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© AFP/John MACDOUGALL
Le Français du CSKA Moscou Nando de Colo (d) brandit le trophée après la victoire face à Fenerbahçe en finale de l'Euroligue de basket, le 15 mai 2016 à Berlin
La nouvelle saison européenne s'ouvre mercredi avec l'Euroligue, sa compétition phare, sur fond de guerre larvée entre ses dirigeants et la Fédération internationale, qui met à mal l'avenir du basket continental.
Depuis bientôt un an, la société ECA (Euroleague commercial asset) et la Fiba ferraillent. La première veut conserver la mainmise sur l'épreuve-reine, la seconde veut reprendre la main.
Faute de consensus, le conflit a coupé en deux la carte du basket continental, avec non plus trois mais désormais quatre compétitions.
D'un côté l'Euroligue et l'Eurocoupe, gérées par ECA, qui restent les épreuves de référence. De l'autre la Ligue des champions, nouvelle venue, et la Fiba cup, toutes deux gérées par la Fédération internationale via son émanation européenne.
En donnant naissance à la "Champions League", la Fiba-Europe ambitionnait de détrôner l'Euroligue et d'en faire la compétition de référence. N'y parvenant pas, elle a fait pression pour qu'elle devienne la nouvelle C2, en menaçant les fédérations dont les clubs rejoindraient l'Eurocoupe de les exclure des JO-2016 et du prochain Championnat d'Europe des nations en septembre. Des menaces finalement levées.
ECA, de son côté, a maintenu l'Eurocoupe et semble être le grand vainqueur de cette guerre. Car dans ces deux compétitions figurent toujours les meilleurs clubs continentaux.
Les clubs français ont choisi de suivre les vélléités de la Fiba et la position du président de la Fédération française Jean-Pierre Siutat, également membre du bureau de la Fiba. Fait rarissime: aucun d'eux ne participera donc ni à l'Euroligue, ni à l'Eurocoupe. Ils y perdent au change.
- Amertume des clubs français -
Car, bien qu'elle ait réussi à attirer quelques solides clubs italiens (Sassari, Varèse) turc (Bandirma), allemand (Francfort), grecs (AEK Athènes, Aris et PAOK Salonique) ou encore le Partizan Belgrade, la Ligue des champions ressemble plutôt à un tour préliminaire de Ligue des champions de football avec ses 40 clubs dont bon nombre sont peu expérimentés, comme les Danois du Bakken Bears d'Arhus, monténégrin du KK Mornar de Bar ou roumain d'Oradea.
Monaco, Le Mans, Strasbourg, finaliste de l'Eurocoupe 2016, et le champion de France en titre Villeurbanne devraient donc tirer leur épingle du jeu dans cette compétition qui débutera le 18 octobre, avec toutefois de l'amertume.
"Ce conflit est malheureux pour le basket européen qui ne cesse de s'améliorer. C'est très décevant que le champion de France ne joue pas l'Euroligue", estime Trenton Meacham, meneur de Villeurbanne. Tony Parker, président de l'Asvel, a fait par de sa frustration, espérant que cela ne dure "qu'un an".
"(Jouer la Ligue des champions) C'est pénalisant en termes d'image. Les clubs français n'étaient déjà pas très respectés en Euroligue et en Eurocoupe. C'est dommage surtout au vu de notre parcours la saison passée. On se retrouve dans une troisième coupe d'Europe. Ce n'est pas le mieux pour le basket français", estime pour sa part Jérémy Leloup, ailier de Strasbourg.
- Une Euroligue plus relevée -
Mais d'un autre côté, les clubs hexagonaux, qui n'arrivaient plus a rallier le Top 16 de l'Euroligue depuis 2007, auraient sans doute eu encore plus de mal à exister cette saison. Car la prestigieuse C1 s'annonce encore plus relevée avec non plus deux phases de poules mais une saison régulière de 30 journées, avant les quarts de finale.
Réduite de 24 à 16 équipes, l'Euroligue rassemble le nec plus ultra des huit meilleurs championnats européens, des clubs avec des budgets surdimensionnés par rapport aux clubs de ProA comme le Real Madrid, l'Olympiakos, le Fenerbahçe ou encore le tenant du titre, le CSKA Moscou de Nando de Colo, premier français à avoir été désigné MVP (meilleur joueur) de l'épreuve la saison passée.
"Tant que les clubs français n'auront pas un budget suffisamment conséquent pour jouer le haut de tableau en Euroligue, ce n'est pas intelligent d'y participer parce qu'on ne pourra pas rivaliser", souligne Leloup.