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© AFP/PATRICK KOVARIK
Le couple de boxeurs français Estelle Mossely et Tony Yoka pose avec ses médailles d'or olympiques, à l'aéroport de Roissy-Charles de Gaulle, de retour de Rio le 23 août 2016
Porté par le succès historique des boxeurs français aux Jeux Olympiques de Rio, le "noble art" attire de plus en plus de pratiquants. Depuis septembre, les clubs de boxe enregistrent un boom des inscriptions, les femmes et les enfants d'abord.
Avec six médailles - dont deux en or - la boxe a été pour la France le sport phare des derniers JO. Les fiancés de Rio Estelle Mossely et Tony Yoka ou encore Souleymane Cissokho et Mathieu Bauderlique ont suscité de nombreuses vocations. Trois mois après, les salles ne désemplissent pas.
A Champigny-sur-Marne (Val-de-Marne), où s'entraîne la championne olympique Estelle Mossely, Bruno Giliberti n'a jamais vu ça. "C'est la première fois que je vois autant de monde", constate-t-il, lui dont le père a fondé la section boxe anglaise du club. "Déjà, quand (Estelle) avait ramené l'or des championnats du monde, ça avait commencé. Suite à ça, elle a participé aux jeux Olympiques et ça n'a été que des points positifs", se réjouit-il.
A partir de huit ans et jusqu'aux retraités, le club accueille désormais 160 adhérents contre 106 l'année dernière. Pour la première fois, une liste d'attente a dû être créée. "Des la rentrée, ça s'est affolé pour s'inscrire", raconte le trésorier du club Akli Mazouzi. "On attend éventuellement d'autres créneaux pour accepter plus de monde."
Mais au-delà des médailles, c'est aussi l'état d'esprit exemplaire des boxeurs qui a donné envie aux nouveaux d'enfiler les gants.
"Depuis quelques années, on a une autre image de la boxe", poursuit Akli Mazouzi. "Avant, c'était plus destiné à un public précis, un public de quartier, maintenant on a toutes les classes sociales." Et depuis la rentrée, ce sont surtout les femmes et les enfants qui s'inscrivent.
"C'est pour se déchaîner, j'aime bien", explique Assia, 10 ans, qui a commencé la boxe en septembre. "Les filles aussi veulent se défouler sur quelque chose quand elles sont énervées".
"Les clichés existent encore même si ça a vachement évolué", témoigne Faïma Slimani, entraîneur et arbitre. "Les gens ont toujours cette image-là +la boxe, c'est pour les garçons, ma fille va se casser le nez, elle va rentrer avec des bleus+. Mais par le biais d'Estelle (Mossely), on voit que c'est un sport où on peut aussi faire de belles études, être jolie et être très féminine".
- Cinq fruits et légumes par jour -
Le phénomène est le même au club "Top Rank" de Bagnolet (Seine-Saint-Denis), où Souleymane Cissokho, qui fut le capitaine de l'équipe de France de boxe à Rio, continue de s'entraîner et d'encadrer les enfants.
"Il y en a certains, ça fait trois ou quatre ans que je les suis. C'est normal pour moi de venir ici et partager ces moments-là avec eux. Ils m'ont suivi aux JO et c'est un plaisir pour eux d'être entraîné par Souleymane Cissokho", dit le médaillé de bronze en souriant.
"Ça me fait bizarre (de boxer contre lui) parce qu'il est grand et c'est un champion", reconnaît Elijah, du haut de ses 10 ans.
Sur le ring, les entraînements sont aussi l'occasion de faire réciter leurs leçons aux enfants. Avant de tenter une série d'uppercuts face à Souleymane Cissokho, ils doivent par exemple donner le nom d'un fruit ou d'un légume.
"Au-delà du sport, un bon boxeur, c'est quelqu'un qui en a dans la tête. Je leur fais réviser les fruits et légumes, ça leur permet d'être à jour, de les sensibiliser. Et s'ils veulent être de grands champions, ils doivent en manger cinq par jour !", insiste-t-il.
Reste à savoir si l'effet Rio perdurera une fois que les néophytes auront encaissé leurs premiers coups. "Maintenant c'est à nous de bien faire notre boulot, transmettre des valeurs au-delà du sport: le respect de soi, le respect d'autrui", estime Souleymane. "Il y a eu un réel boom après les JO et j'espère que ça va continuer".
La fédération, qui comptait 52.000 licenciés en 2015-1016, espère atteindre la barre des 55.000 licenciés en fin de saison puis le seuil des 60.000 d'ici à cinq ans.