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© AFP/Catherine Legault
le président de l'AMA Craig Reedie (D) et le directeur général Olivier Niggli (G) lors d'une conférence de presse à Montréal le 18 mai 2017
L'agence russe antidopage (Rusada) est en bonne voie de pouvoir reprendre, de façon indépendante, ses activités de contrôles antidopage, en attendant une éventuelle restauration de sa conformité à l'automne prochain, a indiqué jeudi l'Agence mondiale antidopage (AMA) à Montréal.
L'AMA a eu un exposé des progrès réalisés par la Rusada, suspendue depuis 2015 à la suite d'un rapport mettant en évidence ses manquements destinés à protéger des athlètes russes dopés, pour mettre en place un programme de contrôles antidopage en conformité avec les règles internationales.
"Il y a eu un énorme travail de fait" et l'AMA "va décider, à partir des conditions posées, si la Rusada est en mesure de reprendre son programme de tests", a expliqué le président de l'AMA Craig Reedie à l'issue du Conseil de fondation.
La Rusada pourrait amorcer la reprise de ses contrôles "si tout va bien début juin", a ajouté M. Reedie, sous réserve de recevoir la feuille de route établie par la Russie pour être en conformité avec le code mondial antidopage.
Sans entrer dans le détail des conditions remplies par la Rusada, l'AMA a rappelé la nécessité d'avoir un organisme totalement indépendant de l'Etat russe et des responsables au-dessus de tout soupçon.
Une de ces conditions est le départ, attendu d'ici la fin du mois de mai, de l'icône de l'athlétisme russe Yelena Isinbayeva, nommée par le Comité olympique russe à la présidence du comité de surveillance de la Rusada en décembre dernier, à la surprise générale.
- Nouvelle agence indépendante -
L'AMA a également donné sa bénédiction à la création d'une Autorité des tests antidopage (ITA) avec la mission de restaurer la confiance des athlètes et de renforcer la crédibilité de la lutte contre le dopage.
Réclamée par le Comité international olympique (CIO), cette agence de contrôles antidopage, indépendante des fédérations internationales, va être créée sous la supervision de l'AMA avec l'objectif d'être opérationnelle dans neuf mois pour les JO-2018 de PyeongChang (Corée du Sud).
Les fédérations sportives pourront rejoindre l'ITA sur une base volontaire, comme les organisations nationales antidopage (ONAD), car "il est impossible juridiquement de les obliger à adhérer", a expliqué Valérie Fourneyron, l'ancienne ministre française des Sports qui a présidé le groupe de travail sur la création de l'ITA.
La nouvelle agence, "une pièce du puzzle" de la lutte contre le dopage, "ne peut être la seule solution à tous les problèmes", a prévenu Mme Fourneyron.
Avec le statut de fondation de droit suisse, cette autorité indépendante aura un conseil d'administration de cinq membres, dont le président devra être "une personnalité indépendante". Le CIO, les fédérations sportives et les athlètes auront chacun un administrateur, et un expert des questions de dopage viendra compléter ce conseil.
- 'Pièce du puzzle' -
"C'est pour les sportifs propres la première lueur d'espoir après des mois à réclamer des réformes", s'est félicité Travis Tygart, le directeur général de l'Agence américaine antidopage (Usada).
Par ailleurs, comme elle le fait pour les sportifs convaincus de dopage, l'AMA pourrait à l'avenir prononcer des suspensions pour les responsables de fédérations ou d'organismes qui contreviennent au code antidopage, ou infliger des sanctions financières à ces organisations.
Si environ la moitié des 34 laboratoires agréés par l'AMA sont basés en Europe, il n'apparaît pas nécessaire d'en ajouter dans l'immédiat. Sur le long terme, a estimé Olivier Rabin, directeur scientifique de l'AMA, les laboratoires candidats à l'agrément devront justifier d'une totale indépendance et de leur viabilité économique.
Le déséquilibre géographique de ces laboratoires inquiète la commission des athlètes du CIO. "Sans aucun laboratoire sur le continent africain, comment garantir des contrôles de façon équitable" entre les sportifs, s'est interrogé Tony Estanguet, membre du comité des athlètes de l'AMA.
La prochaine ré-accréditation du laboratoire sud-africain de Bloemfontein et une probable réinstallation d'un laboratoire au Kenya, selon l'AMA, faciliteront les contrôles des sportifs africains.
Enfin, le conseil de fondation de l'AMA a décidé de confier à Katowice (sud de la Pologne) l'organisation en 2019 de la cinquième édition de la conférence mondiale sur le dopage dans le sport, qui marquera les 20 ans de sa création.