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Plus que jamais indispensables pour attirer les téléspectateurs vers une chaîne payante, les droits sportifs, objet d'une lutte sans merci entre Canal+ et BeIN Sports, aiguisent aussi l'appétit de nouveaux prétendants puissants comme Discovery (Eurosport) ou Altice (MCS), au risque de créer une "bulle" selon les experts.
Jusqu'où les prix monteront-ils? Selon une étude du cabinet Deloitte, les droits télévisés sportifs sont estimés à 24,6 milliards d'euros par an, soit une augmentation de 12% en 2015.
"Sur la période 2009-2013, le taux de croissance annuel moyen n'était que de 5%", explique à l'AFP Aymeric Guilhaumaud, consultant de ce cabinet, soulignant que ce chiffre ne tient pas compte des événements "extraordinaires" comme les Jeux olympiques.
Une tendance qui ne risque pas de s'inverser, tant la bataille semble s'intensifier entre les différents acteurs, selon lui. "On fait partie de ceux qui considèrent que cette bulle - car il s'agit vraiment d'une bulle - va continuer à croître au niveau mondial", juge Aymeric Guilhaumaud.
Alors que les films et les séries sont concurrencés par des services comme Netflix ou le téléchargement illégal, le sport reste le dernier "contenu premium" capable de pousser les téléspectateurs à s'abonner, pérennisant ainsi le modèle économique de la télévision payante, estime Jean-Pascal Gayant, économiste du sport à l'université du Maine.
- Le pari de l'exclusivité -
Après avoir limité la casse face à son concurrent BeIN Sports en conservant au prix fort le Top 14 de rugby, pour un montant record de 355 millions d'euros (période 2014-2019), Canal+ entend repartir à l'offensive.
Sous l'impulsion de son nouveau patron Vincent Bolloré, qui a placé l'un de ses proches Thierry Cheleman à la tête des sports, la chaîne cryptée compte plus que jamais sur la bonne santé financière de sa maison mère Vivendi, et ses 9 milliards d'euros de trésorerie.
Il s'agit pour elle de renforcer son offre, amputée en partie par la fermeture de Sport+ en juin dernier, mais surtout de conserver la Premier League (football anglais), dont l'appel d'offre devrait survenir fin 2015.
En face, BeIN Sports veut poursuivre son ascension et "grignoter" davantage de clients grâce à un catalogue qui ne cesse de s'étoffer en faisant notamment le pari de l'exclusivité sur les principaux championnats de football (Italie, Allemagne en plus de l'Espagne).
Un peu plus de trois ans après son lancement, la chaîne a atteint le cap des 2,5 millions d'abonnés et espère dépasser les 3 millions à l'occasion de l'Euro de football 2016, a récemment déclaré au Monde son président, Yousef Al-Obaidly.
"Quand on a vu ce qu'a donné la Coupe du monde pour BeIN l'année dernière, on peut espérer que cet événement en France aura un impact très important" sur les abonnements, indique à l'AFP Florent Houzot, directeur de la rédaction de BeIN Sport, seule chaîne à proposer "l'intégralité des matches en direct".
- Bataille à quatre -
Derrière ce duel de titans, des nouveaux acteurs espèrent tirer leur épingle du jeu. A commencer par Eurosport, devenue une filiale à 100% du géant américain Discovery depuis juillet dernier, qui espère changer de dimension. Pour sa nouvelle pépite, le n°1 mondial de la télévision payante a d'énormes ambitions notamment en France avec l'acquisition des droits de la ProD2 de rugby ou le championnat américain de football.
Ma Chaîne Sport (MCS), propriété du groupe Altice de Patrick Drahi, n'est pas moins audacieuse. L'acquisition des droits exclusifs sur cinq ans de l'ensemble des compétitions françaises de basket avec l'aide de SFR-Numericable illustre la volonté de synergie entre contenus et "tuyaux" au sein du groupe.
"On reste modeste quand même parce qu'on a des acteurs en face comme BeIN et Canal+ qui sont plus puissants", souligne à l'AFP Nicolas Rotkoff, président de MCS, qui reconnait que "le fait d'être dans un groupe comme Altice, donne (à MCS) des potentialités plus importantes".
Comme le prouve l'achat des droits du "combat du siècle" entre Manny Pacquiao et Floyd Mayweather en mai dernier qui a signé la "plus grosse audience de la chaîne", selon son président.
Avec ses quatre chaînes thématiques (MCS, MCS Extrême, MCS Bien-être et MCS Tennis), avant le lancement d'une cinquième "au mois de décembre", MCS espère pouvoir toucher un public plus jeune et féminin, grâce à sa diffusion sur CanalSat et SFR-Numericable.