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© AFP/Geoff CADDICK
Owen Farrell prend son pied, le 11 février 2017 à Cardiff lors du match du Tournoi des six nations pays de Galle-Angleterre
Tête à claques ou génie? Sa confiance en lui confine à l'arrogance, mais son talent ne fait pas débat: Owen Farrell, l'ouvreur des Saracens opposés à Clermont en finale de la Coupe d'Europe samedi (18h), est devenu à 25 ans l'un des meilleurs joueurs du monde.
Peu apprécié en France, le demi d'ouverture ou centre du XV de la Rose, à la palette assez limitée à ses débuts, est désormais couvert d'éloges en Angleterre. Au point d'être comparé à Jonny Wilkinson, le leader de la génération championne du monde en 2003.
Le toujours bien coiffé Owen, fils de l'ancienne gloire du rugby à XIII puis à XV, Andy Farrell, s'est transformé en formidable meneur d'attaque et d'hommes.
"Son habilité au pied est probablement la meilleure du monde", estime l'ancien All Black Nic Evans, aujourd'hui aux Harlequins. "Quand il est arrivé, il pouvait attaquer, mais il avait une orientation très défensive avec un jeu au pied très structuré. Comme les +Sarries+ à l'époque. (...) Il savait qu'en développant son jeu offensif, il s'ouvrirait des portes, pour lui et son équipe. Et il l'a fait."
Farrell, obsédé par le rugby à la manière d'un Wilkinson, personnifie désormais le jeu des Londoniens: pas forcément une grande spontanéité, mais concentré, patient et déterminé à saisir la moindre opportunité, à s'engouffrer dans la moindre faille, quitte à forcer le passage.
Pas rugby "champagne", mais limpide et efficace à l'image de son décalage pour Elliot Daly pour l'essai victorieux contre le pays de Galles (21-16) pendant le Tournoi des six nations.
"C'est un profil que j'apprécie, un très très bon joueur, car il est capable d'évoluer sur les deux postes avec de la qualité, c'est un athlète et il a un mental hors norme", apprécie l'entraîneur clermontois Franck Azéma, ancien treiziste comme Andy Farrell. "J'ai pas mal regardé son père quand il était une référence à XIII, et il a en a pris les bons côtés sur la détermination et la saine agressivité."
-'Une voix'-
"Tête à claques, euh... parce qu'un paquet aimerait avoir son talent, avoir gagné ce qu'il a gagné ou avoir à son âge autant de sélections que lui", renchérit Morgan Parra, le demi de mêlée auvergnat. "Parce que c'est un compétiteur et un gagneur. A nous d'être aussi tête à claques le jour J."
Et le jeune joueur, déjà 52 sélections avec l'Angleterre et un doublé (champion d'Europe et d'Angleterre) la saison passée, est en train de devenir un leader incontesté. Avec le XV de la Rose comme avec les Saracens.
"Il faut être une voix. Il faut être capable de donner son opinion", estime-t-il.
"Owen serait le premier à parler s'il constatait qu'un truc ne marche pas", assure le capitaine de l'Angletere Dylan Hartley.
"Owen travaille tellement dur pour devenir meilleur, chaque semaine, chaque jour, son jeu ne cesse de progresser. Qu'il joue ouvreur ou centre, c'est un joueur polyvalent et déterminant avec l'Angleterre comme les Saracens", souligne l'arrière des Sarries Alex Goode.
"Il s'améliore à chaque apparition sur le terrain et c'est le véritable meneur parce qu'il demande beaucoup à l'équipe, et amène notre jeu à un autre niveau. C'est un joueur exceptionnel", flatte encore Goode.
- Meilleur que Wilkinson? -
Reste que selon son sélectionneur Eddie Jones, le N.10, que l'Australien préfère au centre, n'a pas encore atteint son formidable potentiel.
"Je ne crois pas qu'il soit aussi bon qu'il pourrait l'être", estime Jones. "Je suis certain qu'il est déçu que son bilan soit moins bon que celui de Jonny Wilkinson. Mais je peux vous garantir que lors de ces 50 prochains matches, son bilan sera bien meilleur que celui de Jonny Wilkinson."
Le public français n'est pas prêt de s'arrêter à pester à chaque fois que le buteur effectue son interminable rituel avant de buter. Sur les terrains de la Coupe d'Europe... ou du Japon lors du Mondial-2019.