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Après avoir été l'homme du "Pentacampeao", la 5e Coupe du monde remportée par le Brésil en 2002 sous sa houlette, le sélectionneur du Brésil Luiz Felipe Scolari est devenu l'homme de l'"humilhação".
Et sans surprise, Scolari, 65 ans, a été remercié lundi par sa Fédération (CBF), incapable de maintenir à la tête de la Seleçao, le responsable de l'humiliant 7-1 encaissé en demi-finale de "son" Mondial, face aux Allemands puis du terrible 3-0, face aux Pays-Bas dans le match pour la 3e place.
Sanguin, "Felipao" (grand Felipe) n'est pas seulement l'homme qui traitait depuis les gradins son prédécesseur d'"âne", mais aussi un entraîneur qui perd son calme. Comme en 2007, quand, alors sélectionneur du Portugal, il frappe au visage le défenseur serbe Ivica Dragutinovic.
- 'Dur et affectueux' -
Pour ses joueurs, c'était aussi et surtout le sélectionneur capable d'unir un groupe.
"Scolari a ce côté dur, mais ce côté familial, affectueux, qui lui fait mériter ce qu'il construit", confiait au printemps l'ex-attaquant Luizao.
Avant d'être rappelé à la tête de la Seleçao en novembre 2012, Scolari avait déjà passé un an à ce poste entre juillet 2001 et août 2002: Une année suffisante pour entrer dans l'histoire avec le titre suprême au Mondial-2002.
Ce sosie de l'acteur américain Gene Hackman, peaufinait ainsi son profil d'entraîneur triomphal grâce à une rigueur aussi bien tactique que disciplinaire.
D'où des surnoms comme "Sargentao" (sergent-chef) ou "le Dictateur". "Quand on me demande mon opinion, je dis vraiment ce que je pense, se défend-il. Ma réponse ne va pas toujours dans le sens de ce que les gens voudraient entendre".
"Une équipe brésilienne qui joue avec une organisation européenne, avec une réflexion tactique, c'est quelque chose de magnifique, avançait-il aussi sur le plan du jeu. Mais il est difficile de faire comprendre ça aux joueurs."
L'homme a su montrer sa poigne, assumant des choix parfois contestables. En 2002, il résiste à l'opinion publique qui souhaitait ardemment en 2002 le retour en sélection du monstre sacré Romario.
Nommé sélectionneur du Portugal après le Mondial-2002, Scolari n'avait pas hésité à nouveau à écarter des cadres de la "génération dorée" comme Vitor Baia et Joao Pinto, au profit de jeunes comme... Cristiano Ronaldo.
Succès là encore: la "Selecçao" (surnom des Portugais) retrouvait les sommets depuis la 3e place de l'équipe du mythique Eusebio à la Coupe du monde 1966, avec une finale à l'Euro-2004 et une 4e place au Mondial-2006.
- Le détour ouzbek -
La défaite en demi-finale face à la France de Zidane en 2006 figeait alors deux records pour Scolari en Coupe du monde, celui du nombre de matches consécutifs sans défaite (12: sept avec le Brésil, cinq avec le Portugal) et celui du nombre de victoires consécutives (11: 7+4).
Après un quart de finale à l'Euro-2008, Scolari relevait le défi d'un club: Chelsea. Mais à la suite de débuts prometteurs en Angleterre, ses Blues peinaient et les cadres, notamment Drogba et Lampard, menaient la contestation contre ses méthodes jugées autoritaires. Au bout de huit mois, exit "Big Phil".
Ce fut un sérieux coup d'arrêt pour le Brésilien, qui prenait alors le chemin de l'exil aussi exotique que rémunérateur à Tachkent, en Ouzbékistan, au sein du club hégémonique de Bunyodkor.
En 2010, direction Palmeiras: s'il remportait la Coupe du Brésil 2012, le club de Sao Paulo végétait dans la zone rouge en championnat, son entraîneur le quittait en septembre 2012.
Son expérience en faisait a priori l'homme idoine pour mener la génération Neymar au mythique stade Maracana, lieu de la finale du Mondial-2014.
Là encore, ses choix de laisser de côté des stars (Ronaldinho, Kaka...) au profit de jeunes, finalement incapables de supporter la pression d'un Mondial à la maison, avait été critiqués. Mais l'homme était resté de marbre, malgré un niveau de jeu laissant perplexe dès le 1er tour.
Et à défaut d'une sixième étoile de champion du monde sur le c?ur, c'est avec une étiquette de "perdant historique" dans le dos que Scolari quitte la Seleçao.