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© AFP/Patrik STOLLARZ
Le bus de l'équipe de foot du Borussia Dortmund endommagé par des explosions, le 11 avril 2017 à Dortmund
"Je m'en souviendrai encore dans dix ans, même si c'est aussi malheureux". Arthur Glapa, 22 ans, a vécu comme d'autres supporters de Monaco une drôle de nuit après l'attaque qui a frappé le bus du Borussia Dortmund.
Son expérience mêle l'incompréhension face à la terreur et le plaisir de la "solidarité" vécue avec les supporters du Borussia, commente le jeune homme, maillot de Monaco fraîchement floqué au nom de Bartra, le joueur de Dortmund blessé dans l'une des trois explosions.
Avec son ami Julien Nedjar, d'un an son cadet, ils sont venus en voiture de Douai, dans le nord de la France, et ont dû passer la nuit dans celle-ci, faute d'avoir pu trouver une chambre après l'annulation du match.
"On a eu un peu froid, on relançait le chauffage toutes les deux heures, mais on a aussi bien rigolé, raconte le grand blond athlétique. Avec d'autres amis, ils ont partagé le petit déjeuner "saucisse, café, confiture" avec un couple installé à côté d'eux dans leur camping car, sur un parking près du stade, le genre de solidarité qui a plu aux jeunes gens.
- "On rentre, c'est trop dangereux"
Sa façon à lui d'être solidaire est ce maillot de Monaco au nom de Marc Bartra, touché dans l'attentat et opéré d'une fracture du radius. "J'ai eu cette idée pour lui rendre hommage, au début ils ne voulaient pas floquer un maillot de Monaco, mais la responsable de la boutique est intervenue", dit-il.
Le souvenir est moins plaisant pour la famille Schültz, venue de Moselle allemande pour voir le match.
"Hier c'était bizarre" commente le père, Jürgen, 51 ans, "on avait peur, nous avons quatre enfants, on rentre, c'est trop dangereux."
"C'est incompréhensible d'attaquer une équipe de foot", soupire son épouse, Heike, 41 ans.
Pour rentrer, il faudra récupérer leur voiture, encore garée sur le parking de l'hôtel où dormait l'équipe du Borussia, et inaccessible pour l'instant pour raisons de sécurité.
"On a peur que quelque chose se passe au stade", conclut leur cadet, Paul, 12 ans, content d'essayer quelques mots du français qu'il apprend à l'école.
Les supporters français aussi sont choqués. "On était là pour faire la fête, soupire Julien Nedjar, pour se réunir dans un stade mythique, il ne faut pas que ce soient eux (les auteurs de l'attaque, NDLR) qui gagnent".
- "On sera beaucoup moins"
Le match aura lieu mercredi à 18h45 locales (16h45 GMT), "mais on sera beaucoup moins" de supporters monégasques, regrette-t-il. Certains ont dû rentrer sur la Côte d'Azur, notamment ceux venus dans l'avion affrété par l'AS Monaco.
Pascal Pedro et son fils Antoine, carrossiers à Menton, près de Monaco, avaient de toutes façons prévu de passer la nuit à Dortmund. Ils ont prolongé leur chambre d'une nuit et ont pris de nouveaux billets d'avion Düsseldorf-Nice.
"Les autres billets sont perdus, un peu plus de 200 euros envolés, mais bon, on s'en sort bien", raconte Antoine, 24 ans, qui a "pu changer les billets dès mardi soir en buvant une bière sur la grande place avec le peu de batterie qu'il restait sur le portable", raconte-t-il en souriant.
Supporter de Monaco "depuis plus de 40 ans", Pascal se dit "fier de la réaction" des fans rouges et blancs, qui ont chanté à la gloire du Borussia Dortmund, "par solidarité".
Le mot "solidarité" revient aussi dans la bouche d'autres supporters français croisés dans les rues de Dortmund, une bière en main dès mercredi matin après en avoir partagé avec des Allemands la veille au soir.
"C'est dramatique, ce sont des joueurs professionnels qui sont visés, des personnalités", regrette Teddy Soyez (26 ans), venu de Lille, dans le Nord de la France, et installé en terrasse.
L'angoisse a resserré les liens, mercredi soir, "l'ambiance sera plus fraternelle que si le match avait eu lieu hier", promet Teddy.