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Éliminés en demi-finale de l'Euro par la France (2-0) au terme d'un match qu'ils ont dominé, les champions du monde repartent frustrés. Et l'Allemagne doit maintenant faire son introspection, entre chantiers en souffrance et avenir en question pour Bastian Schweinsteiger voire Joachim Löw.
C'est sans doute la rançon du succès, mais quand on a atteint au moins les demi-finales de ses six dernières compétitions majeures et qu'on reste sur un titre de champion du monde au Brésil, une place dans le dernier carré devient presque banale.
Ce qui l'est moins pour la Mannschaft est de ne pas aller au-delà. L'Allemagne, portée par une soif de succès insatiable et une confiance quasi-religieuse en son sélectionneur Joachim Löw, en fait l'expérience au lendemain de sa défaite face à la France qualifiée pour la finale de "son" Euro.
L'amertume allemande est en partie compréhensible. Sans une main bien réelle mais accidentelle de Bastian Schweinsteiger en toute fin de première période, après une grosse domination dans le jeu, qui sait quel aurait été le scénario du match.
"Je crois qu'aujourd'hui, on a fait notre meilleur match de cet Euro. Aussi stupide que cela puisse paraître quand on a perdu 2-0", a commenté dégoûté Toni Kroos.
"En 2008, 2010 ou 2012, on a perdu contre des équipes plus fortes que nous mais là ce n'était pas le cas. La France a mérité sa qualification, c'est une très bonne équipe même si on a été meilleurs qu'elle", a également jugé Löw.
- Cherche tueur en attaque -
Mais l'Allemagne a bien moins souvent séduit cette année que les précédentes.
Hormis deux matchs face à des adversaires de faible niveau où l'on avait retrouvé son allant offensif, contre l'Irlande du Nord (1-0) en poule - et encore, avec quel gâchis devant le but! - et contre la Slovaquie en huitièmes (3-0), la Mannschaft a trop souvent semblé empruntée voire prévisible devant.
L'attaque semble d'ailleurs être un champ en friche depuis le départ à la retraite de Miroslav Klose en 2014, en raison d'un réservoir trop limité d'attaquants de niveau international.
Löw ne pourra pas rester indéfiniment à la merci des blessures, que ce soit de Marco Reus privé d'Euro ou de Mario Gomez, blessé en quart de finale et absent face à la France.
En cours de compétition, il avait déjà identifié l'une des carences à combler au plus vite: le manque de joueurs capables d'éliminer en duel.
"En Allemagne, en ce moment, dans la formation, je vois énormément de jeu de passe (mais) on a oublié d'encourager et d'inciter les joueurs à jouer des un contre un", avait-il expliqué récemment en conférence de presse.
- Löw dans le vague -
Mais l'Allemagne, empêtrée depuis deux ans dans un débat sur "vrai" et "faux" neuf, va aussi devoir rapidement ouvrir le dossier de ses avant-centres.
En Bundesliga, il n'y a que deux allemands dans les huit meilleurs buteurs, parmi lesquels Thomas Müller, désespérément muet à l'Euro.
"C'est important que nous formions à nouveau des buteurs en Allemagne", a enjoint l'ancien gardien de but Oliver Kahn.
"Ce qui nous a manqué c'est un joueur décisif, comme Griezmann, qui n'a besoin que d'une ou deux occasions pour marquer", a-t-il poursuivi.
A plus court terme se posera évidemment aussi la question de la poursuite ou non de l'aventure avec certains joueurs.
Si Lukas Podolski, par exemple, a sans doute connu sa dernière cape en compétition contre la Slovaquie, l'avenir de Bastian Schweinsteiger, à bientôt 32 ans, est aussi incertain, même s'il a tout donné jeudi.
"Je n'y ai pas encore pensé. Je dois d'abord prendre un peu de recul et y réfléchir", a simplement commenté "Schweini" au sujet de son avenir, après la défaite.
L'avenir de Löw n'est pas non plus limpide. "Ce soir je ne peux pas me projeter très loin, même jusqu'à demain matin", a-t-il commenté, dépité et malgré ses deux années de contrat restantes.