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© AFP/THIERRY ZOCCOLAN
Gonzalo Quesada, l'entraîneur du Stade Français, le 23 décembre 2016 à Clermont-Ferrand
Gonzalo Quesada n'éprouve ni frustration "ni regrets" avant d'affronter Cardiff vendredi (18h) à Jean-Bouin, au premier tour du barrage pour la Coupe d'Europe, son dernier ou avant-dernier match avec le Stade Français qu'il a entraîné pendant quatre saisons, a-t-il expliqué dans un entretien à l'AFP.
Question: Vous avez décidé en décembre de quitter le club, qui depuis pourrait être racheté par un milliardaire allemand (Hans-Peter Wild) aux grandes ambitions. Éprouvez-vous de la frustration?
Réponse: "Non, ni de regrets. C'est fait, cela devait arriver comme ça. J'ai fait le choix de l'honnêteté: j'aurais pu lever mon année en option au cas où il se passerait quelque chose. Mais quand j'ai pris ma décision (il a depuis signé en faveur de Biarritz, en Pro D2, NDLR), la vision (de l'actuel président, Thomas Savare) n'était pas claire à mes yeux et j'ai préféré partir sans avoir de plan B. Je sentais qu'à l'avenir il n'y aurait pas les mêmes moyens, nécessaires à la progression. Mais si on a eu ce succès, c'est grâce aux moyens mis à disposition par Thomas et toute son équipe. Il m'a fait confiance, je lui dois beaucoup. Mais forcément, si on m'avait annoncé la vente, ce nouveau projet avec cette nouvelle vision, je ne sais pas ce qu'il se serait passé."
Q: Estimez-vous avoir tiré le maximum du groupe cette saison?
R: "Une équipe ne peut se développer, atteindre ses objectifs, si on ne donne pas certains signes. C'est pour ça que j'ai pris cette décision en décembre. Par exemple, un seul joueur est arrivé l'été dernier (Ratini, depuis reparti). On n'en avait pas besoin de 10.000 mais... On ne voyait pas de moteur nécessaire à la progression. Je ne cherche pas d'excuses car c'était à nous de le trouver. Et même si en première partie de saison il nous a manqué, même si elle a été polluée par la question des joueurs en fin de contrat, l'avenir du club, on n'a pas pu optimiser nos moyens. Les performances de la deuxième partie, avec ce titre en Challenge européen (vendredi dernier) et cette 7e place inespérée il y a quelques mois, le montrent."
Q: Vous êtes féru de management et de psychologie. De ce point de vue-là, votre quatre saisons ont dû être intéressantes...
R: "Oui. Lors des premiers entraînements, avec Jeff (Jean-Frédéric Dubois, ancien entraîneur des arrières, NDLR), on voyait des réactions, des commentaires... On voyait des trucs bizarres, des joueurs aller dans le bureau du directeur général, prendre en main des trucs... Des anciens qui mettaient des coups de pied au cul des gamins. Ces jeunes qui maintenant ne le sont plus suivaient sans faire grand chose. Il y a eu aussi tout ce qu'on connaît (le projet de fusion avorté en mars et la grève des joueurs, les départs annoncés en début de saison etc...). Et gérer un groupe à Paris n'est pas pareil que dans une petite ville du Sud-Ouest. A Biarritz, ce sera un gros challenge, mais certainement moins en terme de gestion du groupe qu'ici. Forcément, ces situations te nourrissent. Cette expérience a remplacé pas mal de formations (en management)."
Q: Les critiques la saison dernière sur votre supposé manque de poigne vous ont-elles touché?
R: "Non. Je comprends. J'ai une image plutôt positive dans la presse, j'ai de la chance. Être critiqué ne me dérange pas, et j'essaie toujours de savoir ce que je peux faire de mieux. Je donne aussi aux choses la valeur qu'elles méritent, je sais qui je suis, je ne m'invente pas une personnalité, j'adapte mon management à mon caractère et mes convictions. Du coup, je suis assez fier de ne pas avoir tenté de l'adapter à ces critiques. Et j'essaie d'être bien plus exigeant que des mecs qui mettent des coups de poing sur la table, gueulent sur les joueurs. Le fait que je sois plus ou moins dur, c'est quelque chose que certains ont vécu, car la presse rebondit sur ce qu'elle entend des joueurs. Donc forcément, c'est la réalité."
Propos recueillis par Nicolas KIENAST