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© AFP/Kenzo Tribouillard
Le président de l'Agence mondiale antidopage (AMA) lors d'une conférence le 12 novembre 2012 à Paris
Dans le sillage de l'affaire Armstrong, l'Agence mondiale antidopage (AMA) est sortie de sa torpeur pour réaffirmer son rôle de patronne de la lutte antidopage, lors de la réunion de ses instances dirigeantes ce week-end à Montréal.
Pointée du doigt il y a un an par le Comité olympique britannique qui la disait "incapable de remplir ses propres objectifs bien intentionnés malgré des centaines de millions de dollars dépensés en dix ans d'existence", l'AMA a retrouvé un moyen de justifier son existence avec la chute de l'ex-roi du Tour de France.
Si c'est l'Agence antidopage américaine (Usada) qui a conduit aux oubliettes le Texan, le président de l'AMA John Fahey a pris soin de rappeler que son prédécesseur Dick Pound, en son temps, avait eu raison de douter haut et fort des performances du survivant du cancer et dénoncé le dopage galopant dans le cyclisme, quitte à se mettre en froid avec la Fédération cycliste internationale (UCI).
Pour l'AMA, la méthode américaine, qui a réussi à démontrer qu'Armstrong a pu s'être dopé quasiment toute sa carrière en compilant des témoignages, vient aussi prouver que la lutte antidopage ne repose pas seulement sur des fioles d'urines ou de sang analysées en laboratoire.
"C'est certainement le moyen de procéder à l'avenir", a souligné John Fahey, lors d'une conférence de presse téléphonique lundi. Selon lui, "c'est une des grandes leçons qui ressort du cas Armstrong."
Pour Dick Pound, toujours membre du conseil de fondation de l'AMA, "le rapport de l'Usada montre ce qu'une bonne agence, sérieuse, peut faire. Cela justifie le système."
Le prochain Code mondial antidopage pour 2015, dont les principaux changements suggérés ont été présentés ce week-end, donnera en outre plus de poids à l'AMA.
Elle ne se contentera plus d'édicter des normes et lignes directrices et de vérifier si elles sont bien appliquées par les agences gouvernementales ou les fédérations sportives. "Nous avons clarifié et renforcé la capacité de l'AMA de mener elle-même des investigations. Cela ne veut pas dire que nous allons mettre en place une cellule d'enquête mais nous pourrons certainement poser des questions", a précisé John Fahey.
Les sanctions seront aussi plus sévères pour les cas de dopage lourds. La durée de suspension passera ainsi de deux ans à quatre ans pour des infractions reliées aux stéroïdes anabolisants, à l'hormone de croissance, aux agents masquants, au trafic de substances ou au dopage sanguin. Ce barème fera ainsi la différence avec les stimulants, notamment le cannabis, qui représentent la majorité des contrôles positifs.
"Il y a un vrai désir dans le monde du sport de voir des sanctions qui aient un peu plus de signification", a souligné John Fahey.
"Je crois que les propositions faites dans cette version sont proportionnées. Elles répondent certainement à ceux qui cherchaient à étendre les sanctions actuelles à quatre ans", a insisté l'ancien ministre australien, qui y voit "un message fort".
Ainsi, un athlète condamné à quatre ans de suspension manquera inévitablement les Jeux Olympiques. Une manière de satisfaire partiellement le CIO qui avait instauré dans sa charte en 2008 une règle interdisant à tout athlète condamné à plus de six mois de suspension pour dopage de participer aux JO suivant. Il avait été contraint de la retirer l'an dernier, le Tribunal arbitral du sport (TAS) l'ayant jugé contraire au code mondial antidopage.
En reprenant les commandes, l'AMA pourra peut-être convaincre les gouvernements de lui accorder un peu plus de fonds l'année prochaine. Car dimanche, les Etats, qui la financent pour moitié comme le mouvement sportif, ont dit encore non à une augmentation de leur contribution.