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Violences le 25 janvier 2014 à Sao Paulo lors de la première journée de mobilisation anti-Mondial convoquée dans 36 villes du Brésil par le mouvement contestataire Anonymous
La première journée de mobilisation anti-Mondial convoquée dans 36 villes du Brésil par le mouvement contestataire Anonymous s'est achevée dans la violence à Sao Paulo, mais n'a pas réussi à mobiliser plus que quelques milliers de manifestants à travers le pays.
Lancée sous le mot d'ordre "la Coupe du monde n'aura pas lieu", ce galop d'essai était considéré comme un premier test de l'humeur sociale du pays ébranlé par une fronde sociale historique en juin 2013, en pleine Coupe des confédérations de football.
A moins de cinq mois du coup d'envoi du Mondial de football (12 juin au 13 juillet), la plus importante manifestation a rassemblé à Sao Paulo plus de 2.000 personnes qui occupaient l'avenue centrale Paulista et plusieurs autres artères de la capitale économique du pays.
Les manifestants ont déployé des banderoles aux slogans comme "S'il n'y a pas de de droits, il n'y a pas de Coupe" ou encore "Brésil, réveillons-nous, un professeur vaut plus qu'un Neymar", allusion aux salaires des joueurs de foot démesurés face à ceux des maîtres d'école.
La manifestation, qui avait commencé calmement, s'est terminée dans la violence lorsque plusieurs manifestants se sont détachés du cortège et ont affronté les forces de la police. Au moins un véhicule a été incendié et des magasins et une agence bancaire ont été vandalisés.
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Des manifestants arrêtés le 25 janvier 2014 à Sao Paulo lors de la première journée de mobilisation anti-Mondial convoquée dans 36 villes du Brésil par le mouvement contestataire Anonymous
Près de 30 personnes ont été arrêtées à Sao Paulo, selon les médias locaux, qui ont rapporté la présence de membres du groupe anarchiste "Black Bloc", connus pour leurs actions violentes, qu'ils commettent le visage masqué.
A Rio de Janeiro, environ deux cents manifestants -pour presque autant de journalistes et le double de policiers-, ont protesté devant le Copacabana Palace, où sera logée la Fifa pendant le Mondial, ont rapporté des journalistes de l'AFP. Interrogé sur cette faible mobilisation, un manifestant, Alexandre Soares, professeur d'univerité expliquait qu'en cette saison d'été (austral) "beaucoup de gens sont en vacances ou à la plage".
"On ne peut pas comparer avec le mouvement massif de 2013 qui fut un moment unique. Mais je suis certain que d'ici à la Coupe la mobilisation va peu à peu s'intensifier", a-t-il dit.
"Un enfer"?
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Des manifestants défilent le 25 janvier 2014 à Sao Paulo lors de la première journée de mobilisation anti-Mondial
"Je crois que cette mobilisation peut même réussir à empêcher le Mondial. Et sinon, prévient-il, alors je souhaite bonne chance aux stades, aux sponsors et à la Fifa, parce que nous allons faire de cette Coupe un enfer!"
Ailleurs qu'à Rio, la mobilisation a également été extrêmement faible, comme à Recife (nord-est) et Goiania (centre) où les manifestations ont rassemblé chacune une centaine de personnes munies de pancartes dénonçant la facture du Mondial.
Les organisateurs ont repris les slogans de la fronde sociale de juin 2013. Ils réclament des investissements massifs dans des services publics précaires (transports, santé, éducation) et dénoncent les dépenses colossales investies dans l'organisation du Mondial.
"Passe Livre", le mouvement pour les transports publics gratuits qui avait mis le feu aux poudres l'an dernier avec une manifestation à Sao Paulo contre la hausse du prix du ticket de bus, avait indiqué vendredi son soutien aux manifestations tout en précisant qu'il n'y participerait pas.
Après juin, les manifestations se sont poursuivies à Rio et Janeiro et Sao Paulo pendant l'automne.
Mais elles ont peu à peu perdu en intensité, en même temps qu'elles se radicalisaient, dégénérant en affrontements systématiques entre militants anarchistes de Black Blocs et la police militaire, avant de s'éteindre peu à peu.
José Augusto Rodrigues, sociologue à l'Université de Rio (Uerj), estime qu'"il y aura des manifestations pendant le Mondial, d'autant que c'est une année d'élections générales" mais "pas à l'échelle de juin dernier". "Les gens ont perdu l'envie de manifester en raison de la radicalisation de certains groupes et les pouvoirs publics, de leur côté, ont appris à gérer les manifestations", avait-il indiqué vendredi à l'AFP, en soulignant que le degré de mobilisation de samedi servirait de "thermomètre".
Pour Alba Zaluar, une autre sociologue de l'Uerj, "ceux qui prônent le rejet de la Coupe du monde ont oublié de consulter le peuple brésilien". "C'est un peu tard maintenant, ajoute-t-elle. "Se sont-ils mis d'accord avec la population qui aime le football ?", s'interroge Mme Zaluar.