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Moribond en préparation, en progrès contre la Roumanie (2-1) en ouverture de l'Euro, le défenseur des Bleus Adil Rami a franchi un palier supplémentaire vers la confiance mercredi grâce à sa performance notable contre l'Albanie (2-0).
"Dans le foot tout va très vite." L'expression est tellement galvaudée qu'elle vire très souvent au poncif. Pourtant, elle illustre bien la trajectoire sinusoïdale express de Rami. Le défenseur de Séville est passé du feu des critiques à l'issue de son piètre match face au Cameroun - qui marquait son retour en Bleu après trois ans d'absence - au déluge de compliments pour sa performance solide et décisive face aux Albanais.
Solide, car défensivement il a montré plus d'assurance dans son placement et toujours autant de muscles dans ses interventions.
Décisive, car c'est de son pied droit, si fébrile par instants pour la moindre passe latérale de cinq mètres - en début de rencontre il a offert un contre aux Albanais -, qu'est venu ce centre enveloppé parfait repris victorieusement de la tête par Antoine Griezmann.
Un geste technique après 90 minutes dans les jambes qui en a surpris plus d'un, sauf lui, en toute logique. A un journaliste de beIN Sports qui lui demande s'il s'est fait chambrer sur sa passe, lui répond un brin vexé: "Chambré, non. Je suis quand même joueur professionnel, ça m'arrive de faire des choses comme ça".
- Métamorphose -
Rebelote en zone mixte, son centre va-t-il faire taire les critiques? "De toute façon, même si demain on venait à être parfait c'est votre +taf+ de nous critiquer, répond-il. Le plus important c'est de prendre zéro but. Et si je peux amener un bonus offensif, pourquoi pas."
L'élan positif tranche avec son apparition face à la presse du 30 mai à Nantes, où il ne s'était pas défilé au moment de commenter son retour en sélection raté face au Cameroun (3-2).
"Je dois réapprendre à jouer avec mes coéquipiers, à mieux les connaître. Je suis conscient du match que j'ai fait. Je sais que je suis en réconciliation avec l'équipe de France. J'ai certainement plus d'efforts à faire que les autres", s'épanchait-il, manifestement touché, avant de promettre: "Je peux mieux faire et je le ferai".
En quinze jours, la métamorphose semble donc bien avoir opéré chez le joueur de 30 ans. Et vu le contexte de son retour inespéré en sélection, décidé par Didier Deschamps après le forfait de Raphaël Varane (déchirure à une cuisse) et alors que Mamadou Sakho était alors suspendu pour infraction au code antidopage, ce n'était pas gagné.
- Come-back -
Combler trois ans d'absence et tout le manque de repères avec ses partenaires de la défense en si peu de temps relevait de la mission quasi impossible. Mais pour l'heure le rafistolage tient. Alors que l'attaque des Bleus, si épatante durant la préparation, pose question en mode compétition, son arrière-garde axiale rassure après avoir inquiété.
Tout le mérite en revient à Rami dont la volonté, la générosité dans l'effort comblent les maladresses ou hésitations. A Laurent Koscielny aussi, qui se mue en leader depuis le début de l'Euro et parfait un peu plus sa relation avec le Sévillan.
Après seulement deux matches disputés dans le tournoi et alors qu'il en reste potentiellement cinq, face à des adversaires qui seront au fur et à mesure autrement plus coriaces que la Roumanie et l'Albanie, le come-back de Rami est encore loin de s'écrire en lettres d'or. Mais c'est un sacré come-back.
Un retour qui démontre deux choses. La première est que le joueur du FC Séville a du caractère, la seconde est que Deschamps le savait mieux que quiconque. Et du caractère, la France en a besoin en attendant que son talent s'exprime pleinement.