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La Russie est dans le collimateur: l'UEFA l'exclura de l'Euro en cas de nouvel incident dans un stade et la justice française a placé 43 de ses encombrants supporters en garde à vue mardi, à la veille d'un nouveau match à risques, à Lille.
Trois jours après les graves violences en marge d'Angleterre - Russie, samedi à Marseille, les autorités redoutent une réédition de ce scénario noir mercredi à l'autre bout de la France, à Lille, où la Russie affrontera la Slovaquie à 15h00.
Des supporters anglais se trouveront eux aussi dans la grande ville du Nord: leur équipe rencontre le pays de Galles le lendemain à Lens, à 35 km de là.
De premiers heurts, qui n'ont pas fait de blessés, ont d'ailleurs éclaté mardi en fin d'après-midi: quelques dizaines de supporters, alcoolisés, se sont opposés sur la terrasse d'un bar. Certains ont lancé des bouteilles en verre, des chaises et des tables.
Des supporters russes étaient masqués et cagoulés. L'un d'entre eux portait un T-shirt des Orel Butchers, groupe de hooligans affilié au club du Lokomotiv Moscou, avec l'inscription "Tour de France - Fuck Euro-2016".
Quelques minutes avant d'aller chercher la confrontation avec les Anglais, il a déclaré à l'AFP: "On va se battre. Si les Anglais ont le courage de venir, on les écrasera: les Anglais, on les hait."
L'incident, bref, a cessé avec l'arrivée de la police et de plusieurs cars de CRS qui stationnaient tout près. Deux Russes impliqués dans la rixe ont été placés en garde à vue, ainsi qu'un couple d'Ukrainiens pour port d'arme prohibée.
La préfecture a dit vouloir "saturer l'espace urbain de présence policière". Des restrictions sur la vente d'alcool ont également été décidées, comme dans d'autres villes hôtes de l'Euro, dont Paris.
- Salut nazi -
Les hooligans russes, "extrêmement entraînés" selon les autorités, étaient en première ligne lors des rixes dans les rues de Marseille samedi, mais aucun n'avait été arrêté, ce qui a valu des critiques aux forces de l'ordre.
Trois jours après, 43 supporters russes ont été placés en garde à vue mardi après un contrôle à Mandelieu-la-Napoule (Alpes-Maritimes). Ils y résidaient après avoir assisté à Angleterre-Russie samedi et s'apprêtaient à partir pour Lille.
Tous doivent être entendus à Marseille par la police. Ils pourront être soit relâchés à l'issue de leur garde à vue, soit expulsés dans le cadre d'une procédure administrative, soit faire éventuellement l'objet de poursuites judiciaires.
"Nous avons des indices suffisamment précis sur la participation d'au moins un certain nombre d'entre eux aux violences inacceptables" de Marseille, a indiqué le préfet des Alpes-Maritimes Adolphe Colrat.
Alexandre Chpryguine, président de l'Association des supporters russes et collaborateur d'un député ultranationaliste, affirme être parmi les personnes contrôlées et a enchaîné les tweets rageurs toute la journée. Sa présence parmi les Russes contrôlés n'a jamais été confirmée par les autorités françaises.
Chpryguine, qui a déjà été vu en compagnie du président russe Vladimir Poutine, a été photographié par le passé en train de faire un salut nazi en compagnie d'un rocker russe d'extrême droite. Il réfute être un sympathisant nazi et se qualifie de "patriote".
- Pression -
Au-delà de ces cas individuels, la Russie, pays hôte du Mondial-2018, est sous pression.
L'UEFA, instance suprême du foot européen, a voulu frapper un grand coup après les violences de Marseille, qui ont largement écorné l'image du troisième événement sportif mondial.
La Russie a écopé d'une suspension avec sursis de l'Euro à cause des violences de ses fans au stade Vélodrome, samedi au coup de sifflet final du match contre l'Angleterre.
Concrètement, elle est considérée comme suspendue mais, en raison du sursis, peut continuer à jouer. Elle sera en revanche disqualifiée au moindre nouvel incident dans un stade impliquant ses supporters.
© AFP/LEON NEAL
Échauffourées en marge du match Angleterre-Russie à Marseille, le 10 juin 2016
Cette menace concerne uniquement les éventuelles violences à l'intérieur d'une enceinte sportive: l'UEFA ne gère que les débordements dans les stades, ce qui se passe en dehors relève des autorités.
Une menace d'exclusion théorique en cas de récidive visait déjà l'Angleterre et la Russie, mais l'UEFA est allée encore plus loin en la formalisant disciplinairement pour cette dernière.
Peu avant que cette sanction tombe, le Kremlin a condamné les violences "absolument inadmissibles" de Marseille. "Nous ne pouvons qu'appeler nos supporteurs à ne pas réagir aux provocations", a déclaré le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.
Si le hooliganisme a concentré les attentions ces derniers jours, l'ombre de la menace terroriste a ressurgi mardi, via un message glaçant.
"L'Euro sera un cimetière": Larossi Abballa, abattu après avoir tué un policier et sa compagne lundi en région parisienne, avait appelé à mener de nouvelles attaques, selon une vidéo diffusée mardi par l'agence Amaq liée au groupe jihadiste Etat islamique (EI).