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Lapins et visons encagés par milliers: la ville chinoise de Zhangjiakou, qui accueillera les JO d'hiver de 2022 en tandem avec Pékin, est un haut lieu de production de fourrures, et dans le collimateur des défenseurs des animaux, qui dénoncent la "torture" de bêtes écorchées vives.
Grande favorite, Pékin l'a emporté vendredi face à Almaty, ex-capitale du Kazakhstan, lors d'un vote du Comité international olympique (CIO) à Kuala Lumpur.
La capitale chinoise --déjà hôte des jeux Olympiques d'été en 2008-- partagera cette fois l'organisation des épreuves avec Zhangjiakou, ville-préfecture située à 200 kilomètres au nord-ouest.
Désormais décrite par les autorités chinoises comme un futur "paradis des sports d'hiver" --en dépit de son enneigement très relatif--, Zhangjiakou était surtout connue jusqu'à présent comme une place forte de la fourrure.
L'industrie des peaux, qui avait prospéré sous la dernière dynastie impériale Qing, emploie toujours 70.000 personnes dans la région.
Un secteur lucratif, qui devrait générer cette année plus de 5 milliards de yuans (734 millions d'euros) de revenus, selon le gouvernement provincial.
Plus de 1.500 entreprises se consacrent sur place à traiter et transformer les fourrures.
Si la plupart utilisent des peaux venues d'ailleurs, parfois importées d'Europe, la municipalité --qui subventionne généreusement l'industrie-- se félicite de voir les projets d'élevages proliférer comme "les bambous après la pluie".
Une des fermes locales affirme abriter quelque 32.000 lapins.
Dans un petit élevage en banlieue, des centaines de visons, lapins et renards sont serrés dans des cages alignées, à peine assez grandes pour qu'ils puissent se retourner, a récemment constaté l'AFP.
Malgré une chaleur caniculaire, nombre restaient ainsi sans eau, tandis que leurs excréments s'entassaient sous les cages.
"Zhangjiakou est une place célèbre pour la production de fourrure. Nous élevons nos animaux nous-mêmes et cela rapporte pas mal", se réjouissait le propriétaire Wang Yonglin.
- 'Chaud et à la mode' -
Tombé en disgrâce dans les années 1990, sous le coup de campagnes internationales de sensibilisation, le poil de vison et de renard a depuis fait son retour sur les podiums des défilés de mode.
Alors que le commerce mondial est estimé à 40 milliards de dollars, la Chine est devenu le plus gros exportateur de vêtements et accessoires en fourrures.
A Zhangjiakou, le centre Yangyuan International Fur City, avec 30.000 m2 de surface où s'alignent des éventaires de manteaux de vison et d'écharpes en renard, se présente comme "une mine d'or pour riches négociants".
"Les Chinois adorent porter du vison! C'est chaud et à la mode", déclare à l'AFP le directeur du centre, Felix Wang.
Mais les organisations de défense des animaux sont vent debout contre les pratiques de l'industrie de la fourrure en Chine, et exercent une forte pression sur les entreprises d'habillement occidentales.
Non sans succès: la chaîne Zara a ainsi annoncé en février cesser ses achats d'angora après des vidéos diffusées par l'ONG PETA montrant des élevages chinois où des lapins étaient écorchés vifs.
-'Industrie cruelle'-
Certaines images de PETA montrent des visons battus violemment contre le sol, puis dont la peau est arrachée alors qu'ils sont encore conscients.
Ces violences sur espèces non menacées ne sont pas prohibées par la loi chinoise.
Les entreprises de fourrure européennes, "ont déplacé leur production en Chine pour exploiter l'absence de lois sur la protection des animaux et l'insuffisante prise de conscience des Chinois sur le sujet", s'insurge Zhang Yuanyuan, du bureau Chine de l'association ACT Asia.
"J'espère que ces JO seront l'occasion pour Zhangjiakou de changer et de réformer cette industrie cruelle", a ajouté à l'AFP cette militante.
Les producteurs locaux eux assurent que leurs fourrures proviennent d'animaux tués au préalable, par électrochocs ou injections létales. L'éleveur M. Wang estime que le processus ne diffère guère des abattoirs fournissant les viandes d'élevage.
Jason Baker, vice-président de PETA Asie, n'est pas convaincu: "J'espère que Zhangjiakou pourra se moderniser, en se débarrassant d'une industrie tirant profit de la souffrance" des bêtes, un secteur "sans avenir".
A l'inverse, pour les autorités locales, l'organisation des jeux Olympiques permettra au contraire de développer encore davantage commerces et élevages.
"Ce district était pauvre il y a 30 ans. Maintenant on voit des BMW rouler partout", observe Wang Yonglin. "Les JO vont encourager encore plus de gens à venir ici acheter nos fourrures."