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© AFP/FABRICE COFFRINI
Le président du CIO Thomas Bach, lors du sommet sur la réforme de la lutte antidopage à Lausanne, le 8 octobre 2016
La révolution attendra. Sur la sellette après le scandale du dopage d'État russe, l'Agence mondial antidopage (AMA) reste finalement en place: le CIO a choisi de la renforcer, en lui demandant samedi de créer une entité indépendante chargée des contrôles.
Le risque était bien réel, et l'AMA a du sentir le coup passer très près. Mais le message formulé samedi par les responsables du sport mondial réunis en "sommet olympique" à Lausanne est on ne peut plus clair: plus d'indépendance et plus de crédibilité pour les contrôles antidopage.
Le CIO souhaite qu'à l'avenir ce ne soit plus les fédérations, comme c'est le cas aujourd'hui, mais une entité créée sous le patronage mais "distincte" de l'AMA qui réalise l'ensemble des tests antidopage.
"Cela vise à une séparation claire entre les missions de régulation et de contrôle", a expliqué Thomas Bach, président du CIO.
L'idée n'est pas nouvelle, M. Bach l'avait déjà énoncée il y a un an. Mais le scandale du dopage d'État russe et de la manipulation des échantillons lors des Jeux d'hiver de Sotchi en 2014, révélés par le rapport McLaren, était passé par là depuis. L'AMA était dans le viseur du CIO, accusée d'avoir tardé à enquêter malgré les preuves, mais aussi son mode de gouvernance.
- "Ça va dans le bon sens" -
Quelques mois plus tard, elle sort de cette crise finalement renforcée. "C'est un acte fort d'engagement à ce que les contrôles et les sanctions soient indépendants du mouvement sportif et c'est bien", a réagi au téléphone Tony Estanguet, membre français du CIO, mais qui ne participait à la réunion.
"Ça va dans le bon sens dans la mesure où il s'agit aussi de renforcer l'AMA", a ajouté le triple champion olympique de canoë (2000, 2004, 2012), qui mène la candidature de Paris pour les JO-2024.
Par ailleurs, le CIO propose de faire du Tribunal arbitral du sport (TAS) le seul habilité à prononcer les sanctions en cas d'infractions, charge qui revenait jusqu'à présent aux fédérations nationales et internationales. En matière de dopage, le TAS n'était jusqu'alors compétent que pour les appels.
Il ne s'agit encore que de recommandations qui devront être formellement approuvées par le Conseil de l'AMA réuni en novembre à Glasgow et par la Commission exécutive du CIO convoquée en décembre, avant leur mise en application.
Ce sommet réunissait l'état-major du CIO ainsi que les présidents des principales fédérations sportives dont le patron de l'athlétisme mondial Sebastian Coe (IAAF) et son homologue du football Gianni Infantino (Fifa).
Étaient également présents les présidents des comités olympiques russe, chinois et américain ainsi que le président de l'AMA, le Britannique Craig Reedie.
- Rendre le système plus indépendant -
Dans le même temps, le CIO propose de rendre le système antidopage "plus indépendant des intérêts nationaux" en conférant à l'AMA "plus d'autorité sur les agences nationales antidopage".
Le CIO, qui co-finance l'AMA avec les gouvernements, se dit également "prêt à contribuer à une augmentation du budget de l'Agence au côté de ses partenaires, les gouvernements".
© AFP/FABRICE COFFRINI
Membres du CIO lors du sommet chargé de formuler des propositions de réformes du système de lutte antidopage et de l'AMA, le 8 octobre 2016 à Lausanne
L'AMA devra également "renforcer le niveau de sa sécurité informatique", alors que l'Agence créée en 1999 et basée à Montréal a été récemment victime d'un piratage par des hackers russes du groupe Fancy Bears de son système ADAMS renfermant toutes les données sur les athlètes.
Les pirates ont alors jeté en pâture les autorisations à usage thérapeutique (AUT) accordées à de nombreux athlètes, parmi lesquels les soeurs Williams, la gymnaste américaine multimédaillée Simone Biles ou les cyclistes britanniques Chris Froome et Bradley Wiggins.
Vendredi, les mêmes "hackers" ont piraté l'Agence antidopage américaine (Usada).
"Je suis très heureux de ces recommandations, a réagi M. Reedie. Nous avons désormais des principes clairs qui vont contribuer à aller de l'avant et à renforcer l'AMA et le système antidopage".
"C'est une réunion positive, nous avons maintenant une feuille de route", s'est félicité de son côté le Taïwanais Ching-Kuo Wu, président de la Fédération internationale de boxe amateurs (AIBA ) et membre de la commission exécutive du CIO.