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Des coups qui pleuvent sur un ring en forme de cage : un gala de MMA, sport de combat mis à l'index en France, a eu lieu samedi en plein Paris et c'est une première. Le ministère des Sports tempête mais les organisateurs affirment que "tout était en règle".
Le MMA (Mixed Martial Arts, Arts Martiaux mixtes) allie les techniques de tous les sports martiaux et de combat (les projections du judo, la percussion des différentes boxes, la soumission de la lutte et du jujitsu). Les combats sont pratiqués dans un octogone, ou cage, et comprennent des coups au sol, deux points qui posent problème en France.
. Une soirée coup de poing
Grosse surprise chez les fans de MMA samedi soir. Des combats, dans un octogone grillagé, avec des frappes au sol, ont eu lieu en plein Paris, et pas n'importe où : au célèbre Cirque d'Hiver.
Il arrive fréquemment que des spectacles de MMA soient organisés, sous couvert d'autres appellations (combat libre, 100% fight, pancrasse, etc.) et dans des salles confidentielles difficiles à contrôler. Mais la soirée de samedi était clairement vendue comme une compétition MMA, comme l'atteste l'affiche qui comporte les mots "arts martiaux mixtes" sous le titre "Cage Encounter#4" assez peu ambigu.
"Ces combats n'auraient pas dû avoir lieu", a assuré à l'AFP le cabinet du secrétaire d'Etat aux Sports, Thierry Braillard. "Il est impossible qu'ils aient été déclarés (à la préfecture lors de la demande d'autorisation, ndlr) comme étant du MMA."
Mais d'après Fernand Lopez, l'un des organisateurs, la soirée avait été déclarée en préfecture avec le label MMA "pour ne pas risquer une interdiction de dernière minute". La demande d'autorisation émise par le SC Faubert, association loi 1901, comportait en annexe les règlements détaillés du sport au centre de cette soirée: le MMA, selon ces documents consultés par l'AFP. Aucune interdiction n'a été émise dans les dix jours, ce qui vaut accord.
Interrogée par l'AFP, la préfecture de Police a seulement indiqué qu'"il y a eu une déclaration faite comme spectacle sportif".
Ni les autorités ministérielles dépêchées sur place ni les forces de l'ordre présentes au Cirque d'hiver n'ont empêché le bon déroulement de la soirée, même après avoir constaté que les combats comportaient des frappes au sol. L'avocate de SC Faubert Tatiana Vassine y voit la preuve qu'il n'y avait rien à interdire puisque "tout était en règle".
. Une règlementation floue
Interdit ou non en France, le MMA ? Ses adversaires s'appuient sur une recommandation du Conseil de l'Europe sur les "pratiques sportives dégradantes" d'avril 1999. Elle enjoint les Etats membres de "prendre toutes les mesures nécessaires pour interdire et empêcher les combats libres tels que la lutte en cage".
La France est l'un des seuls pays européens à tenter d'appliquer cette recommandation transcrite dans l'article 331-2 du Code du sport qui proscrit "toute manifestation portant atteinte à l'intégrité physique ou morale des pratiquants". Une règlementation un peu floue, qui peut prêter à diverses interprétations.
Le MMA est en outre interdit de représentation légale en France : le ministère des Sports, qui accorde agrément ou délégation aux fédérations sportives, lui a toujours refusé l'un des deux. Aucune fédération agrémentée ne peut posséder de section MMA.
Certaines, comme la lutte, le judo, le karaté, la boxe, abritent des comités de combat libre, à condition qu'ils interdisent les frappes au sol.
Il existe cependant une commission de MMA depuis 2008, date de la libéralisation de la pratique amateur, mais elle n'a pas le pouvoir d'organiser de spectacles. Elle régit de nombreux clubs de MMA, au succès grandissant... dont certains reçoivent des subventions publiques.
L'interdiction formelle ou, à l'inverse, la libéralisation de la discipline est un serpent de mer depuis une dizaine d'années. D'un côté, des opposants farouches, comme le président de la Fédération française de judo Jean-Luc Rougé ou l'ex-ministre Valérie Fourneyron. De l'autre, des partisans déclarés comme Hugues Moutouh, ancien directeur de cabinet du secrétaire d'Etat aux sports Bernard Laporte.
. Et maintenant ?
Le ministère a engagé une enquête administrative et annonce un durcissement des règles mais le train MMA est lancé, sauf à voir la discipline visée nommément par un article du code du sport, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui.
Selon M. Lopez, "il y avait peu de manifestations jusqu'ici car les organisateurs potentiels avaient peur d'investir dans un événement qui risquait d'être annulé à la dernière minute" par la Préfecture, souvent pour risques de troubles à l'ordre public.
Le succès de la soirée de samedi, dont les billets se sont arrachés, va forcément provoquer des vocations.