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La championne d'Europe des supers-légers Farida El Hadrati va tenter vendredi de ravir, devant son public clermontois, la ceinture de championne du monde WBA à l'Argentine Ana Laura Esteche, avant de raccrocher prochainement les gants.
Dans la salle de boxe de l'ASM Omnisports du quartier populaire de la Gauthière, Farida El Hadrati, 34 ans (9 victoires, dont 5 avant la limite), enchaîne deux fois par jour les entraînements, "jusqu'à en vomir".
"Ce n'est pas n'importe quel championnat du monde (de boxe anglaise), c'est le WBA, l'un des plus prestigieux au monde. Il va falloir se surpasser et aller chercher tout ce qu'on a au fond des tripes", affirme la boxeuse à la fine musculature, chaussée de baskets rose vif.
Pétillante et tout sourire avant l'entraînement, la jeune femme brune se métamorphose en redoutable guerrière lorsqu'il s'agit de mettre les gants et de cogner fort.
L'un des atouts de Farida El Hadrati: son crochet gauche. En mars 2015, la Hongroise Dalia Vasarhelyi, qui tentait de la priver de son titre de championne d'Europe, a essuyé les violents uppercuts de la Clermontoise, qui a remporté le duel par K.O au bout d'une minute et 32 secondes de combat.
"C'est une boxeuse complète. Elle a une bonne frappe, une bonne technique", souligne son entraîneur depuis 11 ans, l'emblématique figure de la boxe clermontoise Tony Maulus.
Face à la championne en titre Ana Laura Esteche (25 ans, 11 victoires, 4 défaites, 2 nuls), la Française compte jouer de son expérience.
"Elle a un physique imposant, elle travaille sur tous les angles mais elle a tendance à se jeter un peu trop", analyse celle qui ne s'entraîne qu'avec des sparring-partners masculins pour pouvoir "éprouver la dureté des combats" à chaque entraînement.
Originaire de Saint-Flour dans le Cantal, Farida El Hadrati découvre à 17 ans la savate (boxe française). Une discipline qui lui réussit: elle monte rapidement en élite, conquiert en 2002 le titre de championne de France puis la ceinture mondiale par K.O en 2005. La jeune femme décide de partir ensuite en anglaise pour perfectionner sa technique aux poings et sonne à la porte du respecté Tony Maulus, plutôt récalcitrant au départ sur la boxe féminine.
"C'est un sport rude et rugueux. Quand une femme ressort de temps en temps avec le nez qui saigne et un ?il au beurre noir, c'est dur !" déplore l'ancien entraîneur de Christian Merle, deux fois champion d'Europe des super-légers dans les années 90.
Entre le coach d'un naturel taiseux et la fougueuse boxeuse s'est tissée au fil des années une relation "très fusionnelle". "Il est comme un père spirituel. Je me confie à lui; il m'aide à avancer", confie Farida El Hadrati à propos de celui qui l'a conduit au sommet de son art.
- "Déjà gagné" -
En cas de victoire vendredi, elle marchera dans les pas des anciennes gloires de la boxe féminine, à l'image des Françaises Myriam Lamare et Anne-Sophie Mathis, ex-championnes du monde des supers-légers WBA.
Si ces dernières ont ouvert la voie à la professionnalisation en France de la boxe féminine, le combat de la médiatisation est encore loin d'être gagné: aucune chaîne de télévision ne retransmettra en direct le duel du Zénith d'Auvergne.
"On mérite d'être un peu plus mises en valeur. On transpire, on fournit les mêmes efforts et, à côté de cela, on a d'autres vies. C'est dévalorisant", regrette celle qui jongle entre sa vie de sportive, ses deux enfants et son travail comme référente éducative dans une école de la ville.
"C'est fatigant. J'arrive à un âge où il faudra lever un peu le pied, penser à autre chose, laisser la place à d'autres", souligne la boxeuse, qui envisage désormais à haute voix une prochaine fin de carrière.
Mais quelle que soit l'issue du combat, Farida El Hadrati a pourtant le sentiment d'avoir "déjà gagné"."Je suis arrivée à un niveau où je ne peux être que fière de moi. Elle est là ma victoire", glisse-t-elle encore dans un large sourire.