrand. On n'a pas vu des choses très agréables (lors des violences à Marseille). L'équipe fait confiance au personnel chargé de la sécurité pour contrôler la situation et sécuriser les familles".
La FA, par la voix de son directeur de la communication, a quand même annoncé avoir pris des mesures spéciales à l'attention des familles des joueurs, un domaine habituellement pas de son ressort.
Le contact a donc été renforcé et un site confidentiel ouvert pour donner des informations en temps réel. Du personnel de sécurité a également été mis à leur service.
Même si Lens a pris des dispositions contre la consommation excessive d'alcool, même si finalement 40 à 50.000 britanniques pourraient se rendre en ville contre près de 70.000 attendus il y a quelques jours, la rencontre explosive, de l'autre côté du "channel", reste bien l'un des cinq matches à risque du premier tour recensés par l'UEFA.
Les joueurs gallois, qui avaient 24.000 supporteurs contre la Slovaquie (2-1) et auraient -- selon la presse - célébré l'égalisation russe à distance, n'ont pas hésité à faire monter la température. Pourtant biberonné à la Premier League, Bale a assuré avoir "plus de passion et de fierté" que ces Anglais "qui se croient arrivés avant d'avoir fait quoi que ce soit".
- "Manque de respect" -
Des propos qui traduisent "un manque de respect", a répondu Hodgson.
"On sait qu'ils ne nous aiment pas. Nous? Pas vraiment", a rebondi Jack Wilshere.
Des propos, surtout, qui traduisent bien la rivalité historique entre les deux nations et font apparaître le pays de Galles comme soucieux de s'offrir l'ex-puissance coloniale.
"Une grande partie de l'identité nationale repose sur la volonté de ne pas être anglais, de se différencier", estime ainsi Huw Richards, journaliste et universitaire.
Fort de sa suprématie depuis 1879 et seulement 14 défaites en 101 matches, l'Angleterre regarde elle habituellement son voisin avec condescendance.
"Partout dans le monde les adversaires veulent s'offrir le scalp de l'Angleterre", a encore rappelé Bertrand.
Jamais vraiment rivaux sportifs, les deux pays n'ont donc pas une culture de violence entre supporteurs, même si Cardiff a un groupe de hooligans, la tension s'arrêtant souvent au niveau de la pelouse.
Les deux clans avaient même prévu sur les forums de boire ensemble. "Il y a une rivalité évidente, mais aussi de l'amitié. Les joueurs se respectent beaucoup maintenant. C'est bon à voir", est convaincu Lallana surtout désireux "que son équipe se remette à gagner".