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© AFP/Roberto Stuckert
La présidente brésilienne Dilma Rousseff lors de l'inauguration du stade Arena Dunas le 22 janvier 2014 à Natle
Une première journée de protestations contre le Mondial 2014 est organisée samedi dans tout le Brésil par les activistes d'Anonymous, dont le degré de mobilisation servira de thermomètre social à cinq mois de la Coupe du monde de football.
Sous le mot d'ordre "la Coupe du monde n'aura pas lieu", ces manifestations sont convoquées par le mouvement contestataire Anonymous sur sa page Facebook. Ces manifestations, "qui seront suivies d'autres" selon Anonymous, sont programmées dans 36 villes de ce gigantesque pays d'Amérique du sud peuplé de 200 millions d'habitants.
Les organisateurs reprennent les slogans de la fronde sociale historique qui avait ébranlé le pays en juin dernier, en pleine Coupe des Confédérations de football. Ils dénoncent la précarité des services publics (transports, santé, éducation) et les dépenses colossales investies dans l'organisation du Mondial, qui se disputera du 12 juin au 13 juillet dans douze villes hôtes.
A Rio, théâtre de manifestations massives et souvent houleuses en juin 2013, un rassemblement est convoqué à 17h00 locales (20h00 GMT) sur la plage de Copacabana, devant le Copacabana Palace. A Sao Paulo, les protestataires se sont donnés rendez-vous à la même heure devant le Musée d'Art de Sao Paulo (Masp).
Des rassemblements sont aussi prévus à Salvador de Bahia, Porto Alegre, Belo Horizonte, Curitiba, Brasilia...
Prends ton masque!
"Prends ton masque à gaz!", a suggéré à l'AFP une avocate qui apporte une assistance juridique aux habitants expulsés des abords du stade Maracana. "A Rio, 4.000 personnes ont confirmé leur présence sur les réseaux sociaux; on attend entre 500 et 1.000 manifestants", a-t-elle précisé.
Selon elle, le Comité populaire des personnes flouées par le Mondial a également appelé à manifester.
"Passe Livre", le mouvement pour les transports publics gratuits qui avait mis le feu aux poudres en juin avec une manifestation à Sao Paulo contre la hausse du prix du ticket de bus, "soutient les manifestations mais n'y participera pas" car "on ne peut pas être partout", a allégué un de ses porte-parole Caio Martins.
Le Secrétariat à la sécurité publique de l'Etat de Rio a indiqué à l'AFP "qu'un suivi constant (des réseaux sociaux) était assuré par les services de renseignement" depuis les manifestations massives de 2013. "Les manifestations publiques font partie du régime démocratique. En cas de vandalisme, les forces de sécurité interviendront", a ajouté le Secrétariat dans un mail à l'AFP.
Depuis juin, les manifestations se sont peu à peu radicalisées avant de quasiment disparaître. Dernièrement, lors d'appels à se rassembler lancés sur Facebook, les internautes confirmaient leur présence mais n?apparaissaient finalement pas. Sauf dans le cas de "rolezinhos", ces "flash mob" de jeunes des favelas dans les centres commerciaux, qui ont surgi en décembre, mais dont certains ont été interdits par la justice.
Pour le sociologue de l'Université de Rio (Uerj), José Augusto Rodrigues, il est difficile de prévoir si les manifestations de samedi seront suivies.
"Thermomètre"
"Il existe une certaine ébullition sur les réseaux sociaux en raison de l'interdiction des +rolezinhos+. Mais il est difficile de dire s'il y aura du monde ou non. Cela va servir de thermomètre", explique-t-il.
"Ce qui se passera va dépendre aussi du comportement de la police. S'il y a répression, cela va déclencher la solidarité", analyse M. Rodrigues. "Il y aura des manifestations pendant le Mondial --d'autant que c'est une année d'élections générales--" mais "pas à l'échelle de juin", selon lui.
"Les gens ont perdu l'envie de manifester en raison de la radicalisation de certains groupes et les pouvoirs publics, de leur côté, ont appris à gérer les manifestations", souligne-t-il.
Pour Alba Zaluar, une autre sociologue de l'Uerj, "ceux qui prônent le rejet de la Coupe du monde ont oublié de consulter le peuple brésilien".
"C'est un peu tard maintenant, et se sont-ils mis d'accord avec la population qui aime le football?", s'interroge Mme Zaluar.