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© AFP/Luis Acosta
Serena Williams réagit après avoir perdu un point face à Elina Svitolina, le 9 août 2016 lors des Jeux de Rio
"Un acte criminel" : l'Agence mondiale antidopage (AMA) a réagi avec fureur au piratage de sa base de données par les hackers russes de APT28, alias "Fancy Bears", et à la fuite d'informations sur Serena et Venus Williams ou la quadruple championne olympique de gymnastique Simone Biles.
"Nous avons des informations très solides selon lesquelles (ces pirates) sont liés à la Russie, et ils attaquent notre système depuis des semaines", a précisé le président de l'AMA Craig Reedie auprès de la BBC mercredi, en dédouanant totalement les quatre sportives visées par les révélations des hackers, qui concernent aussi Elena Delle Donne, la basketteuse de la "Dream Team" féminine américaine couronnée championne olympique à Rio.
"A l'AMA, il y a un système d'exemptions établi de longue date permettant à un sportif qui a besoin de prendre un médicament figurant sur la liste des produits interdits de le faire, à partir du moment où cela est validé par le milieu médical puis autorisé par la Fédération sportive concernée", a expliqué M. Reedie.
"Et autant que je puisse en juger dans les cas mentionnés, tout cela a été fait, et a été fait correctement", a insisté l'Ecossais.
"L'AMA regrette profondément cette situation et est consciente de la menace représentée pour les athlètes dont des informations confidentielles ont été divulguées par cet acte criminel", avait souligné dès mardi soir le directeur général de l'AMA Olivier Niggli, dans un communiqué.
"Elles ont bien joué, mais pas honnêtement", ont accusé les Fancy Bears sur leur site internet, au sujet de ces quatre sportives américaines présentes aux JO de Rio.
- 'Lâche et méprisable' -
Il s'agit de la deuxième attaque de ce groupe depuis début août contre le système de gestion et de localisation de l'AMA (dit Adams), qui lui permet d'assurer le suivi des contrôles antidopage des sportifs.
Le Comité international olympique (CIO) avait aussi condamné cette cyberattaque "clairement destinée à souiller la réputation d'athlètes propres" mardi, tandis que l'Agence américaine antidopage (Usada) avait elle fustigé un acte "lâche et méprisable".
Concrètement, les Fancy Bears ont dévoilé des "analyses anormales" (AAF) concernant ces sportives. Mais celles-ci n'ont jamais été considérées par l'AMA comme des contrôles antidopage positifs car les sportives concernées avaient des "autorisations à usage thérapeutique" (AUT) pour les substances en question, ce que confirment d'ailleurs les documents publiés par les hackers d'APT28.
© AFP/Thomas COEX
L'Américaine Simone Biles lors de la finale du sol, aux JO de Rio le 16 août 2016
Dans le cas de Biles, la Fédération américaine de gymnastique a précisé dans un communiqué que la quadruple championne olympique avait bien bénéficié d'une exemption thérapeutique de la part de l'AMA, en conformité avec les recommandations de l'Agence.
- 'Partie émergée de l'iceberg' -
"Je suis atteinte d'ADHD (trouble de déficit de l'attention avec ou sans hyperactivité) et je prends un traitement depuis que je suis petite", a déclaré Biles via son compte Twitter.
Pour sa part, Venus Williams s'est dit "consternée d'apprendre que (ses) données privées médicales avaient été piratées par des hackers et publiées sans (sa) permission".
La précédente attaque contre le système Adams avait été révélée par l'AMA en août, après que les données confidentielles de la lanceuse d'alerte russe Yuliya Stepanova avaient également été piratées.
La coureuse de 800 m avait été à la base des révélations du rapport McLaren du 18 juillet sur un dopage d'Etat généralisé en Russie, après avoir témoigné à visage découvert en 2014 auprès de la chaîne de télévision allemande ARD.
A la suite des révélations de l'AMA, via deux rapports ravageurs pour la Russie, dont celui dirigé par McLaren, plus d'une centaine de sportifs russes avaient été privés des JO de Rio par leurs diverses fédérations internationales. La plus sévère, l'IAAF, la Fédération internationale d'athlétisme, avait décidé de mettre hors-jeu 67 des 68 athlètes russes candidats aux Jeux de Rio.
"Ces actes criminels (des pirates russes) compromettent grandement l'effort de la communauté mondiale antidopage de rétablir une relation de confiance avec la Russie", avait estimé M. Niggli dans son communiqué mardi.
"Cela tombe plutôt mal", a confirmé Craig Reedie mercredi matin: "La Russie a affirmé au plus haut niveau qu'elle comprenait qu'elle avait un problème (avec le dopage), mais en fait, il semble qu'ils soient toujours dans une sorte de déni".
Les Fancy Bears ne semblent pourtant pas vouloir en rester là. "Il s'agit juste de la partie émergée de l'iceberg", ont ainsi précisé les pirates sur leur site : "Attendez pour voir très bientôt des preuves sensationnelles sur des athlètes ayant pris des substances dopantes".