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Sandrine Gruda porte pour l'instant sur ses seules épaules l'équipe de France depuis le début de l'Euro-2015 dames de basket et les Bleues prient pour qu'elle ne s'essouffle pas trop rapidement.
Avec Gruda, la France a son Américaine. L'intérieure martiniquaise (27 ans, 138 sélections) est l'une des très rares joueuses au monde qui, si elle pouvait jouer pour les Etats-Unis, ne déparerait pas la sélection américaine.
Longiligne (1,93 m) et très athlétique, dotée d'un tir sûr et d'une bonne vision du jeu, combative en défense, celle qui est le socle de l'équipe de France depuis ses débuts en 2006, à 19 ans, n'a jamais paru aussi forte.
La meilleure joueuse européenne de l'année 2009 a aligné sur les six premiers matches de l'Euro des statistiques étourdissantes : 18,8 points, 9,3 rebonds et 2,7 passes décisives de moyenne.
Un peu éclipsée aux J0-2012 puis à l'Euro-2013 par Céline Dumerc, cette travailleuse acharnée, qui porte depuis 2007 le maillot d'Ekaterinbourg (Russie), est aujourd'hui indispensable aux vice-championnes d'Europe.
"Elle fait un très gros Euro, c'est sûr, reconnaît Valérie Garnier. Au combat et dans le rebond. Elle est là dans tous les secteurs du jeu. Elle est irréprochable sur ce qu'elle fait."
Le sélectionneur des Bleues en aimerait presque qu'elle soit moins vitale à son équipe. Cela lui permettrait d'économiser un peu son intérieure, qui est de très loin la joueuse la plus utilisée (31 minutes de moyenne).
"Le problème c'est qu'il reste encore quatre matches, qu'elle est beaucoup utilisée et qu'elle est fatiguée", souligne Garnier. Contre la Turquie vendredi, "elle a fait des petites erreurs qu'elle n'aurait pas faites si elle était plus fraîche".
"A un moment donné, elle manque de lucidité et c'est pour ça que j'aurais besoin du relais des autres pour pouvoir la faire souffler davantage et qu'elle soit encore plus performante sur le terrain", souligne l'entraîneur.
- 'Je suis moi-même' -
Dès que Gruda s'assied sur le banc, le jeu des Françaises part en capilotade, personne n'étant plus en mesure d'assumer le poids de l'attaque, surtout en l'absence d'Endy Miyem, blessée à un mollet lors des deux derniers matches.
Avoir autant d'importance pourrait être un fardeau pour d'autres que Gruda. Mais la Martiniquaise, à l'état d'esprit très américanisé, a une assurance et une confiance en soi inébranlables, qui l'empêchent de se poser trop de questions.
"Je le vis bien, parce que je ne le vois pas comme une responsabilité, dit-elle. Je ne me dis pas que j'ai une grosse responsabilité sur les épaules à devoir porter l'équipe vers le haut. Je suis moi-même, je développe mon basket et c'est tout."
Pas forcément trop portée sur la défense et le combat à ses débuts, elle a durci son jeu au fil des années. Un impératif pour une joueuse qui voit souvent lors de cet Euro trois, voire même quatre adversaires, l'assaillir.
"Les équipes s'adaptent, remarque-t-elle. Elles ont compris ce qu'étaient nos points forts. C'est vrai que le secteur intérieur est très fermé. Etant donné que c'est notre force, on ne va pas s'en éloigner, mais il va falloir à notre tour nous adapter."
"C'est vrai que si elles ferment à deux, trois ou même quatre, il va falloir trouver des solutions. Donc ça risque d'être un peu plus physique que dans le passé", prévoit-elle en souriant, confiante en ses capacités à faire face.
Pour aller loin dans cet Euro et atteindre son objectif, qui est de finir dans les cinq premiers pour participer au tournoi pré-olympique qualificatif pour les Jeux de Rio, la France aura besoin que Gruda ne baisse pas trop de rythme.
"C'est vrai que les minutes s'enchaînent, les matches aussi, donc il y aura très certainement une fatigue, admet-elle. Mais il faudra trouver les ressources, et puis nous sommes douze et il y a d'autres joueuses qui peuvent bien jouer."