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Deux nations soeurs, deux stars, Ronaldo et Griezmann, mais une seule place au sommet... L'Euro va s'achever dimanche sur la finale Portugal - France et le pays-hôte espère qu'une victoire lui offrira une bouffée d'oxygène dans une période de crises et de peurs.
Une victoire des Bleus aurait une "bonne incidence" sur le moral des Français, a estimé le président de la République François Hollande depuis le sommet de l'Otan à Varsovie.
Un titre, "c'est toujours pour un peuple le sentiment qu'il peut réussir, dans le domaine sportif mais aussi dans le domaine économique, dans le domaine culturel, dans le domaine international, politique, diplomatique", a-t-il ajouté en conférence de presse.
Crise économique, craintes d'attentats terroristes après les drames qui ont endeuillé l'année 2015, défiance envers les politiques, climat social dégradé... Le contexte est lourd en France ces derniers mois.
"Les Français ont besoin de s'évader à travers cette compétition, le sport a cette force de rassembler et d'unir", a souligné le gardien et capitaine des Bleus, Hugo Lloris, interrogé sur les attentats du 13 novembre 2015.
Le Stade de France, où se jouera la finale dimanche à 21h00, est intimement lié à cette soirée tragique. Alors que l'équipe de France y affrontait l'Allemagne en match amical, des attentats terroristes ont eu lieu près de l'enceinte, à Saint-Denis, ainsi qu'à Paris, et ont fait 130 morts.
Le premier d'entre eux était Manuel Dias, un chauffeur franco-portugais de 63 ans. Tué dans l'attentat suicide commis par un jihadiste devant la porte D du stade, il venait de déposer un petit groupe de spectateurs arrivés de Reims, où il vivait, et était allé boire un café en attendant la fin du match.
"C'est très émouvant, cette finale. On pense forcément à lui, d'origine portugaise mais Français dans l'âme, qui adorait le foot", a déclaré à l'AFP sa fille, Sophie Dias, qui aurait aimé qu'un hommage soit rendu à son père.
- Liens -
L'histoire de Manuel Dias illustre de façon tragique les liens très forts qui unissent les deux nations finalistes de l'Euro. Comme le champion du monde 98 et d'Europe 2000 Robert Pires avant lui, Antoine Griezmann a des origines portugaises, par sa mère.
En face, le Portugal compte trois joueurs binationaux, nés en France et qui auraient pu jouer sous le maillot bleu: le défenseur Raphaël Guerreiro, le gardien Anthony Lopes et le milieu Adrien Silva.
Avec plus de 600.000 ressortissants selon l'Insee (750.000 selon d'autres chiffres officiels), les Portugais sont la troisième communauté immigrée de France, juste derrière les Algériens et les Marocains. Le consulat du Portugal estime même la communauté à 1,2 million de personnes, en comptant les binationaux et les descendants d'immigrés.
Avant la finale, les drapeaux rouge et vert du Portugal et bleu-blanc-rouge de la France s'affichent donc aux fenêtres du pays-hôte, parfois au même balcon. Et l'ambiance s'annonce chaude, pas seulement parce que les températures vont s'élever jusqu'à 30 degrés dimanche.
L'équipe de France est portée par un énorme soutien populaire et renoue avec des images qu'elle n'avait plus vues depuis longtemps: fan zones bondées, concert de klaxons et drapeaux tricolores dans les rues après la victoire contre l'Allemagne en demi-finale jeudi.
- Revanche(s) -
Ce soutien, l'attaquant portugais Ricardo Quaresma le réclame également à son pays, où le foot est une passion nationale. Il veut que les fans inondent les réseaux sociaux de messages de soutien à la sélection: "Tous ensemble nous sommes plus qu'un pays (...), nous sommes un peuple. Nous sommes le Portugal!", a-t-il écrit sur son blog.
Portugal et France se sont croisés à de multiples reprises sur le terrain. Et la Selecçao en fait toujours des cauchemars.
Les Bleus ont éliminé les Portugais à l'Euro-84, à l'Euro-2000 et au Mondial-2006, à chaque fois en demi-finale.
Le Portugal espère donc bien vaincre la malédiction et sa bête noire. Comme la France l'a elle-même fait en demi-finale en battant l'Allemagne dans un grand tournoi pour la première fois depuis 1958.
Revanche, encore: la superstar portugaise Cristiano Ronaldo veut effacer l'immense déception de l'Euro-2004, où le Portugal avait été battu en finale à domicile par la Grèce (1-0). Ronaldo avait 19 ans et avait fondu en larmes. Aujourd'hui, il en a 31 et a prévenu: "Dimanche, j'espère à nouveau pleurer. Mais de joie".
Revanche, enfin: la dernière fois que Ronaldo et Griezmann se sont croisés, le 28 mai en finale de la Ligue des champions, le Portugais l'avait emporté avec le Real Madrid face à l'Atletico Madrid du Français.
Après la finale, 3.400 policiers et gendarmes seront présents sur les Champs-Elysées pour éviter les débordements. Et s'assurer que la soirée soit une fête, quel que soit le vainqueur.