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Elle est née avec un bras inerte et a perdu sa maison en 2011 dans le tsunami. Mais la Japonaise Yurika Abe a été au bout de son rêve avec les Jeux paralympiques de Sotchi.
Mardi, trois ans jour pour jour après l'arrivée du tsunami sur les côtes japonaises, la jeune fille de 18 ans se présentera sur le 10 km dans l'épreuve de biathlon.
"J'essaierai de skier pour donner de l'énergie à tout le monde à la maison car je les sens m'encourager", a indiqué Abe aux journalistes avant de quitter le Japon. Confirmation chez son professeur principal au lycée, Hiroshi Kikuchi, qui a émis l'espoir qu'elle "montre que nous n'avons pas été vaincus par le désastre".
Abe vient de la ville de pêcheurs de Yamada, où 800 personnes ont été tuées et des milliers d'habitations détruites par le tsunami. Le drame a fait 18.000 morts sur l'ensemble du pays, provoquant aussi la catastrophe nucléaire de Fukushima dont le pays ne s'est toujours pas remis.
Bon nombre d'athlètes valides japonais ont depuis tenté de redonner espoir aux populations touchées. Aux jeux Olympiques d'hiver de Sotchi, Yuzuru Hanyu, 19 ans et originaire de Sendai, a ainsi remporté la médaille d'or du patinage artistique messieurs.
Il n'avait que 16 ans lorsque la terre a tremblé.
"J'ai vraiment pensé que j'allais mourir à 16 ans. Souvent les choses que vous prenez pour acquises ne le sont pas. Tout est une histoire de chance. Et c'est parce que j'ai perdu beaucoup de choses que maintenant je pense de cette façon", a confié Hanyu.
Abe veut donc lui emboîter le pas. Mais elle reste modeste en terme d'ambitions, même si elle participera à sept courses en ski nordique et biathlon. "Je veux finir dans le top 8", a-t-elle expliqué. "Je veux beaucoup beaucoup plus, par la suite, et souhaiterais participer aux Paralympiques dans quatre ans, et dans huit ans".
- 'Je peux le faire' -
En dépit de lésions définitives au bras gauche à la naissance, Abe a joué dans l'équipe de volley-ball de son collège. Mais c'est en regardant à la télévision les skieurs nordiques aux Paralympiques de Vancouver, en 2010, qu'elle a été séduite par ces athlètes capables de skier avec un seul bâton.
"Je peux le faire", s'est-elle alors promise avant de contacter la patron de l'équipe de ski paralympique, Hideki Arai, pour un premier entraînement.
Quelques mois plus tard, la vague géante s'abat sur le pays et emporte tout sur son passage.
Elle et les sept membres de sa famille survivent mais perdent leur maison. Ils vivent encore aujourd'hui dans de petites unités temporaires construites par les autorités pour les déplacés du drame. La jeune fille, pour sa part, est partie rejoindre un lycée où étudient des skieurs de haut niveau à Morioka, à 70 kilomètres des côtes.
Elle s'entraîne avec des valides et appartient à une équipe de ski privée, connue aussi pour son solide bataillon d'athlètes handicapés. Quant à son billet pour les Jeux, elle l'a glané en terminant 7e sur le 15 km aux championnats du monde l'an passé.
Elle entrera le mois prochain à l'université de Tokyo et pense qu'elle n'aurait peut-être pas atteint aussi vite le même niveau de ski sans les événements de ces dernières années.
"La dure expérience du désastre pourrait être une des raisons pour lesquelles elle ne renonce jamais", estime Arai. "Elle donne tout ce qu'elle a jusqu'à la fin".