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Après des mois de galère entre la Moselle et le Canada, pour finalement trouver ses marques à Narbonne aux côtés de Philippe Lucas, Aurélie Muller a décroché mardi l'or mondial à Kazan sur la course la plus dure de l'eau libre, le 10 km.
La nageuse de 25 ans, une "fille très forte" à en croire son nouvel entraîneur, a permis à la France d'entrer dans l'Histoire de l'eau libre mondiale, en lui offrant son premier titre, mais aussi sa toute première médaille sur la distance reine.
De quoi lui ouvrir l'appétit pour les Jeux de Rio l'été prochain, sur cette seule distance d'eau libre au programme olympique. Mardi, elle a brillamment décroché son ticket pour le Brésil, le précieux sésame étant promis aux dix premières.
Dans une eau à 22 degrés, qui convient bien à Muller, la Française a pris les devants à 7,5 km pour s'imposer en 1 h 58 min 03 sec 4/100, devant la tenante du titre européen, la Néerlandaise Sharon van Rouwendaal (1:58.06.7), avec qui elle s'entraîne au quotidien à Narbonne sous la direction de Lucas.
"C'était une course complètement folle!", a lancé la nageuse, qui a éclaté en sanglots après avoir parlé au téléphone à ses proches.
Une émotion forte pour Muller, qui a vécu l'année la plus difficile de sa carrière.
Élève d'Olivier Antoine pendant 10 ans à Sarreguemines (Moselle), Muller s'est séparée de son mentor il y a un an et demi et est partie en septembre au Canada, pour travailler avec un coach de renom, Ron Jack.
"Ron a été super avec moi, il m'a apporté beaucoup, mais en termes d'entraînements ça ne me convenait pas du tout", raconte-t-elle à l'AFP.
- 'J'en ai +chié+' -
En accord avec le directeur de l'équipe de France de l'eau libre, Stéphane Lecat, elle a pris alors ses quartiers en février avec Lucas.
"Je suis vraiment très contente d'être avec Philippe aujourd'hui. J'en ai vraiment +chié+, mais c'était dans +l'éclate+. Il m'a surtout rendue forte mentalement", souligne la jeune femme blonde.
"Il m'a fait confiance. J'ai vraiment travaillé comme une dingue. Il a cru en tout ce que je pouvais faire et aujourd'hui je suis championne du monde".
Muller avait déjà fait parler d'elle, lors des Mondiaux-2011 à Shanghai, où elle avait glané l'argent sur la distance inférieure (5 km). Mais il restait le cap mental à franchir pour gagner.
Cela fait huit ans que Muller évolue en eau libre. Elle a fait ses classes sur le plus grand des rendez-vous, les jeux Olympiques. C'était en 2008 à Pékin, pour l'entrée en programme de l'épreuve.
"C'était mes premiers Jeux, j'avais 18 ans. C'était super dur".
Après avoir été sévèrement malmenée par les adversaires, la Lorrain avait finalement terminé 21e, puis était tombée en dépression.
Mais la passion a repris le dessus, et Muller a poursuivi sa route.
Titulaire d'un diplôme universitaire en management sportif professionnel, elle sait que sa carrière dans l'eau ne va pas durer encore très longtemps.
La saison prochaine sera la plus importante avec certainement une médaille olympique à la clé.
"Je vais être la favorite, il va falloir travailler à fond pendant un an avec Philippe", prévient-elle.
Lucas lui a du pain sur la planche. Outre Muller, il aura van den Rouwendaal à préparer pour les JO mais aussi Marc-Antoine Olivier, un talent de 19 ans, qui s'est qualifié lundi et qui pourrait bien faire des étincelles.