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Le pilier français Rabah Slimani (g) célèbre avec des supporters parisiens la victoire du Stade Français en Challenge européen contre Gloucester, le 12 mai à Edimbourg
Ils s'étaient promis de se quitter sur un titre: les cadres du Stade Français sur le départ ont réussi leur coup en remportant vendredi soir le Challenge européen, tout comme l'entraîneur Gonzalo Quesada, qui a pris le risque de faire l'impasse sur la fin du Top 14.
"Le Stade Français ne sera jamais un club comme les autres!", s'extasiait Max Guazzini, le président historique du club parisien (1992-2011), à l'issue d'une finale presque maîtrisée, notamment grâce à une discipline inhabituellement respectée, face à Gloucester (25-17).
La saison 2016-2017 du Stade Français sera en effet à ranger parmi les plus folles, dans une maison qui a pourtant une longue expérience en la matière: annonce en décembre du départ de Gonzalo Quesada en fin de saison, parcours longtemps laborieux en Top 14 (12e en fin d'hiver), projet de fusion avec le Racing 92 annoncé à la surprise générale par les présidents des deux clubs rivaux (13 mars), grève inédite des joueurs le lendemain, abandon du projet cinq jours plus tard, et puis ce sursaut sportif de l'équipe qui l'amènera aux portes de la qualification pour les barrages (finalement 7e) et au sacre d'Édimbourg.
Le tout alors que le président Thomas Savare doit annoncer d'un instant à l'autre un repreneur, et que le club peut encore espérer rallier la prochaine Coupe d'Europe via un double repêchage, ce vendredi à domicile face à Cardiff, puis probablement à Northampton le week-end suivant.
- 'La saison la plus bizarre' -
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L'arrière du Stade Français Hugo Bonneval célèbre la victoire de son équipe en Challenge européen face à Gloucester le 12 mai à Edimbourg
"C'est la saison la plus bizarre que j'aie passée, mais l'une des plus riches en émotions après celle où on a été champions (de France en 2015)", a commenté vendredi soir le pilier droit Rabah Slimani, artisan majeur du succès tant la mêlée parisienne a dominé celle de Gloucester.
Slimani, âgé de 27 ans et formé au club, rejoindra cet été Clermont. L'international français et les autres cadres sur le départ (Raphaël Lakafia, Hugo Bonneval, Geoffrey Doumayrou) avaient évoqué en cours de saison un "pacte des anciens" pour ne pas quitter Paris bredouilles.
En Top 14, l'affaire semblait pliée après un premier revers à domicile face à Toulouse (15-18) le 8 janvier. Pire, la grève des joueurs a fait craindre un forfait généralisé pour la fin de saison, avant une fusion vue comme à l'avantage du Racing.
"Ils ont passé la saison à ne pas savoir si le club serait là la saison prochaine", a pesé Quesada, "gavé de bonheur" après la victoire.
"S'il y avait eu une fusion... A un moment donné, cet hiver, on entendait aussi la rumeur d'une vente du club. C'était dur pour les joueurs, mais imaginez pour le staff. Il n'y en a pas un qui a lâché", s'est félicité l'Argentin, ému.
- Un dernier pari ? -
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Le centre du Stade Français Geoffrey Doumayrou (d) sur le point de marquer un essai en finale du Challenge européen face à Gloucester, le 12 mai à Edimbourg
"Ce groupe de joueurs avait toutes les raisons pour exploser. C'est drôle de dire que l'annonce de la fusion a servi à quelque chose. Cette annonce, en soit, est là juste pour créer de l'incertitude. Le groupe ne s'est pas servi de la fusion pour réagir: il a réussi à faire ce qu'il a fait malgré cette annonce", a ajouté Quesada dans une pique adressée au président Savare.
Le futur directeur sportif de Biarritz avait pris le risque de se priver de ses meilleurs éléments à Castres (défaite 33-10) et à Montpellier (défaite 27-26) afin de les préserver pour le Challenge. Hypothéquant ainsi les chances de qualification pour la phase finale de Top 14, finalement manquée de très peu: 3 points de retard au final sur le Racing, 6e et dernier barragiste.
"Si on commence comme ça, on peut revenir sur tous les matches de la saison", a balayé Slimani en se projetant sur le dernier objectif: "Il y aura des phases finales sans nous. Il nous reste encore un match à Jean-Bouin la semaine prochaine pour ce barrage de Coupe d'Europe, et si on le gagne, encore un match en Angleterre". L'occasion d'un dernier pari?