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Des substances dopantes saisies par la police suédoise lors de l'Euro d'athlétisme, le 14 août 2006 à Göteborg
Un rapport universitaire resté confidentiel affirme qu'un système de dopage organisé à grande échelle avait été mis en place en Allemagne de l'Ouest à partir des années 70, a révélé samedi le quotidien bavarois Süddeutsche Zeitung.
A l'instar de la politique de dopage institutionnalisée en RDA, la RFA n'était pas en reste, selon l'équipe de chercheurs de l'Université Humboldt de Berlin qui, pendant trois ans, a enquêté dans les archives et interrogé une cinquantaine de témoins. Son étude de 800 pages n'est pas encore publiée à ce jour mais le journal s'en est procuré une version datant de 2012.
Selon le rapport cité par le quotidien, une politique de dopage systématique a été mise en place avec la création de l'Institut fédéral pour la recherche sportive (BISp) en octobre 1970.
Placé sous la tutelle du ministère de l'Intérieur, cet institut "regroupait les élites de l'approche scientifique du sport et des fédérations sportives" et a coordonné "pendant des dizaines d'années une vaste campagne de tests sur des substances encourageant la performance", comme les anabolisants ou l'EPO.
Le monde politique était au courant de ce programme, selon le journal qui rapporte par exemple une altercation, citée dans le rapport, entre un fonctionnaire du BISp et le responsable gouvernemental en charge des sports, quelques mois avant les JO de Munich de 1972.
- "De vous, en tant que médecin du sport, je n'attends qu'une seule chose: des médailles à Munich", affirme l'homme politique.
- "Monsieur le ministre, répond le fonctionnaire, à seulement un an des jeux, comment devons-nous faire pour décrocher des médailles?"
- "Cela m'est égal", répond son interlocuteur.
L'article du Süddeutsche Zeitung est illustré d'une photo du rameur ouest-allemand Peter-Michael Kolbe, cinq fois champion du monde, qui, lors des JO de Montréal (1976), se serait vu injecter un cocktail de médicaments. Surnommée la piqûre Kolbe, ce mélange médicamenteux aurait été administré 1200 fois à différents sportifs présents à Montréal.
Le journal met également en avant le rôle joué dans ce système par deux personnes aujourd'hui disparues: le chercheur Joseph Keul, décédé en 2000, professeur de faculté chargé de l'encadrement médical des équipes olympiques ouest-allemandes à partir de 1960, et l'ancien président du comité national olympique allemand de 1961 à 1992, Willi Daume, décédé en 1996.