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© AFP/Hakon Mosvold Larsen
Le biathlète français Martin Fourcade lors du 15 km Mass Start d'Oslo, le 19 mars 2017
"Insondable et irréel": juste après avoir bouclé dimanche la saison sur deux nouveaux records (14 victoires sur un exercice, 20 petits Globes), le Français Martin Fourcade n'a pas trouvé d'autres mots pour expliquer son insolente domination sur la Coupe du monde de biathlon.
Q: Racontez-nous cette dernière course incroyable avec l'épisode du chargeur vide et l'intervention de votre entraîneur de tir qui aurait pu vous coûter la disqualification...
R: "C'était une course un peu folle. Ce n'est pas un scénario qu'on imagine. On n'imagine pas de se retrouver au premier tir de la course sans aucun chargeur rempli. Il a fallu s'adapter et improviser. C'était une grossière erreur de ma part. J'ai huit chargeurs en ma possession, quatre pour les réglages et quatre pour la course. Et je n'ai pas chargé le chargeur de course. Je me suis retrouvé au départ avec quatre chargeurs vides et je m'en suis aperçu sur le stand. Dans le feu de l'action, +Paulo+ (Jean-Paul Giachino, l'un des entraîneurs de tir de l'équipe de France, ndlr) me l'a envoyé directement sur le tapis. Or dans le règlement, un coach n'a pas le droit de porter assistance à un athlète. C'est l'officiel de l'IBU (Fédération internationale, ndlr) qui aurait dû m'apporter le chargeur. C'est ça qui est soumis à disqualification et je le savais très bien. Je l'ai intégré dès le début de la course et je me suis attelé à faire la plus belle course possible, pour, en cas de disqualification, prouver ma vraie valeur sportivement et montrer qu'une petite erreur, qui mérite plus un carton jaune qu'un carton rouge, n'effacerait pas la beauté de la course. La manière dont j'ai géré la course a joué dans le choix des autres nations de ne pas porter réclamation. C'est un grand geste de leur part et je sais l'apprécier."
Q: C'est un scénario incroyable qui boucle une saison exceptionnelle...
R: "Au-delà du gros fait divers de la course, il n'y avait pas d'autres manières que celle-là de clôturer la saison. Cela aurait été dommage de finir sur une vilaine 15e place ou sur une course anonyme. Après la saison que j'ai faite et le sacrifice qu'on a fait avec ma compagne (qui attend enfant, ndlr) de faire le choix de venir à Oslo, je me devais pour moi, pour l'équipe, et par respect pour ma saison, de montrer mon meilleur visage. Je l'ai presque fait avec un peu de piment pour gagner cette course."
Q: Parvenez-vous à réaliser la saison record que vous venez de vivre?
R: "C'est un peu irréaliste mais je travaille très dur et je mets en place énormément de choses. Je n'ai pas volé une seule de ces victoires. Mais je suis conscient aussi que j'ai une étoile qui brille assez fort. Même s'il y a beaucoup de travail, il y a des qualités et des ressources plus faciles pour moi à mobiliser. Je suis avec mes copains en équipe de France 200 jours par an et ça doit être frustrant pour eux parce qu'ils font le même travail que moi. Je suis conscient que ce qui me permet de me démarquer des autres est un peu insondable et un peu irréel".
Q: Allez-vous adapter votre programme la saison prochaine en vue des Jeux de 2018?
R: "Je ne pourrai pas occulter le fait que les JO seront le point d'orgue de ma saison et la seule chose sur laquelle je serai attendu. Je sais qu'un Globe de cristal en fin de saison n'effacera pas une contre-performance aux JO. Je connais mes objectifs, je sais sur quoi je suis attendu et sur quoi je m'attends. Mon programme sera adapté en fonction de ça."