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© AFP/ADRIAN DENNIS
Manuela Montebrun, le 20 août 2008 lors de la finale du lancer de marteau aux jeux Olympiques de Pékin
Figure emblématique du renouveau des lancers en France et championne discrète du marteau, la Mayennaise Manuela Montebrun a été rattrapée par la notoriété avec la probable récupération de la médaille de bronze des Jeux de Pékin-2008 après la disqualification jeudi pour dopage d'une deuxième adversaire.
Cinquième sur le terrain, Montebrun avait déjà gagné une place après la disqualification en novembre 2016 pour dopage (stéroïde) de la Bélarusse Aksana Miankova, qui avait trôné sur le podium en Chine.
Cette fois, c'est une autre Bélarusse, Daria Pchelnik, quatrième à Pékin puis brièvement troisième après la déchéance de Miankova, qui a été disqualifiée jeudi par le Comité international olympique (CIO). Des nouvelles analyses d'échantillons prélevés à l'époque, il ressort que Pchelnik avait eu recours également à un stéroïde, le sturinabol.
Montebrun, qui a clos sa carrière en 2012, avait déjà récupéré la médaille de bronze des Mondiaux 2005 à Helsinki après la destitution de la championne du monde russe Olga Kuzenkova, contrôlée positive en 2013.
"J'essaie de voir le côté positif. Les filles ont triché et, même huit ans après, elles se font sanctionner", a déclaré la Française, désormais professeure d'EPS, sur l'antenne de France Inter.
"Forcément on se dit: +il aurait été mieux de l'avoir sur le terrain+. J'espère qu'on leur réclame des dûs, qu'elles doivent rendre des comptes", a-t-elle ajouté.
Avec aussi le bronze des Mondiaux de Paris en 2003, qu'elle avait abordés en favorite, et déjà un an auparavant le bronze -décidément sa couleur de prédilection- aux +Europe+ 2002 à Munich, la Lavalloise, qui avait débuté par le football en défense centrale, possède désormais un palmarès éloquent.
La jeune femme - yeux clairs et chevaux courts - avait mis un terme à Munich à 54 années sans podium pour les lanceuses françaises. Depuis le doublé en or (poids-disque) de Michèle Ostermeyer, l'athlète-pianiste, aux JO de 1948 à Londres.
- 'Goûts amers' -
"Ca a été notre première grande championne dans les lancers. Elle aura finalement récupéré deux médailles internationales, avec chaque fois dix ans de retard. Nous organiserons pour elle une cérémonie aux Championnats de France (d'été)", a indiqué Bernard Amsalem, président de la Fédération française d'athlétisme (FFA) de 2000 à 2016.
Manuela Montebrun s'était fait connaître quelques années seulement après que la réputation du marteau masculin eut été entaché, au plus haut niveau hexagonal, par des faits de violences sexuelles à l'encontre d'une lanceuse.
L'ex-sprinteuse Muriel Hurtis, qui a côtoyé Montebrun à l'INSEP et en équipe de France pendant une décennie, se souvient d'une athlète "très discrète" et attachante.
"On avait le même âge. Je connaissais son potentiel depuis les rangs juniors et j'étais contente pour elle. Ces médailles qu'on récupère ont des goûts amers", a aussi souligné Hurtis, qui a connu ce genre de restitution tardive.
Montebrun partage aussi la même année de naissance (1979) avec la Lyonnaise Mélina Robert-Michon, médaillée d'argent du lancer de disque aux Jeux de Rio. Et cette dernière n'a pas oublié que la lanceuse de marteau lui avait bien ouvert la porte.