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© AFP/Tasso Marcelo
Des policiers anti-émeutes interpellent un manifestant le 16 juin 2013 devant le Macarana à Rio
Tribunes en fête et joli football dans le stade. Gaz lacrymogènes contre des manifestants dehors: le mythique Maracana a connu un second baptême contrasté dimanche à Rio, lors du match Italie-Mexique de la Coupe des Confédérations.
Une heure avant le coup d'envoi. Le soleil est radieux. Des fans mexicains, chapeau à la Pancho Villa sur la tête, bières glacées à la main, chantent à la terrasse d'un bistrot face au temple du football brésilien.
Une foule de Brésiliens, encore ravis de la nette victoire de leur Seleçao la veille lors du match d'ouverture contre le Japon (3-0) à Brasilia, affluent le sourire aux lèvres, souvent en couple. Des mamans tiennent par la main leur petit garçon en tenue de footballeur et chaussures à crampons.
C'est un parfait dimanche à Rio de Janeiro pour assister à un match de football au Maracana, dominé de loin, sur sa montagne, par le Christ Rédempteur.
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Manifestation à proximité du stade Macarana le 16 juin 2013 à Rio
Mais parmi la foule qui sort par vagues du métro, tous ne sont pas venus vénérer les Dieux d'un stade encerclé de policiers caparaçonnés à la "Robocop", survolé en permanence par deux hélicoptères.
Les policiers du bataillon de choc font le tri: ceux qui sont munis d'un billet pour le match peuvent passer. Les autres non.
Jeunes pour la plupart, portant des drapeaux brésiliens, ils sont quelque 3.000. Ils entendent protester contre les sommes pharaoniques dépensées pour l'organisation de la Coupe du Monde.
"Santé et éducation"
"Je me fiche de la Coupe du monde, je veux santé et éducation", scandent-ils face aux policiers.
Construit pour la Coupe du monde de 1950, perdue en finale par le Brésil contre l'Uruguay, le géant ovale est au coeur des polémiques depuis de nombreux mois à Rio.
© AFP/Nelson Almeida
Vue générale du stade Maracana le 16 juin 2013 à Rio pendant le match opposant le Mexique à l'Italie dans la Coupe des Confédérations
Sa remise à neuf pendant deux ans et demi a coûté aux pouvoirs publics environ 600 millions de dollars, le double du devis initial. L'Etat l'a ensuite cédé en concession pour 30 ans, dans des conditions avantageuses, à un consortium mené par le multimilliardaire brésilien Eike Batista.
Le match va bientôt commencer, à l'intérieur, et à l'extérieur.
Tous les supporteurs ont désormais pris place dans les tribunes du stade flambant neuf. Les hymnes italien et mexicain peuvent retentir.
Le public fait la ola, se régale des arpèges du chef d'orchestre de la Squadra Azzura Andrea Pirlo et de la puissance de son attaquant noir Mario Balotelli. Un groupe de Mariachis alterne des airs classiques mexicains et brésiliens.
Dans la rue, il n'y a presque plus que les manifestants. Et des policiers, qui resserrent peu à peu leur étau, en prenant méthodiquement possession des rues adjacentes.
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Heurts entre manifestants et policiers anti-émeutes le 16 juin 2013 à proximité du stade Maracana, à Rio
Une fois le piège refermé, sans aucune provocation de la part des protestataires, selon une journaliste de l'AFP sur place, les hommes en uniformes passent à l'attaque.
Comme la veille aux abords du stade de Brasilia, et depuis plus d'une semaine dans plusieurs villes du pays où se multiplient des manifestations du même type, la police les disperse sans ménagement à coups de gaz lacrymogène et de balles en caoutchouc. Les manifestants s'éparpillent par petits groupes.
Affolée, une petite fille accompagnée de son père qui passait par là, se cache derrière un kiosque à journaux. Elle pleure, à cause des gaz et de la peur.
"La démocratie brésilienne est encore très jeune, on ne nous laisse pas protester", déplore Fabio Gomes, un producteur culturel de 33 ans, qui fuit en courant, les yeux irrités par les bombes lacrymogènes.
Une heure plus tard, le match est fini. L'Italie a remporté une victoire méritée. Le Maracana se vide comme l'éclair. La foule reflue paisiblement vers le métro. Plus aucune trace de l'affrontement.