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La présidente brésilienne Dilma Rousseff s'est accordée vendredi un répit olympique à Rio de Janeiro, mais la flamme n'y était pas à quelques jours d'un vote crucial des députés sur sa destitution.
Loin des tensions de Brasilia, la dirigeante de gauche a participé à l'inauguration de la piscine olympique des Jeux de Rio-2016, l'un de ces actes protocolaires qui font d'ordinaire la routine vite oubliée des chefs d'Etat, entre détente et ennui.
Sauf que Dilma Rousseff ignorait si ce serait bien elle qui représenterait le Brésil à la tribune d'honneur du stade Maracana le 5 août pour la cérémonie d'ouverture des premiers Jeux de l'histoire en Amérique du Sud, comme cela est programmé depuis des années.
Ou si au contraire elle devrait s'infliger sur son téléviseur les sourires de son vice-président et désormais rival Michel Temer, appelé à lui succéder si elle était évincée du pouvoir.
"Actuellement au Brésil il y a un certain climat de mauvaise humeur qui n'aide pas à la stabilité économique et politique du pays", a relevé avec amertume Mme Rousseff dans son allocution dans le village olympique.
"Si nous sommes capables d'organiser des Jeux, nous sommes capables aussi de faire retrouver la croissance à notre pays. C'est pourquoi ceci est un moment spécial, un symbole, un exemple pour le Brésil de ce qu?il est possible de faire quand les gens de bonne volonté s?unissent en faveur du bien du peuple brésilien", a-t-elle ajouté.
- Rousseff n'ira pas à Athènes -
Au même moment, le Comité olympique hellénique (COH) annonçait que Mme Rousseff avait annulé son déplacement en Grèce prévue pour le 21 avril afin d'y assister à l'allumage de la flamme olympique pour les JO de Rio.
"Nous savions que Mme Rousseff devait venir, mais l'ambassade brésilienne nous a informés aujourd'hui qu'elle ne viendrait pas", a indiqué à l'AFP le porte-parole du COH, Tassos Papachristou.
Il a ajouté qu'aucun élément n'avait été donné par l'ambassade au COH pour expliquer l'annulation de sa participation à cette cérémonie qui se déroulera sur le site de l'Olympie antique, dans le Péloponnèse.
La présidence brésilienne a assuré de son côté que ce voyage n'avait pas été annulé puisqu'il n'avait jamais été confirmé...
Les JO-2016, attribués en 2009 à Rio de Janeiro, devaient consacrer l'avènement sur les devants de la scène mondiale du Brésil, puissance émergente des années 2000 en plein boom socio-économique, incarné par Luiz Inacio Lula da Silva, premier président du géant d'Amérique latine issu de la classe ouvrière.
Aujourd'hui, Lula fait face à des soupçons de corruption. Et Dilma Rousseff, son héritière politique, lutte pour sauver son deuxième mandat au milieu d'une tempête politique historique alimentée par une sévère récession économique et le scandale de corruption Petrobras.
Après sa pause à Rio, Mme Rousseff devait retourner dans la soirée à la rude réalité de Brasilia où une commission parlementaire se prépare à voter lundi un rapport recommandant ou non sa destitution.
- Semaine décisive pour Rousseff -
Vendredi prochain, les députés entameront leurs débats en assemblée plénière pour décider si la procédure doit cheminer jusqu'au Sénat qui aurait alors le dernier mot sur la destitution de la présidente.
L'opposition devra obtenir les deux tiers de votes (342 sur 513) à l'Assemblée pour que la procédure se poursuive, faute de quoi elle sera automatiquement enterrée.
Mais pour le moment, aucun des deux camps n'a encore la garantie qu'il obtiendra un nombre de votes suffisant, environ 120 députés se disant encore indécis ou refusant de révéler leurs intentions.
Le vote devrait intervenir le 17 ou le 18 avril, si le calendrier parlementaire n'est pas entre-temps bousculé par un éventuel recours en justice du camp présidentiel.
L'opposition accuse Mme Rousseff d'avoir maquillé les comptes publics de l'Etat pour minimiser l'ampleur des déficits et de la crise économique en 2014, l'année de sa réélection de justesse, ainsi qu'en 2015.
La présidente se défend d'avoir commis toute irrégularité d'une gravité pouvant justifier sa destitution et dénonce une tentative de "coup d'Etat" institutionnel d'une opposition revancharde n'ayant pas accepté sa défaite électorale de 2014 dans la foulée du Mondial de football.