Happy Birthday : |
© AFP/Yuri Kadobnov
La Russe Kseniya Ryzhova (à gauche) embrasse sa compatriote Tatyana Firova (à droite) sur le podium après leur victoire dans le relais 4x400 m dames des Mondiaux d'athlétisme à Moscou le 17 août 2013
Deux athlètes russes médaillées d'or aux Mondiaux d'athlétisme de Moscou se sont insurgées mardi contre l'interprétation de leur baiser sur le podium par certains médias, qui y ont vu un signe de protestation contre une loi russe sur l'homosexualité.
Kseniya Ryzhova et Yulia Gushchina ont fêté leur victoire samedi dans le relais 4x400 m dames des championnats du monde en échangeant sur le podium du stade Luzhniki un baiser sur la bouche très remarqué en pleine controverse sur une loi russe interdisant la "propagande" homosexuelle devant les mineurs, désormais passible d'amende et de prison.
Des militants et des médias ont interprété ce baiser, dont l'image a fait le tour du monde, comme un geste de soutien à la communauté homosexuelle face à la loi promulguée en juin par le président russe Vladimir Poutine et très critiquée par des défenseurs des droits de l'homme.
Kseniya Ryzhova a insisté mardi sur le fait qu'elle était mariée et que ce baiser était une simple manifestation de joie.
"Hier, j'ai reçu 20 appels téléphoniques de différents organes de presse qui, plutôt que de me féliciter, ont préféré m'insulter avec ces questions", a déclaré Ryzhova, citée par l'agence Itar-Tass.
"Yulia et moi sommes toutes les deux mariées et nous n'avons aucune autre relation. Nous nous entraînons ensemble depuis huit ans et nous sommes devenues de très bonnes amies", a-t-elle expliqué.
"Vous ne pouvez pas imaginer ce que signifie pour nous la victoire au bout de huit ans! C'était un déluge d'émotions. Et si à ce moment précis nos lèvres se sont touchées... Je ne sais pas comment certains en sont arrivés à imaginer ça", a encore dit Ryzhova, en colère contre ces interprétations.
"Cela n'insulte pas seulement nous, mais aussi nos entraîneurs", a-t-elle poursuivi.
"Délire" occidental
Gushchina, elle, n'en "croyait pas ses yeux" quand Ryzhova lui a envoyé un lien contenant cette photo et les insinuations de médias.
"C'était difficile de gagner, nous étions très heureuses de notre succès. Je ne comprends pas comment il a été possible de rayer tout cela d'un trait de plume" pour ne retenir que le baiser, a-t-elle dit.
"Tout le monde se félicite sur le podium, je ne sais pas pourquoi l'attention s'est focalisée sur nous, alors qu'à côté de nous les Américaines se sont aussi embrassées", a-t-elle ajouté.
© AFP/Yuri Kadobnov
Tatyana Firova (à droite) et Kseniya Ryzhova (à gauche) s'embrassent sur le podium après la victoire des Russes dans le relais 4x400 m dames aux Mondiaux d'athlétisme de Moscou le 17 août 2013
La controverse sur la loi homophobe a été alimentée par les propos de la tsarine de la perche russe, Yelena Isinbayeva: en Russie "nous nous considérons comme des gens normaux où des garçons sont avec des filles, et des filles avec des garçons", avait-elle notamment déclaré pendant les Mondiaux (10-18 août).
Après les vives critiques suscitées par ces déclarations, Isinbayeva avait indiqué avoir été "mal comprise".
Le président de la Fédération russe d'athlétisme, Valentin Balakhnichev, l'un des rares responsables russes à avoir critiqué Isinbayeva pour ses propos "anti-gay", a appelé mardi à mettre fin à ce "remue-ménage".
"Je suis très contrarié par ce remue-ménage autour de la Russie et de notre législation. Je demande à tout le monde d'arrêter cela, de cesser cette pression", a-t-il dit.
Furieux, l'entraîneur de l'équipe de Russie d'athlétisme, Valentin Maslakov, a estimé dans une interview au quotidien Sovietsky Sport mardi que la controverse autour des propos d'Isinbayeva était un "délire" occidental.
"C'est tout simplement une nouvelle tentative de déverser de la boue sur la Russie avant les jeux Olympiques de Sotchi (dans le sud de la Russie, en février 2014, ndlr). Les Européens et les Américains aiment ça. C'est comme s'ils nous voyaient encore nous promener dans les rues en peau de renne avec des ours en laisse", a-t-il lancé.