Happy Birthday : |
En guerre pendant cinq ans au XIXe siècle, Chili et Pérou vont remettre le couvert sur le gazon, lundi, pour la première demi-finale de la Copa America 2015, dans un "clasico du Pacifique" sulfureux entre une "Roja" sevrée de titre et des "Incas" en feu autour de leurs papys trentenaires.
Pour espérer inscrire enfin son nom au palmarès de la Copa America, le Chili devra s'imposer dans ce 77e match entre frères ennemis, à Santiago. Une rencontre qui n'aura pas seulement le goût du football.
Car ce choc a des racines historiques. Les deux pays se sont affrontés entre 1879 et 1884 dans une guerre sanglante pour le contrôle d'une région riche en nitrate, et chaque match entre les deux équipes donne lieu à des manifestations de patriotisme forcené.
Au moment des hymnes lundi soir dans l'Estadio Nacional de Santiago, celui du Pérou risque donc d'être conspué par 45.000 spectateurs tous acquis à la cause de la "Roja".
Même si les deux équipes refusent, pour l'instant, les déclarations guerrières, l'atmosphère avant cette demi-finale est déjà explosive, par la faute de Gonzalo Jara.
- 3 matches de suspension pour Jara -
Le défenseur chilien de Mayence (1re div. allemande) a écopé dimanche d'une suspension de trois matches pour son geste obscène - un doigt dans les fesses - qui a fait sortir de ses gonds Edinson Cavani lors du quart de finale gagné par le Chili face à l'Uruguay (1-0).
Sans Jara qui formait l'intransigeante charnière centrale chilienne avec Gary Medel, la "Roja" est affaiblie.
Mais elle a déjà montré qu'elle était imperméable à la pression après la retentissante arrestation pour conduite en état d'ivresse d'Arturo Vidal.
Des quatre équipes encore course, le Chili a fait la plus forte impression avec trois victoires et un nul, onze buts marqués et seulement trois encaissés (contre le même adversaire, le Mexique).
"Mais il ne faudrait pas penser trop vite à la finale, sinon le Pérou va nous punir, car ils ont de très bonnes individualités", a prévenu Matias Fernandez, le milieu offensif de la Fiorentina.
Une référence peut-être au trio Guerrero-Farfan-Pizarro, ces trois trentenaires de la sélection inca, près d'un siècle de football à leur actif et des dizaines de buts à la clef. Dont ce triplé de Paulo Guerrero, attaquant du club brésilien de Corinthians, face à la Bolivie en quart de finale.
- Bicyclette -
Le Chili sent qu'il se rapproche d'un exploit historique: depuis la création de la Copa America en 1916, il attend toujours son premier sacre après quatre finales perdues, la dernière en 1987.
Le Pérou a enlevé deux éditions de l'épreuve-reine du football sud-américain, en 1939 et 1975, mais l'équipe-surprise du dernier carré n'entend pas s'arrêter en demi-finale, même face au pays-hôte.
"Nous sommes sereins et tranquilles, car nous savons que nous jouons bien au football", a résumé Carlos Lobaton. Et "Los Incas" assurent ne pas craindre le Chili, "une bonne équipe certes, mais face à qui on n'a pas de complexes à avoir", a prévenu le milieu de terrain du Sporting Cristal, autre "ancien" péruvien (35 ans).
Pourtant les statistiques du "Clasico du Pacifique" favorisent clairement le Chili, victorieux 41 fois pour 21 défaites et 14 nuls.
Quel que soit le vainqueur lundi, une épineuse rivalité devrait en tout cas persister entre les deux pays, qui revendiquent chacun la paternité de la "bicyclette": ce retourné acrobatique est évidemment une "Chilena" au Chili, mais une "Chalaca" au Pérou, en référence au port de Callao où elle aurait été inventée !