Happy Birthday : |
© AFP/Vincent Jannink
L'entraîneur du sprint français Florian Rousseau fête la victoire de Grégory Baugé aux Mondiaux 2011, le 25 mars 2011 à Apeldoorn aux Pays-Bas
Florian Rousseau, le responsable du sprint français, s'est déclaré "très inquiet" à terme pour l'avenir des "Bleus" alors que s'ouvre la première grande étape de l'olympiade avec les Championnats du monde sur piste à Minsk.
Près de sept mois après la relative déception des JO de Londres (deux médailles d'argent pour le sprint, une pour l'endurance), "rien n'a changé, sauf qu'on a perdu un entraîneur", a expliqué dans un entretien à l'AFP l'une des légendes de la piste française.
"Depuis les Jeux, il ne s'est rien passé", regrette le triple champion olympique, symbole de la fabuleuse réussite française depuis vingt ans.
"Je suis très inquiet et ça fait longtemps que je le suis, même si je ne le dis pas publiquement. Mon point de vue, j'en ai fait part dès 2011, était pessimiste et aujourd'hui mes craintes sont confirmées", insiste Rousseau, responsable du sprint à l'Insep depuis sept ans.
Par rapport aux Britanniques (7 titres sur 10 aux JO de Londres), dit-il, "le retard s'est agrandi et il est en train de se creuser davantage". La France, certes, n'est pas seule concernée: "Face à l'armada britannique, il y a un sentiment d'impuissance de nations telles que l'Australie, l'Allemagne..."
"Une illusion complète"
"C'est en raison d'un ensemble d'éléments mis bout à bout pour la performance, la recherche, le matériel, même si nous avons de très beaux vélos, ce que l'on peut apporter à l'athlète", ajoute Florian Rousseau qui n'attend pas de miracle de la seule construction du vélodrome de Saint-Quentin-en-Yvelines, le pivot du futur centre national du cyclisme dont l'inauguration est prévue début 2014.
"C'est une illusion complète, réagit-il. On a besoin de Saint-Quentin-en-Yvelines, d'un vélodrome de cette qualité. Mais il y a une activité à mener, des championnats du monde, des Coupes du monde... En 2014, on en sera (déjà) au processus de qualification pour les quotas des JO".
© AFP/Miguel Medina
Kevin Sireau, le 19 février 2012 aux JO de Londres
Dans ce contexte, le départ pour la Russie de Benoît Vêtu, qui a plongé le pôle de Hyères en deshérence et privé d'entraîneur l'un des meilleurs sprinteurs du monde (Kévin Sireau), se transforme en avertissement.
"Le programme d'activités et de compétitions est beaucoup plus important, il faut trouver un entraîneur", s'alarme Rousseau pour l'ensemble du sprint.
"On ne peut rester comme ça"
La solution passerait-elle par l'étranger? "Pourquoi pas, de toute façon on ne peut rester comme ça", répond-il en soulignant la difficulté de trouver un entraîneur expérimenté: "Pour former quelqu'un au plus haut niveau, ça prend du temps."
L'ancien champion, âgé de 40 ans, a lui-même été contacté ces derniers mois. "J'ai eu des propositions après les JO, je n'ai pas souhaité y répondre, je souhaitais continuer à entraîner les coureurs français", affirme-t-il tout en reconnaissant ne pas rejeter définitivement une expérience à l'étranger: "Je ne suis pas contre, s'il y a une opportunité. Pourquoi pas ?"
Au-delà de la période actuelle, c'est le long terme que Florian Rousseau redoute. Même si le projet extrêmement ambitieux (pour un budget de 20 millions d'euros) d'une équipe professionnelle multidisciplinaire de haut niveau, récemment dévoilé par le président de la fédération David Lappartient, se concrétise.
"On a besoin de projets comme celui-ci mais ce n'est pas cela qui va faire qu'on aura des champions olympiques, conclut-il. L'après 2016, ça va se faire avec qui?"