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De nombreuses manifestations anti-Mondial sont convoquées dans tout le Brésil jeudi, offrant aux organisateurs l'occasion de jauger leur capacité de mobilisation et aux forces de l'ordre l'opportunité de démontrer leur aptitude à contenir les débordements à 28 jours du coup d?envoi de la compétition.
L'appel à la mobilisation a été lancé depuis plusieurs jours sur les réseaux sociaux. La plupart des mouvements sociaux, organisations civiles et partis politiques qui contestent la tenue de la compétition ont appelé à des rassemblements dans au moins dix des douze villes hôtes sous le même étendard: "Mondial sans le peuple, me revoilà dans la rue!".
A Sao Paulo, la mégapole du pays, quelque 5.000 membres du Mouvement des travailleurs sans toit (MTST), suivis de près par la police, ont manifesté dans la matinée en brûlant des pneus aux abords du stade Itaquerao où aura lieu le match d'ouverture le 12 juin, a constaté un photographe de l'AFP.
Quelque 200 métallurgistes protestaient également contre le chômage dans la zone sud de la capitale économique brésilienne et 400 autres manifestants bloquaient une avenue à proximité pour exiger des logements, selon la TV Globo news.
A 9h30 locales (12H30 GMT), les barrages de routes avaient provoqué plus de 100 km de bouchons, selon la compagnie qui gère la circulation (CET).
- Compte à rebours -
Guilherme Boulos, un dirigeant du MTST qui soutient quelque 3.000 familles de sans-logis qui campent près du stade sous le mot d'ordre "Coupe du peuple", a affirmé au site internet de Folha de Sao Paulo: "C'est le compte à rebours: ils ont 28 jours pour résoudre les occupations de terrain. Sinon ils auront des problèmes".
Parmi les autres organisations qui ont appelé à manifester jeudi figurent les Comités populaires de la Coupe, qui s'opposent aux entraves aux droits de l'homme dans l'organisation du Mondial, et le mouvement étudiant "Passe livre" (MPL). Ce dernier lutte pour la gratuité des transports et a été à l'origine de la fronde sociale de juin 2013.
Le principal rassemblement est prévu à 17h00 locales (20H00 GMT) à Sao Paulo, où les organisateurs espèrent réunir 15.000 personnes.
Dans d'autres villes comme Rio, Brasilia ou Belo Horizonte, des marches et rassemblements sont prévus dans l'après-midi. A Rio, les groupes Anonymous et Black Bloc (anarchistes) ont confirmé leur présence.
Les dernières manifestations de ce type, en mars et avril, avaient peu mobilisé et celles de jeudi serviront de baromètre pour la capacité de mobilisation des organisateurs.
De leur côté, les forces de sécurité devront prouver qu'elles sont entraînées et prêtes pour éviter les troubles de grande envergure, souligne le quotidien O Globo.
- Zéro tolérance face à la violence -
Jeudi, le ministre des Sports Aldo Rebelo a estimé qu'il "n'y a aucune raison de tolérer des actes contraires à la démocratie", lors d'une audience au Sénat.
"Il n'est pas légitime que chacun puisse imposer son agenda au moyen de la force", a-t-il souligné dans une allusion aux grèves qui commencent à se multiplier dans le pays.
Des mouvements sociaux sont en recrudescence au Brésil à l'approche du Mondial: après une grève des conducteurs de bus à Rio qui s'est soldée par 708 bus endommagés, ce sont les professeurs des écoles publiques qui y font grève depuis lundi, mais aussi les fonctionnaires du ministère de la Culture.
A Recife (nord-est) les policiers militaires et agents pénitentiaires sont en grève depuis mercredi alors que la police fédérale menace de garder les bras croisés pendant le Mondial.
juin 2013, une fronde sociale massive avait ébranlé le pays contre les sommes colossales investies dans la construction des stades au détriment des services publics.
Par la suite, elles avaient perdu en intensité mais se sont progressivement radicalisées pour devenir la principale préoccupation sécuritaire des autorités qui vont mobiliser 170.000 policiers et militaires pour éviter tout débordement violent susceptible d?entacher la grande "fête" du football.
La mort d'un caméraman de télévision, atteint en pleine tête par une fusée d'artifice lancée par des manifestants, le 6 février à Rio, avait suscité une grande indignation dans le pays et un net durcissement du gouvernement. "Nous n'aurons aucune complaisance avec ça, il faut réprimer", avait lancé la présidente de gauche Dilma Rousseff.