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"Moi, j'ai commencé l'escrime en regardant Laura Flessel gagner les Jeux à Atlanta en 1996!". L'exclamation du fleurettiste Enzo Lefort, Guadeloupéen comme Flessel, résume à merveille un constat: depuis des décennies, les Antilles sont le vivier de l'escrime française.
Jeudi, pour les phases finales du fleuret, ils seront au minimum deux à porter les Antilles au bout de leur arme: Enzo Lefort, et Ysaora Thibus, avec tous deux de légitimes ambitions de podium. Une troisième pourrait venir s'ajouter à la liste, si Anita Blaze venait à passer le stade des qualifications.
Mercredi, ce sont deux Guadeloupéens, avec Coraline Vitalis, championne du monde junior et native du Gosier, et Daniel Jérent, de Pointe Noire, qui étaient engagés à l'épée.
C'est tout sauf un hasard si les Antilles sont si bien représentées en équipe de France: Les Abymes (Guadeloupe) accueille un centre de formation dédié au fleuret et à l'épée, initialement en pôle Espoir et depuis peu en pôle France.
Au point de départ de cette histoire d'amour entre l'escrime et les Antilles, un "entremetteur" d'origine hongroise: Robert Gara, ancien membre de l'équipe nationale magyare de fleuret et marié à une Guadeloupéenne, installé sur l'île à la fin des années 1960.
Il s'est associé avec le local René Gros-Dubois, alors président de la Ligue de Guadeloupe, et a tout fait pour attirer les jeunes vers ce sport. Au départ, les cours étaient gratuits, et "petit à petit, les gens sont venus vers nous", explique Gara à l'AFP.
Pratiquée dans les écoles des Antilles, l'escrime reste toutefois un sport cher, "entre 8.000 et 12.000 euros pour une saison sportive avec six à huit compétitions", calcule Patrice Carrière, entraîneur et coordinateur du pôle France aux Abymes.
- Des modèles comme Flessel -
Un coût qui oblige les escrimeurs à faire un choix très tôt de quitter la famille et l'île pour la métropole. "Je suis arrivé (dans l'hexagone) à 16 ans, mais c'est une force en plus, parce que l'on sait pourquoi on part. On se donne tous les moyens pour réussir", avance Lefort, N.10 mondial, pour expliquer une telle réussite.
L'attachement à l'île comme source de motivation? C'était le cas de Laura Flessel: "Durant toute ma carrière en équipe de France, j'ai dessiné mon île sur mon gant, avec le mot Gwada dessous. Ma force était déjà de savoir d'où je venais et je voulais que tout le monde le sache", confie-t-elle à l'AFP.
La qualité des maîtres d'armes présents sur place participe également à cette émulation. "Nos entraîneurs suivent les formations adéquates en métropole et reviennent au pays avec un vrai savoir-faire", note Laura "la Guêpe".
Et bien évidemment les succès de gloires passées comme Flessel, double championne olympique (individuelle et par équipes en 1996), ont apporté une dynamique supplémentaire, reconnaît sans souci Lefort. Lui même pourrait d'ailleurs être amené à jouer ce rôle de modèle dans l'avenir, pour attirer à l'escrime de nouveaux Antillais, comme Ysaora Thibus, elle aussi native des Abymes, ou Coraline Vitalis, qui, à 20 ans, a déjà montré des choses très prometteuses.
Les Jeux de Rio 2016, quasiment sur le même fuseau horaire que la Guadeloupe (une petite heure de décalage), offriront une exposition médiatique maximale, avec des finales programmées en début de soirée. Aux Antillais d'y participer!