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Polar sur les bords des canaux: la Russe Yuliya Stepanova, à l'origine des révélations sur le système organisé de dopage dans son pays, sera la première star, bien malgré elle, des Championnats d'Europe d'athlétisme qui débutent mercredi et se tiennent jusqu'à dimanche à Amsterdam.
Son nom est Stepanova, Yuliya Stepanova. Et nombreux sont les regards qui scruteront ses faits et gestes, mercredi, à l'heure de ses premières foulées sur 800 m (18h25).
Cette spécialiste du double tour de piste, suspendue deux ans pour dopage en 2013, a dévoilé en décembre 2014 dans un documentaire de l'ARD les rouages d'une tricherie à grande échelle, orchestrée par les autorités sportives russes et couvertes par de la corruption.
- Fin provisoire de l'exil -
Alors que la Fédération russe d'athlétisme (Araf) a été suspendue par la Fédération internationale (IAAF), Stepanova, 30 ans, est devenue vendredi dernier la première athlète russe éligible par l'IAAF pour participer aux JO de Rio (5-21 août). Au nom de son statut de lanceuse d'alerte.
Amsterdam peut donc être le théâtre de son retour sur les pistes. Mais sa présence ne réjouit pas forcément tout le monde.
"Je suis contre le fait que des athlètes qui se sont dopées une fois puissent revenir. Qu'ils aient dénoncé ou pas le système, c'est une injustice", a ainsi estimé lundi la Française Rénelle Lamotte, 22 ans, une des favorites du 800 m.
Stepanova prendra-t-elle la parole pour exprimer sa position ?
Dans un premier temps, l'Association européenne d'athlétisme (AEA) avait convié la presse à une conférence avec elle lundi à Amsterdam.
Pour des "problèmes logistiques", l'AEA l'a ensuite annulé. En fait pour éviter de mettre trop de pression sur la jeune femme.
Selon l'AEA, Stepanova pourra s'exprimer mercredi et jeudi, à l'issue des séries et demi-finales du 800 m. La finale est programmée samedi.
La pression est certaine, alors que l'athlète, qui vit réfugiée aux Etats-Unis depuis fin 2014, peut craindre pour sa sécurité.
Lanceuse d'alerte pour l'Occident, traître à la patrie pour les Russes. Stepanova et son mari Vitali, ancien contrôleur de l'agence antidopage russe (Rusada), sont en fuite depuis plus d'un an avec leur petit garçon.
Et dans cette histoire, les exils sont parfois indispensables: Gregori Rodtchenkov, ancien directeur du laboratoire de Moscou, a fait le même choix, réfugié aux Etats-Unis après que deux anciens responsables de la Rusada ont trouvé la mort en février, touchés par des crises cardiaques sans que leurs antécédents médicaux ne fassent état d'une quelconque faiblesse annonciatrice...
- Première pour Vicaut, 4e or pour Lavillenie ? -
Stepanova star malgré elle donc.
Mais sur la piste du stade olympique d'Amsterdam, là même où en 1924 les jeux Olympiques ont accueilli pour la première fois un 800 m dames, d'autres stars viennent bien volontiers se montrer sous les feux des projecteurs.
Ce sera bien sûr le cas de Renaud Lavillenie et Jimmy Vicaut, têtes de file d'une équipe de France qui tentera de s'approcher du record de médailles des Bleus dans un Euro (23 en 2014 à Zürich).
Le contexte est différent, à un mois de l'ouverture des JO de Rio (5-21 août) et à cinq semaines du début des épreuves d'athlétisme (12-21 août).
Mais l'envie de vaincre ne devrait pas manquer.
Vicaut, qui vient de se faire déposséder par l'Américain Gatlin de la meilleure performance mondiale de la saison sur 100 m (9.80 contre 9.86), fait surtout le voyage pour ouvrir son palmarès en plein air, lui qui fut en 2013 le premier Français champion d'Europe en salle du 60 m.
Lavillenie, veut continuer à écrire l'histoire: il peut devenir le premier perchiste à décrocher un 4e titre continental consécutif.
Dafne Schippers, elle, ne sera pas que la star locale. La Néerlandaise, comme Vicaut chez les messieurs, est la réponse européenne aux stars américaines et jamaïcaines du sprint. Amsterdam doit lui permettre de prendre date dans l'optique des Jeux.
Tous les participants arboreront sur leurs dossards des slogans "je cours propre, je lance propre, je saute propre", en fonction de leur discipline. En espérant que cela ne soit pas que de la communication.