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© AFP/FRANCK FIFE
La biathlète tricolore Marie Dorin-Habert, lors du relais 4x6 km des Mondiaux de Hochfilzen, le 17 février 2017
Qu'arrive-t-il à Marie Dorin? Double médaillée en relais mais toujours bredouille individuellement, la chef de file du biathlon français traîne son spleen aux Mondiaux-2017, refusant même coûte que coûte d'assumer son statut avant la dernière épreuve, la mass start prévue dimanche à Hochfilzen.
Celle qui avait été la grande dame de l'édition 2016 (six podiums dont trois victoires) n'a plus qu'une opportunité pour se racheter et quitter l'Autriche sur un bilan honorable. Reste à savoir dans quelles dispositions psychologiques la Française de 30 ans, incapable de se défaire de ses pensées négatives, abordera l'ultime rendez-vous des Championnats du monde.
Après le fiasco de l'Individuel mercredi (40e), Dorin avait ainsi posté un message sans nuances sur Facebook, se qualifiant elle-même de "passoire trouée" et se disant "pas armée pour lutter contre (s)es pensées".
"Mon cerveau est trop petit, trop poreux, avait-elle ajouté. Je me laisse submerger de partout. Je me perds et ne sais même plus par quel bout reprendre le dessus. Ce soir c'est dur. Le clou est enfoncé profond et l'arrière-goût est amer".
- Esprit torturé -
Simple exercice d'auto-flagellation après un échec cuisant ou gros malaise? Il y a de quoi pencher pour la deuxième hypothèse au vu de sa réaction après le relais dames, vendredi. Malgré une prestation aboutie au tir (10/10) et sur les skis qui lui a permis de déposer la Tchèque Gabriela Koukalova, synonyme de 3e place pour les Bleues, Dorin est restée sur le même ton, refusant d'y voir un quelconque encouragement pour la mass start dont elle est pourtant tenante du titre.
"Je pense qu'il n'y aura pas de conséquences, a-t-elle affirmé. Je ne pense pas avoir le niveau cette année pour aller chercher de grandes choses. Même avec ce que l'on a vu aujourd'hui (vendredi, ndlr). Je ne me considère pas du tout comme une rivale pour les meilleures. Je pense que je suis loin derrière cette année."
Et quand on lui a rétorqué que son jugement semblait sévère, surtout après sa belle démonstration sur le relais, Dorin s'est quelque peu emportée, signe d'une championne à l'esprit torturé.
"Arrêtez de me faire porter quelque chose que je n'ai pas envie de porter, c'est vraiment fatigant, a-t-elle tonné. Les relais, c'est un stress différent que je n'arrive pas à retrouver sur une course individuelle. Le fait de partager quelque chose avec l'équipe, de se battre pour les autres, ce sont des choses qui me font aller plus vite. Mais quand je suis seule face à ma cible, je me retrouve face à mes démons. Cette année, j'ai beaucoup de pensées que je n'arrive pas à dominer quand je suis toute seule."
- 'Elle se met des bâtons dans les roues' -
Sa saison est pourtant loin d'être ridicule. Avec deux succès en Coupe du monde avant les Mondiaux et une 4e position au classement général, Dorin fait encore partie des cadors du circuit. Mais elle a visiblement bien du mal à se défaire de son blues naturel et de ce manque de confiance en soi assez singulier pour une biathlète de sa trempe, au palmarès plus que solide (cinq titres mondiaux). Quitte à s'enfermer dans une spirale de l'échec comme lors de ces Championnats du monde.
"Elle croit vraiment à ce qu'elle dit, c'est ça qui est le plus triste, explique l'entraîneur de l'équipe de France dames Julien Robert. Elle a ce défaut-là. C'est dommage. Il faudra toujours composer avec ça au niveau de l'attitude. Elle se met des bâtons dans les roues toute seule. A nous de l'aider mais à elle aussi de trouver des solutions. Mais ce sera toujours comme ça."
Pour le technicien, il n'y a toutefois rien d?irrémédiable: "Elle est capable de gagner, elle l'a prouvé cette année. Demain, il y a une course qui lui tend les bras". Pour enfin chasser ses démons?