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© AFP/PIERRE ANDRIEU
Des techniciens en régie de diffusion de la chaîne Eurosport à Issy-les-Moulineaux, le 21 janvier 2014
Plus de six ans ans pour rentabiliser un investissement record estimé à 1,3 milliard d'euros: le défi de la chaîne Eurosport, détentrice en Europe des droits de retransmission des jeux Olympiques de 2018 à 2024, s'apparente à celui des sportifs qu'elle couvre dans leur quête de l'or.
A partir de dimanche, la chaîne propriété du géant américain Discovery Communications peut montrer à l'écran les cinq anneaux olympiques, un privilège qu'elle a payé au prix fort.
Un an avant les Jeux d'hiver de Pyeongchang en février 2018, la course aux profits a ainsi déjà commencé pour Eurosport, et les premiers obstacles poignent déjà, notamment la négociation des accords de retransmission avec les diffuseurs nationaux en France, en Italie et en Espagne.
"Les droits sportifs sont potentiellement des paris, explique son directeur général, Peter Hutton, à l'AFP. (En Europe) je pense que c'est un pari plutôt sûr et, sur cette base-là, c'est une avancée vraiment importante pour nous."
Les droits télé ont compté pour près de trois quarts des 5,6 milliards de dollars de recettes du Comité international olympique (CIO) sur la période 2013-16, et cela va encore augmenter avec l'accord signé avec Discovery en juin 2015 pour 50 pays, au point de choquer les professionnels du milieu.
"Le prix qu'ils ont payé était trop cher, a expliqué un cadre d'une chaîne nationale sous couvert d'anonymat à l'AFP. Cela peut toujours mal tourner, mais cela ressemble de moins en moins à un risque. Ce genre de développement est un vrai défi aux diffuseurs nationaux".
Les droits en Europe sont estimés à plus du double de la somme versée par CCTV, la télévision centrale chinoise, pour la même période. Mais, cela reste une paille par rapport aux 12 milliards de dollars (11,4 M EUR) payés par NBC pour diffuser les Jeux aux Etats-Unis entre 2012 et 2032.
- Pas d'accord en Allemagne -
Si un accord a été trouvé avec la BBC au Royaume-Uni jusqu'en 2024, les négociations ont bloqué en Allemagne, où les télévisions publiques ZDF et ARD ne retransmettront pas les Jeux pour la 1re fois à cause des sommes trop hautes exigées par Discovery. C'est ainsi Eurosport qui se chargera de diffuser les épreuves.
L'Allemagne sera "un défi massif", a reconnu Hutton, qui ne s'attendait pas à la rupture des discussions. "On regarde les conditions de la sous-licence, on regarde les revenus de la publicité, on regarde les revenus numériques, ensuite on divise et ça fait pas si peur".
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Tokyo accueillera les Jeux de 2020, ici l'arrivée officielle du drapeau olympique à l'aéroport de Haneda de la capitale nippone, le 24 août 2016
"On a encore quelques accords à négocier. Il y a l'Espagne, l'Italie, la France pour après 2020 (France Télévisions dispose des droits jusqu'à Tokyo-2020 inclus, ndlr), la Turquie", a-t-il poursuivi. Avec la candidature de Paris à l'organisation des Jeux de 2024, les discussions avec la France seront particulièrement suivies.
Eurosport est "en avance sur son programme" sur cette question, et cherche désormais à muscler son antenne pour capter de l'audimat.
La skieuse slovène Tina Maze, le hockeyeur suédois Peter Forsberg, et les sauteurs à ski allemands Sven Hannawald et Martin Schmitt ont été recrutés comme consultants, des recrues "de talent qui donnent de la crédibilité et de la pertinence" à la chaîne, selon Hutton.
Le défi sera également d'attirer le public sur plusieurs supports, en renforçant sa présence sur la toile et les réseaux sociaux. "Ce n'est plus +un produit, une chaîne+", a déclaré Hutton qui prédit qu'entre aujourd'hui et Tokyo-2020, les retransmissions en direct sur internet vont s'accroître, ainsi que le nombre de chaînes dédiées à la couverture olympique.