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A trois mois des Jeux de Rio, le Kenya se retrouve dans la tourmente, déclaré non conforme par l'Agence mondiale antidopage (AMA), elle-même plongée dans le doute après des révélations sur le comportement de la Russie lors des JO d'hiver de Sotchi en 2014.
Le Kenya, première nation athlétique au monde, mais privée de JO ? C'est la menace qui pèse désormais sur le pays africain, à la suite du vote du conseil de fondation de l'AMA, jeudi à Montréal.
"La législation (du Kenya) n'est pas en conformité avec le code", a indiqué René Bouchard, président du comité de révision de la conformité (CRC) de l'AMA, dans ses recommandations au conseil de fondation.
Mise au vote de cette instance décisionnelle de l'AMA, sous la présidence de son président Craig Reedie, la recommandation a été votée à l'unanimité avec effet immédiat.
C'est une surprise, car le Kenya avait multiplié les efforts ces derniers mois afin d'éviter de se retrouver dans cette situation et de finir au ban des nations en sport, comme la Russie et son athlétisme depuis novembre.
Le président kenyan Uhuru Kenyatta avait signé le 22 avril la loi antidopage, pouvant laisser espérer à ce géant de l'athlétisme mondial, premier au tableau des médailles lors des derniers Mondiaux de Pékin, d'obtenir le feu vert de l'AMA.
- Le Kenya durement touché -
Au Kenya, les premières réactions ont jugé la décision de l'AMA "trop drastique".
"Au vu des circonstances, la décision est contre-productive et trop drastique", a déclaré le Kényan Sharad Rao, sollicité par la commission d'éthique de la Fédération internationale d'athlétisme (IAAF) pour enquêter sur le dopage dans son pays.
"Si d'une manière ou d'une autre la loi ne correspond pas aux attentes de l'AMA, elle peut être rectifiée", a soutenu M. Rao.
Le choc est encore plus fort pour les athlètes du pays, qui s'inquiètent pour leur avenir.
"Ce n'est pas une bonne nouvelle pour nous, les athlètes qui ont travaillé dur à l'entraînement pour se préparer pour les jeux Olympiques", a déclaré à l'AFP Julius Yego, champion du monde en titre du lancer du javelot.
"Ce n'est pas uniquement notre participation aux Jeux qui est en danger, c'est aussi la réputation du Kenya qui est en jeu", a-t-il ajouté.
Non loin de Montréal, depuis les Etats-Unis où il s'est réfugié, l'ancien patron du laboratoire de Moscou a lui ouvert un autre front, jeudi: le dopage organisé par son pays, la Russie, lors des jeux Olympiques d'hiver 2014, qu'elle avait organisés à Sotchi.
- Dopage organisé à Sotchi -
Dans un article publié par le New York Times sur son site internet, Grigory Rodchenkov estime que "des douzaines d'athlètes russes, dont 15 médaillés olympiques" ont profité de ce système. Il évoque notamment 14 membres de l'équipe de ski de fond russe et deux membres "expérimentés" de l'équipe de bobsleigh russe.
Les services secrets russes sont de leur côté intervenus pour changer les échantillons urinaires prélevés sur des athlètes russes.
Selon M. Rodchenkov, ils remplaçaient avec son aide durant la nuit des échantillons prélevés après les compétitions par des échantillons "propres" prélevés plusieurs mois en amont, pour éviter ainsi que les athlètes russes soient déclarés positifs.
Dans un communiqué, le Comité international olympique (CIO) a souligné sa grande inquiétude, demandant à l'AMA d'enquêter immédiatement sur ces révélations.
"Une équipe d'observateurs indépendants de l'AMA a contrôlé toutes les activités antidopage durant les Jeux de Sotchi et a rendu un rapport satisfaisant à la suite", a souligné le CIO, reconnaissant entre les lignes que l'AMA a pu être dupée.
Depuis Montréal, Beckie Scott, présidente du comité des sportifs de l'AMA n'a pu qu'ajouter: "Cela souligne toute l'importance de mener des enquêtes sur les athlètes venant de tous les pays où des doutes existent, afin de protéger les athlètes propres".