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"Mettre le bleu de chauffe" et "ne pas faire sa star": en vieux sage de l'équipe de France, Patrice Evra est venu jeudi prêcher la bonne parole, tout en charmant l'assistance comme il sait si bien le faire, à trois jours du quart de finale de l'Euro-2016 contre l'Islande.
Il fut un temps où les passages devant les médias du vétéran bleu (35 ans, 77 sélections) étaient en soi des événements tant il se faisait rare, encore marqué au fer rouge par le fiasco du Mondial-2010 et la fameuse grève de l'entraînement. Cette époque est bel et bien révolue.
Depuis le début de la préparation pour le Championnat d'Europe, celui que ses coéquipiers ont affectueusement surnommé "Tonton Pat" distille régulièrement ses commentaires, toujours avec cette spontanéité qui lui a parfois joué des tours.
Juste avant le duel contre les Islandais, bourreaux de l'Angleterre en 8e de finale (2-1), le nouvel épisode du show Evra a encore tenu ses promesses jeudi dans le QG de l'équipe de France à Clairefontaine.
Le futur adversaire des Bleus? "Beaucoup de gens sous-estiment les nations dites inférieures, mais ce tournoi est difficile".
- "Ne pas stagner" -
"Ce qui m'énerve, c'est que les gens accablent les Anglais, disent qu'ils ont manqué de respect aux Islandais, poursuit-il. C'est enlever du crédit à l'Islande. Cela fait 4-5 ans qu'ils jouent ensemble, ils savent jouer au ballon".
Une fois la pommade passée sur l'Islande, le discours ambitieux reprend le dessus: "C'est un quart de finale, une chance inouïe et je suis concentré sur le fait de passer un palier".
"Lors de la dernière compétition (Mondial-2014, NDLR), on s'est arrêté en quart et je ne veux pas m'arrêter en quart, on est chez nous, insiste-t-il. Si on ne passe pas ce tour, j'aurai l'impression de stagner et je ne veux pas stagner. J'espère qu'on ne va pas réagir, mais agir d'entrée."
Les entames de match médiocres des Bleus, voilà un sujet qui a le don d'énerver Evra: "Un jour, ça ne passera pas. On n'a pas assez peur et c'est ça le problème".
"Après les matches, on se dit qu'on est vraiment des malades, qu'on est fou. Ce n'est pas pour vendre du rêve, on peut faire quelque chose de grand. Mais il faut mettre le bleu de chauffe et il ne faut pas faire sa star", tonne-t-il.
- Photomontage sur Instagram -
En parlant de star, Evra est le mieux placé pour donner des nouvelles de Paul Pogba, son coéquipier en club à la Juventus Turin, qui déçoit dans cet Euro.
Ses deux faits marquants dans le tournoi ont été jusqu'ici un geste polémique assimilé à un bras d'honneur à la fin de France-Albanie (2-0) et un penalty concédé en 8e de finale face à l'Eire (2-1).
La question fait d'abord sourire Evra. "Je vais finir par croire que je suis le papa de Paul", lâche-t-il avant de retrouver son sérieux: "Il faut le laisser tranquille. Il veut tout bien faire et tout réussir mais dans le foot, tu ne peux pas tout réussir. Mais il est très bien et il assumera quand on aura vraiment besoin de lui".
Lui-même connaît en revanche la plénitude en sélection après avoir vu son image souillée par la grève du bus de Knysna. A 35 ans, il est même le nouveau chouchou des fans après avoir été le vilain petit canard.
Un cliché pris par un photographe de l'AFP durant le match contre l'Eire et le montrant dans une posture étrange a été détourné des dizaines de fois sur Twitter.
Lui-même a relayé plusieurs de ces montages parodiques sur son compte Instagram: "A mon âge, j'ai découvert +Insta+. J'avais dit que jamais je n'ouvrirai de compte et c'est marrant, t'échanges avec les supporters. Il y a une photo qui tourne en ce moment et le gars qui a fait ça, il est fort, ça me fait grave rigoler!"