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© AFP/JUNG YEON-JE
Le Kazakh Ilya Ilin exulte après sa victoire lors de l'epreuve messieurs (94 kg) d'haltérophilie aux JO de Pékin, le 17 août 2008
L'haltérophilie, sport le plus touché par le dopage à travers les réanalyses des JO de Londres et Pékin, est "en danger" en cas de révision du programme des Jeux, "mais pas plus que les autres sports olympiques", estime le directeur de la Fédération internationale d'haltérophilie (IWF) Attila Adamfi, vendredi dans un entretien à l'AFP.
Le Hongrois assure que son sport, l'un des plus testés, "n'a pas peur de lutter contre le dopage".
Q: Sur la centaine de nouveaux cas de dopage aux JO de Londres et Pékin révélés par le CIO, près de la moitié concernent des haltérophiles. Etes-vous surpris par ces chiffres ?
R: "Oui, bien sûr, nous sommes surpris. Ces résultats soulèvent beaucoup d'interrogations. Sur ces réanalyses, que nous avons toujours soutenues, nous avons, nous et le monde du sport en général, beaucoup de questions sans réponses. Nous savons combien de contrôles ont été faits, combien de cas positifs ont été identifiés, mais aucune statistique n'a été publiée sur les sports ou les pays concernés. Par exemple, on ne sait pas combien de sports ont été testés ou combien de tests ont été réalisés sur chaque sport. Je reconnais que l'haltérophilie est un sport à haut risque, c'est indiscutable, car les stéroïdes y sont très efficaces. Mais si l'on regarde les résultats positifs, cela donne une carte des pays concernés, or si l'on compare ces résultats avec ceux donnés dans le récent rapport de l'Agence mondiale antidopage, cela ne coïncide pas vraiment. Donc on peut se poser des questions sur qui a décidé des tests, des sports et des pays concernés et quels étaient les critères de sélection?. Nous ne savons toujours pas."
Q: Le CIO doit effectuer en 2017 une révision globale de son programme olympique. Redoutez-vous l'exclusion de l'haltérophilie ?
R: "Il y a toujours des gens qui voudraient voir l'haltérophilie et quelques autres sports retirés du programme olympique. Oui, l'haltérophilie est en danger mais notre sport n'est pas plus menacé que tous les autres sports olympiques. Tout sport olympique est en danger dans la mesure où l'Agenda 2020 du CIO recommande une plus grande rotation des sports, des disciplines ou des épreuves. Nous connaissons d'autres sports où les manipulations et la corruption sont un vrai problème... Je pense donc qu'il y a des problèmes dans chaque fédération. Le point positif est que le CIO, comme l'Agence mondiale antidopage (AMA), ont conscience de ce que nous faisons pour lutter contre le dopage. A l'IWF nous n'avons pas peur de lutter contre le dopage".
Q: La politique antidopage de l'IWF a-t-elle vraiment changé ?
R: "L'IWF a toujours essayé d'être pionnière dans la lutte antidopage car, comme je le répète, c'est un fait, le dopage dans notre sport, spécialement les stéroïdes, est efficace. Face à cela, nous sommes la seule fédération qui a testé tous les athlètes avant les jeux Olympiques et ce depuis plusieurs olympiades. Depuis 2008/2012, nous avons beaucoup amélioré notre arsenal antidopage. Nous sommes l'une des seules fédérations qui a introduit une politique antidopage dans le système de qualification pour les Jeux, donnant le pouvoir à notre comité exécutif d'exclure une fédération, comme pour la Bulgarie avant Rio, ou de retirer des quotas à des pays. De plus, 99% des 255 athlètes présents à Rio ont été testés avant les Jeux, soit au total 900 tests. A Houston, aux Championnats du monde 2015, 49% des 584 athlètes présents ont été testés, pour 24 cas positifs. Certes, face à ces cas positifs je pourrais être triste mais cela montre que notre politique antidopage est efficace. Nous ne travaillons pas pour les statistiques mais pour un sport propre. Nous dépensons environ 940.000 EUR par an dans notre programme antidopage, sans compter le budget formation et prévention. Autre exemple: il ne doit pas y avoir beaucoup de fédérations qui ont effectué des contrôles antidopage en Corée du Nord et épinglé un athlète... Nous faisons de notre mieux mais c'est un peu parfois comme se tirer une balle dans le pied... Nous sommes dans un processus de révision de notre programme, qui devrait être achevé en début d'année prochaine, avec des sanctions plus lourdes".
Propos recueillis par Eric Bernaudeau