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© AFP/Jody Amiet
Le rameur Emmanuel Coindre dans son canot lors de la traversée de l'Atlantique entre le Sénégal et la Guyane française le 27 novembre 2006
Le rameur français Emmanuel Coindre, 39 ans, qui collectionne depuis 10 ans les traversées à la rame sur l'Atlantique (5) et le Pacifique (1), tente depuis le 30 novembre le Grand Chelem sur le 3e océan du monde, l'Indien, entre l'Australie et l'île de la Réunion.
S'il réussit, il deviendra le premier homme à avoir traversé à mains nues, en solitaire et sans assistance, les 3 grands océans de la planète.
Coindre, qui totalise dans sa carrière hauturière 493 jours en solo sur les océans pour 42.000 km parcourus "agrémentés" de 41 chavirages, a appareillé dans la discrétion le 30 novembre de Carnarvon dans le Nord-Ouest australien, à bord de son canot "Long-Cours", en direction de la Réunion située à 3.600 miles nautiques (7.000 km) à l'Ouest.
"Je vais tenter de couvrir la distance en deux mois, a-t-il expliqué à l'AFP par téléphone satellite. Mais je ne cherche pas à battre un record de vitesse, mais à traverser ce 3e océan auquel, à ce jour, aucun autre rameur français ne s'est attaqué en solo".
Le record de la traversée de l'Indien est détenu depuis 2005 par l'Ukrainien Pavel Rezvoy en 57 jours, entre l'Australie et les Seychelles.
Mais ce sont des Françaises qui ont déjà porté les couleurs tricolores sur l'océan Indien. La première fut la véliplanchiste Raphaëlla le Gouvello, qui avait réussi en 2006 la traversée en 60 jours sur la même route qu'Emmanuel Coindre.
Six ans plus tard, en 2012, ce sont encore deux rameuses de l'Hexagone, Laurence Grand-Clément et Laurence de Rancourt, une polytechnicienne et une ingénieure agronome qui, en binôme cette fois, ont rallié l'Australie à l'île Maurice en 84 jours.
Deux chavirages au départ
Coindre a failli ne passer que 24 heures sur les flots agités de l'Indien. Le lendemain de son départ, pris dans une mer croisée, son canot a été renversé comme un fétu de paille par une vague pyramidale soudaine qui l'a mis "cul par dessus tête". Ces vagues appelées aussi "scélérates" sont des murs d'eau qui se forment à la rencontre d'autres rouleaux déferlant de directions différentes.
"Impossible, de l'intérieur, de redresser le canot, raconte le rameur. J'ai dû m'extraire de l'habitacle par le hublot pour monter sur la carène et enfin parvenir à remettre "Long-Cours" sur son assise à l'aide de la dérive. Mais l'eau s'est engouffrée dans la cabine, détruisant mes GPS. Je navigue depuis à la boussole, mais suis toujours relié au reste du monde et à mon routeur avec mes deux téléphones Iridium rescapés du naufrage".
Re-belote la nuit suivante avec un 2e chavirage sans conséquences matérielles mais qui a mis les nerfs du rameur à rude épreuve.
Depuis, Emmanuel Coindre se bagarre 18 heures par jour sur son siège de nage et rames à la main pour atteindre son objectif contre un océan imprévisible qui ne lui fait aucun cadeau: courants et vents contraires de face et de travers, pétole houleuse et risques cycloniques.
"A moins de sombrer, assure le rameur de La Baule, rien ne m'arrêtera jusqu'au rivage de la Réunion".