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© AFP/LEON NEAL
Échauffourées en marge du match Angleterre-Russie à Marseille, le 10 juin 2016
La Russie est dans le collimateur: l'UEFA l'exclura de l'Euro en cas de nouvel incident dans un stade et la justice française a placé 43 de ses encombrants supporters en garde à vue mardi après les violences de ce week-end à Marseille.
Aucun des hooligans russes en première ligne lors de rixes sur le Vieux-Port n'avait été arrêté samedi. Mais, trois jours après, 43 supporters russes ont été placés en garde à vue mardi après un contrôle dans la matinée à Mandelieu-la-Napoule (Alpes-Maritimes). Ils y résidaient après avoir assisté à Angleterre-Russie samedi à Marseille, en marge duquel ont eu lieu les affrontements.
Tous seront entendus à Marseille et pourront être soit relâchés à l'issue de leur garde à vue, soit expulsés dans le cadre d'une procédure administrative, soit faire éventuellement l'objet de poursuites judiciaires, a exposé le préfet des Alpes-Maritimes Adolphe Colrat.
Interrogé lors de la séance de question au gouvernement à l'Assemblée nationale, le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve a évoqué la nécessité d'"empêcher ces hooligans de nuire".
"Nous avons des indices suffisamment précis sur la participation d'au moins un certain nombre d'entre eux aux aux violences inacceptables" survenues à Marseille, a indiqué M. Colrat.
Le contrôle, effectué par la gendarmerie en coordination avec la Division nationale de lutte contre le hooliganisme (DNLH), n'a pas été sans encombre: une trentaine de supporters avait dans un premier temps refusé de se soumettre aux contrôles et de descendre de leur car, garé dans la cour de la caserne de gendarmerie de Mandelieu-la-Napoule, avant d'obtempérer.
Alexandre Chpryguine, président de l'Association des supporters russes et collaborateur d'un député ultranationaliste, affirme être parmi les personnes contrôlées. "Je suis dans un bureau de la gendarmerie", a-t-il tweeté en début d'après-midi. Sa présence parmi les Russes contrôlés n'a jamais été confirmée par les autorités françaises.
Chpryguine, qui a déjà été vu en compagnie du président russe Vladimir Poutine, a été photographié par le passé en train de faire un salut nazi en compagnie d'un musicien d'un groupe de rock d'extrême droite russe. Il réfute être un sympathisant nazi et se qualifie de "patriote".
- Pression -
Au-delà de ces cas individuels, la Russie, pays hôte du Mondial-2018, se trouve sous pression à la veille de son prochain match, mercredi à Lille. L'UEFA, instance suprême du foot européen, a voulu frapper un grand coup après les violences de samedi à Marseille, qui ont largement écorné l'image de l'Euro, troisième événement sportif mondial.
La Russie a écopé d'une suspension avec sursis de l'Euro à cause des violences de ses fans au stade Vélodrome, samedi au coup de sifflet final du match contre l'Angleterre.
Concrètement, elle est considérée comme suspendue de la compétition mais, en raison du sursis, peut continuer à jouer. Elle sera en revanche disqualifiée au moindre nouvel incident dans un stade impliquant ses supporters.
Cette menace concerne uniquement les éventuelles violences à l'intérieur d'une enceinte sportive: l'UEFA ne gère que les débordements dans les stades, ce qui se passe en dehors relève des autorités du pays hôte.
La Russie "respectera" les sanctions de l'UEFA, a réagi le ministre des Sports, Vitali Moutko, également président de la Fédération de football.
Quelques heures après les violences entre supporters dans les rues de Marseille samedi, la fin d'Angleterre-Russie avait été suivie par une charge des spectateurs russes vers les tribunes anglaises du Vélodrome.
Une menace d'exclusion théorique en cas de récidive visait déjà l'Angleterre et la Russie, mais l'UEFA est allée encore plus loin en la formalisant disciplinairement pour la Russie mardi.
Peu avant que cette sanction tombe, le Kremlin a condamné les violences "absolument inadmissibles" de Marseille.
- Journée risquée à Lille et Lens -
"Nous ne pouvons qu'appeler nos supporteurs à ne pas réagir aux provocations", a déclaré le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, alors que, selon les autorités françaises, un groupe de 150 hooligans russes "extrêmement entraînés" était en première ligne des affrontements sur le Vieux Port, impliquant également des supporters anglais et des Français.
Les journées de mercredi et jeudi s'annoncent maintenant à hauts risques dans le nord de la France.
Les Russes jouent mercredi à Lille contre la Slovaquie et les Anglais le lendemain, à une trentaine de kilomètres de là, à Lens contre le pays de Galles. Et les supporteurs anglais sans billet pour le match de leur équipe doivent se rassembler dès mercredi à Lille.
"Entre 40.000 et 50.000 supporters (anglais et gallois) sont attendus" à Lens, a déclaré la préfète du Pas-de-Calais Fabienne Buccio.
En tout, 2.400 personnes seront mobilisées pour la sécurité à Lens, dont 1.200 policiers et gendarmes. Et à Lille, la préfecture dit vouloir "saturer l'espace urbain de présence policière".
Des restrictions sur la vente d'alcool ont également été décidées et la fermeture des bars de Lille a été avancée à minuit mercredi et jeudi.
Si le hooliganisme a concentré les attentions ces derniers jours, l'ombre de la menace terroriste a ressurgi mardi, via un message glaçant.
"L'Euro sera un cimetière": Larossi Abballa, abattu après avoir tué un policier et sa compagne lundi en région parisienne, avait appelé à mener de nouvelles attaques, selon une vidéo diffusée mardi par l'agence Amaq liée au groupe jihadiste Etat islamique (EI).