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© AFP/REMY GABALDA
L'ailier australien de Toulon Drew Mitchell (g), le 19 novembre 2016 à Castres
Face à Toulon qui joue de son rôle d'outsider, voire en abuse via Mourad Boudjellal, Clermont se concentre sur l'essentiel: vaincre dimanche pour la première fois le RCT en Coupe d'Europe, et effacer un tout petit peu les finales perdues de 2013 et 2015.
Comme ils se retrouvent... En Coupe d'Europe, les deux clubs français ont pris l'habitude de se donner rendez-vous les années impaires en phase finale. Jamais autrement.
Jusqu'ici, l'affiche n'a souri qu'au RCT, vainqueur deux fois en finale, dont la première malgré une domination de l'ASM (16-15). Le président toulonnais Boudjellal a d'ailleurs déclaré à propos de 2013: "On leur a volé un (trophée). La première Coupe d'Europe, je sais pas comment on fait pour la gagner."
Ces souvenirs cruels ont marqué les Clermontois, champions de France 2010 à la poursuite d'un second titre depuis. Mais dimanche, les statistiques seront en leur faveur.
Ou plutôt, celles du RCT à l'extérieur sont assez catégoriques: les Varois se sont inclinés lors de leurs deux quarts de finale joués chez l'adversaire (2011 et 2016), et surtout, ils n'ont jamais gagné hors de chez eux depuis l'arrivée de Mike Ford fin octobre en remplacement de Diego Dominguez.
L'entraîneur anglais a ainsi connu 9 déplacements sans succès (1 nul, 8 défaites). Et plus que les chiffres, c'est l'impression de fin de cycle qui prévaut. Comme lors de la leçon reçue à... Clermont, le 8 janvier en Top 14. Les Varois avaient été dépassés en mêlée comme dans le secteur offensif (30-6).
"Clermont est favori", estime Eric Escande. "Il suffit juste de comparer leurs matches avec les nôtres mais également leur jeu. On ne peut pas dire qu'on est meilleur qu?eux aujourd'hui", abonde le demi de mêlée.
- "Il vaut mieux renoncer" -
Pour protéger ses joueurs et se protéger lui-même, peut-être en anticipant un lourd revers, Boudjellal a lancé un bel écran de fumée, dimanche dernier sur Stade 2, affirmant qu'il "ferait l'impasse" sur ce match et que ses joueurs feraient mieux de l'imiter.
"On est éparpillés, il nous manque beaucoup de monde. Pour nous la priorité, c'est d'être dans les six (premiers du Top 14). Jouer à Clermont, c'est l'assurance d'avoir deux ou trois blessés de plus. Je ne sais pas comment on placerait une demi-finale derrière", avait osé l'homme fort du RCT.
Une intox qui n'a pas déstabilisé son homologue montferrandais Eric de Cromières: "Non, non, ça ne prend plus, c'est de la rigolade. La chose qui m'étonne, c'est qu'on lui donne autant d'échos (...) pour raconter qu'il n'a personne pour jouer. J'aurais tendance à lui dire : +Il ne faut pas venir. Ce n'est pas la peine. Ca va te coûter de l'argent, des déplacements, des frais d'hôtel, etc. Il vaut mieux renoncer+."
La réalité sera tout autre, estimait de Cromières en début de semaine. "On aura une très grosse équipe de Toulon, avec les individualités et la volonté qu'ils ont en général dans les matches de Coupe."
- "On ne va pas se mentir" -
La composition des équipes, dévoilée vendredi, lui a donné raison. Hormis Matt Giteau, Mamuka Gorgodze et Charles Ollivon, l'infirmerie de Mike Ford s'est désemplie: François Trinh-Duc et Drew Mitchell seront titulaires, tout comme Romain Taofifenua, et Josua Tuisova pourra tenir sa place sur le banc.
"Il a besoin de s'enlever de la pression", a estimé Franck Azéma à propos de la stratégie de diversion de Boudjellal. "Le perdant aura de la pression lundi. (...) Ce qui change par rapport aux autres années, c'est que si Toulon perd, c'est pas Ford qui sera sur pression, c'est lui", explique l'entraîneur clermontois en référence à "la valse des entraîneurs" du côté de la rade.
Clermont, meilleure équipe de la phase de poules et 2e du Top 14, devra en tout cas assumer ce rôle de favori qui ne lui a pas forcément réussi lors des dernières campagnes. "Pas de souci", répond Azéma. "Cette étiquette de favori paraît logique aujourd'hui, au vu de notre campagne européenne. On ne va pas se mentir." Là encore, une approche différente.