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Cinq ans après une deuxième place à Paris, l'épéiste Gauthier Grumier s'est à nouveau paré d'argent mercredi à Moscou lors des Championnats du monde d'escrime, un métal au goût amer pour celui qui restera toujours deuxième dans "la course à la médaille d'or".
"C'est certainement mon dernier Championnat du monde, donc finir sur une médaille d'argent, c'est bien, mais je ne serai jamais champion du monde en individuel", a lâché le grand Nivernais, la gorge serrée par l'émotion après une finale perdue in-extremis.
Sur les pistes moscovites, la mission pour le titre que Grumier s'était fixée avait pourtant idéalement débuté, avec des tours remarquables de maîtrise, dont un quart de finale remporté à la mort subite contre le champion olympique en titre et vice-champion du monde 2013, le Vénézuélien Ruben Limardo Gascon.
Tout était parfait et en place pour un doublé Europe/Monde, jusqu'à cette maudite dernière marche, et cette maudite dernière touche concédée contre le Hongrois Geza Imre (15-14).
"C'est encore plus dur qu'en 2010", a-t-il pesté, en référence à sa première finale perdue à Paris contre l'Estonien Nikolaï Novosjolov 15-8.
"J'ai en tête la citation du président Kennedy qui lors de la présentation du programme lunaire disait +On ne choisit pas ses objectifs parce qu'ils sont faciles, mais parce qu'ils durs+. Celui-là est dur, je l'ai tutoyé deux fois", regrette-il, poussant la métaphore: "Je suis deuxième dans la course à la médaille d'or."
-Une reconstruction depuis 2013-
La déception d'une finale perdue d'une touche ne doit toutefois pas mettre de côté l'immense travail mis en place par Grumier pour revenir au premier plan.
Car l'épéiste est un escrimeur qui revient de loin, de très loin même. Arrivé à Londres en 2012 avec de raisonnables prétentions de médailles, il sort dès le 1er tour.
De cet été, il sort totalement déconfit, blessé et ne se sélectionne pas pour les Mondiaux-2013 de Budapest. Continuer ou pas, la question lui trotte dans la tête. "Depuis les Jeux en fait, et 2013 et les blessures, c'était très présent dans ma tête", a-t-il confié mercredi.
Début 2014, il songe toujours à mettre un terme à sa carrière, mais il définit alors avec les entraîneurs Hugues Obry et Stéphane Leroy le projet de se qualifier pour les Mondiaux-2014 et de finir à Rio aux Jeux.
Il prend l'été dernier le bronze mondial et termine la saison 2015 à la première place mondiale, grâce à des changements dans sa façon d'aborder la compétition.
"J'essaie de profiter de l'événement et pas que l'événement ne me tombe dessus. Je ne me pose pas de questions, alors qu'auparavant, j'avais besoin d'un certain cadre. J'ai évolué par rapport à ça", explique-t-il calmement, acceptant de "briser son cadre" et de forcer sa nature et son caractère réservé.
Ce passionné de mode devra donc encore attendre avant de pouvoir étrenner ses plus belles tenues avec une médaille d'or individuelle. Peut-être la plus belle de toutes, l'or olympique à Rio qui lui permettrait d'imiter sa référence de toujours, Eric Srecki, titré à Barcelone en 1992.
Sa médaille de mercredi vient gonfler la collection de l'équipe de France à Moscou après l'argent de Cécilia Berder au sabre, alors que les filles de l'épée n'ont pas passé le stade des 16es de finale d'une compétition remportée par l'Italienne Rossella Fiamingo.