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© AFP/Fabrice Coffrini
Jacques Rogge, président du Comité international olympique, en conférence de presse au siège du CIO le 5 décembre 2012 à Lausanne
Après 12 ans à la tête du Comité international olympique (CIO), Jacques Rogge s'apprête à passer le flambeau en septembre et assure qu'il quittera l'organisation pour ne "pas être la belle-mère" envahissante de son successeur, comme il l'a dit à l'AFP.
L'ancien skipper, qui a participé à trois JO de 1968 à 1976, entrevoit la ligne d'arrivée. Mais dans les six mois qu'il lui reste à la barre, d'importantes décisions restent à prendre, de la révision du système de distribution des revenus à celle du programme olympique, et surtout le choix de la ville hôte des Jeux d'été 2020 et l'élection du nouveau président.
Après cela, le Belge, qui avait succédé à Juan Antonio Samaranch en 2001, se contentera d'un statut de membre d'honneur et se plaira à jouer "le papy qui conduit ses petits-enfants à l'école".
"J'ai l'intention de démissionner, je crois que c'est mieux pour l'organisation de ne pas avoir l'ancien président et l'actuel président dans les discussions et les décisions", a-t-il raconté dans un entretien avec l'AFP. "Je resterai en contact avec le mouvement sportif et le CIO mais je n'exprimerai pas d'opinion. Je ne veux pas jouer la belle-mère de mon successeur!"
De sa présidence, il aimerait qu'on garde l'image de "quelqu'un qui a fait son devoir": "Mon but a toujours été de transmettre à mon successeur un CIO solide et efficace. Je crois que j'ai suffisamment fait pour que les gens soient convaincus de ma lutte contre le dopage. Pour s'adresser à un public jeune avec les Jeux Olympiques de la jeunesse, et puis surtout mettre l'athlète au centre de nos préoccupations."
Gare au gigantisme
Le CIO, lui, est bien à l'abri de la crise: "nous avons une très solide base financière qui nous permettrait de tenir une olympiade sans Jeux s'ils devaient être annulés."
De tous les dossiers menés à bien, "le plus important a été la qualité des Jeux Olympiques, de Salt Lake City à Londres, tous les JO d'été et d'hiver sous mon regard furent de très grande qualité, grâce évidemment aux comités organisateurs locaux mais aussi à l'équipe qui m'entoure à Lausanne", a-t-il estimé. "Je chérissais ce moment spécial, où je pouvais clôturer les Jeux sachant qu'ils avaient été un grand succès."
Outre les problèmes de sécurité, le dopage et les compétitions truquées, la tentation du gigantisme est l'un des plus grands dangers, à ses yeux. "En cela, je me suis acharné à maintenir les Jeux dans une taille raisonnable mais il y a une espèce d'inertie du plus grand, du plus haut, du plus fort à laquelle nous devons résister".
© AFP/Leon Neal
Jacques Rogge, président du CIO, déclare clos les jeux Olympiques le 12 août 2012 à Londres
Grand passionné de sport, Jacques Rogge voit comme un privilège d'avoir pu réaliser, via ses fonctions, ses rêves et ses idéaux. En 12 ans, il a croisé des athlètes qui l'ont impressionnés comme le nageur Michael Phelps, le sprinteur Usain Bolt, la fleurettiste Valentina Vezzali, le skippeur Ben Ainslie, et "tous ces athlètes qui ont véritablement marqué leur sport et leur époque".
Impressionné par Mandela
Mais aussi des figures planétaires, comme l'ancien président sud-africain Nelson Mandela. "J'ai un énorme respect pour l'homme. On est à la limite d'être intimidé en sa présence", a souligné Jacques Rogge. "C'est un homme qu'on vénère de son temps et qui restera une icône dans l'histoire."
Présider le CIO exige, selon lui, de savoir écouter. "Il faut trouver une unité dans 204 comités nationaux olympiques, 35 fédérations internationales, près de 130 grandes compagnies de télévision, 15 sponsors et 10.500 athlètes aux Jeux. Alors tout ce brassage de cultures, de directions, je dirais, culturelles, religieuses et linguistiques différentes, requiert bien entendu le sens du compromis et le sens de la diplomatie, sinon on ne peut pas fonctionner."
Si le Comité international olympique regorge toujours de princes et princesses, l'ancien chirurgien orthopédique regrette "le côté caricatural de la vision que beaucoup de gens ont du CIO". D'abord parce que "ces représentants de la famille royale ont pour beaucoup d'entre eux un passé sportif de très haut niveau" et ensuite parce que "plus de 40% des membres ont participé eux-mêmes aux jeux Olympiques".
Selon le Belge, "le CIO est un subtil mélange d'athlètes jeunes, de représentants de fédérations internationales et de comités nationaux olympiques, de scientifiques, de diplomates, d'hommes politiques. Et c'est ce qui fait sa force."