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Le sélectionneur du Gabon José Antonio Camacho, le 21 janvier 2017 à Libreville
"La pression pèse sur tout le monde, pas seulement sur le Gabon", répète son coach espagnol José Antonio Camacho. A d'autres: le pays-organisateur de la CAN-2017 doit gagner ou mourir dimanche contre le Cameroun pour ne pas tuer l'intérêt de la compétition ni aggraver les blessures d'une petite nation divisée.
De fait, le baromètre n'en finit pas de monter aux abords du stade de l'Amitié à Libreville. Camacho est arrivé en retard samedi devant la presse pour cause de visite du président Ali Bongo Ondimba aux Panthères après l'entraînement matinal.
"Le président nous a dit que le peuple s'en remet à nous", a déclaré Camacho, qui découvre l'Afrique et les frontières poreuses entre les enjeux sportifs et politiques, à la veille d'un match dont l'enjeu est enfantin: "Une victoire sinon la porte", dixit la Une du quotidien le Matin Equatorial.
"Le président a partagé avec nous l'impression que demain (dimanche, ndlr), c'est un match à quitte ou double. C'est une première finale", a ajouté le gardien et doyen des Panthères Didier Ovono.
Du haut de ses quelque 90 sélections en 13 ans, le portier d'Ostende (1re div. belge), 34 ans lundi, est dépêché par la "Fédé" gabonaise pour porter la bonne parole des Panthères, en l'absence du capitaine Pierre-Emerick Aubameyang qui préfère les vertus du silence.
"Par rapport à 2012 (ndr: première CAN à domicile), je dirais que la préparation a été différente. Le contexte politique a un tout petit peu miné les conditions de travail", reconnaît Ovono, premier joueur à faire allusion aux violences post-électorales qui ont marqué la réélection d'Ali Bongo en septembre dernier, laissant profondément divisé un petit pays d'1,8 million d'habitants.
- Premier pays-hôte éliminé au 1er tour depuis 23 ans? -
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Le sélectionneur du Cameroun Hugo Broos, en conférence de presse le 21 janvier 2017 à Libreville
Une partie de l'opposition boude la CAN et les Panthères, même si cela ne se voit pas au stade de l'Amitié (40.000 places), à peu près plein contre la Guinée-Bissau et le Burkina Faso.
A part les bouchons provoqués par le cortège présidentiel dans Libreville, la présence d'Ali Bongo à l'entraînement ne perturbe pas la délégation du Cameroun. "C'est leur problème. Nous devons nous concentrer sur nous-mêmes", lance le sélectionneur belge Hugo Broos, qui souhaite la victoire et la première place pour rester à Libreville et éviter en quart le Sénégal, "la meilleure équipe du tournoi".
"Je ne sais pas si le président du Gabon va jouer demain", ose avec impertinence le buteur camerounais Sébastien Siani à propos d'Ali Bongo.
A l'entraînement, Broos ménage l'attaquant Christian Bassogog, légèrement touché lors du match précédent, et tente de resserrer les mailles de sa défense, encore traumatisée par le but de l'attaquant de Guinée-Bissau Piqueti après une chevauchée en solitaire de 60 mètres balle au pied.
Gagner ou devenir le premier pays-hôte à ne pas passer le premier tour depuis 23 ans: le Gabon (deux points) n'a en effet pas d'autres choix face au Cameroun (quatre points) qui, lui, a besoin d'un match nul pour décrocher son billet pour les quarts.
Qui a le plus de maturité pour résister à la pression? "En 2012, on avait des joueurs plus âgés. Là, nous avons des joueurs qui découvrent la compétition. Au premier match, on a tâtonné. On est encore en train de montrer en puissance", assure Ovono.
- 'Une Panthère blessée est toujours dangereuse' -
Pour marquer un but de plus que l'adversaire, le Gabon peut compter sur son duo "Auba-Bouanga".
Souvent sevré de ballons, la star du Borussia Dortmund monopolise l'attention permanente d'un ou deux défenseurs adversaires, laissant de l'espace pour le jeune joueur de Tours (2e div. française) Denis Bouanga.
Homme du match contre le Burkina Faso, auteur d'une frappe sur la transversale, le Franco-Gabonais, âgé de 22 ans, découvre pour la première fois le pays de son père où il dispose d'une superbe vitrine pour améliorer ses prochains contrats professionnels.
Pour le reste, le Gabon sera privé de Mario Lemina (Juventus Turin), déjà rentré en Italie se faire soigner, et de Johan Obiang (Troyes/2e div. française), sorti en cours de jeu contre le Burkina.
Le Gabon avait battu le Cameroun il y a sept ans en Angola (1-0) sur un but de Daniel Cousin, désormais manager général des Panthères.
"Le football, ce n'est pas l'histoire. L'histoire, c'est le présent", balaie Ovono.
"Une Panthère blessée peut être très dangereuse", conclut-il. Et un journaliste camerounais de lui demander: "Même devant un Lion?".