Happy Birthday : |
Quelque part dans la zone industrielle de Doha, entre les chantiers et au milieu de la poussière, se niche une oasis verdoyante pour les ouvriers asiatiques, grands amateurs de cricket.
Le flamboyant stade de cricket d'Asian Town, havre de paix, tranche avec le reste de cette zone industrielle où grouillent des milliers d'ouvriers autour de nombreux ateliers et usines, moteurs de l'importante croissance économique du riche émirat pétrolier.
"Supporters et amis viennent regarder les matchs, ainsi que les gens qui sont au Qatar depuis longtemps et qui n'avaient jamais vu ce genre d'installation", explique Sajjad Chaudhry, qui y organise des tournois.
Le stade peut accueillir 14.000 spectateurs, une capacité remarquable quand on sait qu'il est avant tout utilisé par des amateurs, le Qatar n'ayant pas de championnat professionnel de cricket.
Le site est d'ailleurs plus grand que le stade de football où jouent l'équipe de Lekhwiya, champions de la dernière saison au Qatar, et ses rivaux d'Al-Sadd.
Comme dans les autres pays arabes, le football est le sport le plus populaire au Qatar, qui organisera le Mondial-2022.
Pour construire les infrastructures de cette Coupe du monde, le Qatar a fait venir de la main-d'oeuvre en masse, majoritairement en provenance d'Inde, du Pakistan, du Bangladesh ou du Sri Lanka.
Les travailleurs étrangers sont largement majoritaires au Qatar, dont la population est estimée à 2,3 millions d'habitants.
Un soir de semaine, sous les projecteurs du stade de cricket, les "Shah XI", une équipe composée majoritairement de Pakistanais, jouent contre les "Al Zaman Exchange", une formation constituée principalement d'Indiens qui remportera le match.
Si le niveau est plutôt bon, les spectateurs sont peu nombreux dans les tribunes, le match se tenant en milieu de semaine en plein ramadan, le mois de jeûne chez les musulmans.
- 'Labour city' -
L'établissement d'une nouvelle cité-dortoir pour les ouvriers près du stade pourrait cependant contribuer à attirer beaucoup plus de spectateurs.
"Labour City" -- un nom qui n'a pas nécessité un grand travail d'imagination tant il décrit une réalité -- est un nouveau complexe pouvant accueillir 70.000 travailleurs. Sept cités-dortoirs comme celle-ci doivent être construites, avec une capacité de 258.000 lits. Autant de spectateurs potentiels pour le stade de cricket.
"L'atmosphère est vraiment bonne à Labour City", assure Shah Zaleri, un supporter indien de cricket qui a été dans les premiers à s'y installer. "Nous avons la chance de pouvoir nous reposer dans de belles chambres, puis le soir nous venons ici passer le temps ou au mieux assister à un match", poursuit-il.
En offrant de meilleures conditions de vie aux travailleurs immigrés, le Qatar espère donner une image plus positive que celle véhiculée par les organisations des droits de l'Homme, qui ont à de nombreuses reprises critiqué les mauvaises conditions de travail des ouvriers immigrés, notamment sur les chantiers du Mondial 2022.
Grâce à la proximité de "Labour city" et la générosité de riches Qatariotes, des tournois de cricket importants pourront être organisés à Doha, espère Sajjad Chaudhry.
Le "tournoi du ramadan", qui oppose actuellement 18 équipes pour une récompense de 50.000 riyals (13.500 dollars), peut notamment encourager des joueurs professionnels à venir au Qatar.
M. Chaudhry voit même plus grand et espère organiser un championnat de cricket, à l'instar de celui qui attire les foules en Inde. "Nous travaillons sur le lancement d'un championnat le 1er septembre. Si Dieu le veut", dit-il.
Nitiss Sikder, un mécanicien indien de 35 ans qui assiste aux matchs chaque soir, sera sûrement au rendez-vous. Il se rappelle que lors de la dernière grande rencontre, "le stade était bondé". Selon lui, "s'il y a plus de grands matchs comme celui-ci, beaucoup de gens viendront les voir".