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Fiasco sportif, succès médiatique: la lanceuse d'alerte russe Yuliya Stepanova, à l'origine des révélations sur le dopage organisé en Russie, a raté son retour sur les pistes, éliminée d'entrée à l'Euro-2016 d'Amsterdam, mais attiré les lumières médiatiques à quatre semaines des JO de Rio.
Il y a d'abord eu ces applaudissements peu nourris, presque mutiques, lors de sa présentation au départ de la deuxième série du 800 m: dossard "je cours propre" écrit comme un sous-titre, la Russe arborait alors un sourire timide, vêtue du maillot de la Fédération européenne.
Mais les premières foulées ont rapidement mis fin à tout espoir. La Russe était hors de forme, blessée en outre à la voûte plantaire (déchirure d'un ligament) du pied droit.
Quelques encablures de retard dès les 300 m, près de 20 m à mi-course, n'en jetez plus: Stepanova s'est mise au pas au bout de 600 m, marchant même dans la mauvaise ligne au point finalement d'être disqualifiée.
"J'ai été bien accueillie par les athlètes, toutes les filles qui courraient dans ma série sont venues me féliciter pour ce que j'avais fait, me dire que je devais être courageuse", a-t-elle juré, près de deux heures après son effort, assise sur une chaise en plastique au milieu d'une meute de journalistes.
L'essentiel était là pour elle. Sa présence à Amsterdam est en soi une victoire médiatique pour la damnée de Russie, repêchée pour son statut de lanceuse d'alerte, malgré deux années de suspension pour dopage (2011-2013) en raison d'anomalies dans son passeport biologique.
- Les Français en forme -
Stepanova, qui est pour le moment la seule Russe au monde autorisée à participer à des compétitions internationales d'athlétisme après son repêchage par la Fédération internationale (IAAF), espère surfer sur cette vague et aller jusqu'à Rio, pour les jeux Olympiques (5-21 août).
"Premièrement, je ne sais pas si je serai aux JO parce que personne ne m'a donné le droit ou la permission d'y être, répond-elle. Deuxièmement, il faut voir comment évolue ma blessure."
La Russe n'a en tout cas pas caché les difficultés qui sont les siennes, à vivre dans cette situation: lanceuse d'alerte pour les uns, traîtresse pour les autres.
"La pression était très forte (quand elle est partie de Russie pour se réfugier d'abord en Allemagne puis désormais aux Etats-Unis). Il y avait beaucoup de personnes qui ne me croyaient pas. Les choses s'améliorent maintenant. Mais le fait est que les médias russes ne croient pas que nous racontons la vérité (avec son mari Vitali, ancien contrôleur antidopage). Ils pensent que nous voulons nous venger, c'est la version que les Russes ont eu de mon histoire", déclare-t-elle, refusant de dire si elle craint pour sa vie.
Sa présence a en tout cas phagocyté la première journée des Championnats d'Europe 2016, où un seul titre était en jeu au milieu de multiples qualifications et séries.
Le 10.000 m dames a aisément été remporté par la Turque d'origine kényane Yasemin Can, 19 ans en 31 min 12 sec 86, record personnel.
La Française Christelle Daunay, 41 ans et championne d'Europe en titre du marathon, a terminé à la 13e place, en 33 min 03 sec 36.
Rénelle Lamote a rejoint les demi-finales du 800 m en 2 min 01 sec 60/100e.
Les qualifications de la perche masculine ont vu les trois Français en lice rejoindre la finale (Renaud Lavillenie, Kévin Menaldo, Stanley Joseph).
Les séries du 3000 m steeple n'ont été qu'une formalité pour Mahiédine Mekhissi et Yoann Kowal, tenant du titre.
Seule fausse note pour le camp tricolore, l'élimination précoce d'Alexandra Tavernier au lancer de marteau, elle qui avait décroché la médaille de bronze aux Mondiaux de Pékin en août 2015.
Jeudi, la 2e journée de l'Euro sera dominée par la finale du 100 m messieurs, en clôture à 19h50 locales (demi-finales à 18h00).
Ce sera le véritable retour du sport sur le tartan néerlandais.