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"On est fichus!" s'écrie une supportrice d'une trentaine d'années. Le désarroi et l'inquiétude ont gagné les dizaines de milliers de supporters portugais rassemblés à Lisbonne, après la sortie sur blessure de leur idole Cristiano Ronaldo, en finale de l'Euro-2016 contre la France.
"C'est un coup très dur pour notre sélection. Ronaldo ne méritait pas de finir comme ça en pleurs. C'est vraiment très triste. Maintenant les Français vont se sentir plus forts, car l'absence de Ronaldo fait toute la différence", réagit Gregorio Teixeira, 40 ans, après la sortie sur civière d'un Ronaldo en pleurs à la 25e minute.
Même si tous les supporters applaudissent sa sortie de terrain et l'arrivée de son remplaçant, Ricardo Quaresma, l'ambiance se tend sur la principale fan zone de Lisbonne place du Commerce, au bord de l'estuaire du Tage. L'enthousiasme de la foule, confiante avant le match, est refroidi.
"C'est difficile sans Ronaldo. Les Français avaient prévenu qu'ils neutraliseraient Ronaldo, eh bien c'est réussi", lâche Rafael Silva, 20 ans, les joues peintes en vert et rouge. "C'est le meilleur joueur du monde et le Portugal a besoin de lui".
- "Rien n'est perdu" -
"C'est une équipe. Ce n'est pas que Ronaldo, donc rien n'est perdu. On va encore gagner aux tirs au but", comme en quart de finale contre la Pologne,nuance Pauli Santarem, un photographe de 46 ans, alors que le Portugal et France sont à égalité 0 à 0 à la mi-temps.
Gonflés à bloc derrière l'équipe lusitanienne, les supporters avaient repris avant le match le désormais fameux "Hu" des Islandais, accompagné de claquements de mains au-dessus de la tête.
"Notre jeu n'est peut-être pas très beau, mais l'essentiel c'est de gagner. Ce serait triste que le Portugal rate une nouvelle fois cette occasion, comme en 2004 contre la Grèce", confiait Paulo Pinto, 43 ans, fan du Benfica.
Pour lui comme pour la plupart des supporters lusitaniens, il s'agit d'exorciser le traumatisme de la finale de l'Euro perdue à domicile en 2004 contre la Grèce (1-0), qui avait déjà fait fondre en larmes Cristiano Ronaldo, alors jeune prodige débutant.
Aux premiers rangs devant l'écran géant, Pedro Duarte, 43 ans, tient de ses deux mains une statuette de la Vierge de Fatima: "J'ai foi en une victoire du Portugal. La Vierge m'a porté chance jusqu'ici et je suis sûr que ce sera à nouveau le cas ce soir".
"Nous voulons des larmes de joie. Douze ans après +notre+ Euro, c'est au tour du Portugal d'être heureux", avait titré dans la matinée le journal sportif Record. "C'est le match de notre vie. On va gagner", pronostiquait, confiant, son concurrent A Bola.
- "La fête malgré tout" -
Toute une nation retient son souffle, y compris jusqu'aux plus hautes sphères de l'État.
Le Premier ministre Antonio Costa, présent au stade de France tout comme le président Marcelo Rebelo de Sousa, a appelé sur son compte Twitter à "crier plus fort encore +vive le Portugal!+" ce dimanche, tout en souhaitant, diplomatie oblige, "que le meilleur gagne".
"Ce sera la revanche pour 2004. Nous ne sommes pas favoris, et ainsi pour les Français, on sera leur Grèce à eux!" Alexandro Ferreira, 65 ans, avait assisté il y a douze ans à cette maudite finale au stade de la Luz à Lisbonne. "Mais même si l'on perd, on fera la fête", promet-il.
Si les touristes français présents Place du Commerce ne cachent pas leur préférence pour les Bleus, d'autres ont le coeur qui balance.
"Je serai gagnant dans les deux cas, que ce soit la France où le Portugal qui l'emporte", assure José Guerra, 52 ans, venu de Strasbourg dans l'est de la France, mais né au Portugal. Son écharpe est d'ailleurs brodée aux couleurs des deux nations, rouge et vert d'un côté, bleu de l'autre.